Le président américain Donald Trump a doublé la mise mercredi sur les importations d'acier et d'aluminium, en portant les droits de douane sectoriels à 50%, alors que les négociations avec plusieurs partenaires commerciaux des Etats-Unis doivent se tenir dans la journée à Paris.
Dans un décret publié mardi et entré en vigueur à 00H01 heure locale (04H01 GMT), le locataire de la Maison Blanche a justifié cette hausse par la volonté de "s'assurer que (les importations) ne mettront pas en péril la sécurité nationale".
"Même si les droits de douane imposés jusqu'ici ont apporté un soutien essentiel aux prix sur le marché américain, ils n'ont pas permis à ces industries de développer et de maintenir un taux d'utilisation des capacités de production qui soit suffisant pour leur pérennité et au regard des besoins de la défense nationale", a justifié le texte du décret.
L'acier et l'aluminium ont été le premier secteur concerné par les droits de douane voulus par Donald Trump, avec l'entrée en vigueur d'une surtaxe de 25% le 12 mars, dans la volonté affichée d'inciter aux investissements dans le pays.
Et ces droits de douane sectoriels, appliqués également à l'automobile avant de s'étendre prochainement aux produits pharmaceutiques et aux semiconducteurs, sont les seuls à ne pas avoir été bloqués par une récente décision de justice, qui a visé les droits de douane appliqués sans distinction.
Une nouvelle poussée de fièvre tarifaire qui intervient alors que le représentant de la Maison Blanche au Commerce (USTR), Jamieson Greer, doit rencontrer le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, en marge d'une réunion de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui doit s'achever mercredi.
Des discussions crispées, alors que Donald Trump a menacé l'UE de 50% de surtaxe, accusant le bloc de ne pas négocier de bonne foi.
Et qui interviennent dans un contexte de fortes tensions, alors que la fin de la pause de 90 jours, annoncée dans la foulée des droits de douane dits "réciproques" est prévue pour le 9 juillet.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a confirmé mardi que "l'USTR a envoyé (une) lettre à tous nos partenaires commerciaux pour leur rappeler amicalement que la date limite approche".
- "Garder son sang-froid" -
Mais l'Europe s'est d'ores et déjà dite prête à répliquer en cas de hausse des droits de douane la ciblant spécifiquement. En marge de la réunion à l'OCDE, M. Greer a de son côté annoncé qu'il allait rencontrer ses homologues vietnamien et malaisien.
Une réunion des représentants au Commerce du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) a aussi lieu mercredi à 7H00 (heure locale) à la représentation canadienne de l'OCDE, à moins de deux semaines d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du 15 au 17 juin dans les Rocheuses canadiennes.
"Nous devons parvenir à des solutions négociées et ce, le plus rapidement possible, car le temps presse", a affirmé mardi la ministre allemande de l'économie, Katherina Reiche, en marge de cette conférence.
"Il faut garder son sang-froid et démontrer toujours que la mise en place de ces droits de douane n'est dans l'intérêt de personne, à commencer par l'économie américaine", a dit le ministre français délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, également en marge de la réunion à l'OCDE.
L'institution prévoit désormais un fort ralentissement de la croissance américaine cette année en raison des assauts douaniers de Trump, attendue à 1,6% contre 2,4% avant l'arrivée du milliardaire à la Maison Blanche.
Et l'incertitude pourrait continuer à peser sur l'économie mondiale, alors que le président américain a accusé la semaine dernière Pékin de ne pas respecter les termes de l'accord de désescalade signé mi-mai à Genève (Suisse) et menaçant de relancer la guerre commerciale.
En cause, selon Washington, l'approbation au ralenti des exportations de métaux rares vers les Etats-Unis. Mais les négociations "progressent bien" a assuré lundi le secrétaire adjoint au Trésor, Michael Faulkender.
La Maison Blanche a assuré mardi que Donald Trump espérait échanger avec son homologue chinois Xi Jinping, "probablement cette semaine".
Avant le passage de la surtaxe à 50%, le Canada, premier fournisseur des Etats-Unis en acier et aluminium, a estimé que ces droits de douane étaient "illégaux et injustifiés".
Le ministre de l'Economie mexicain, Marcelo Ebrard, a pour sa part indiqué que son pays demanderait vendredi à en être exempté, dénonçant des mesures "absurdes". Le Mexique envoie 80% de ses exportations aux Etats-Unis.
AFP