Trois personnes ont été suspendues

Un passage Ă  tabac par des policiers amplifie la controverse sur l'article 24

  • PubliĂ© le 26 novembre 2020 Ă  20:44
  • ActualisĂ© le 26 novembre 2020 Ă  20:53
Trois policiers ont été suspendus aprÚs le passage à tabac d'un producteur de musique, documenté par une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux

Gauche, écologistes et majorité ont condamné jeudi le passage à tabac par des policiers d'un producteur de musique à Paris, amplifiant la controverse autour de l'article 24 de la loi "Sécurité globale" sur la diffusion d'images des forces de l'ordre.

A la demande du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, trois policiers ont été suspendus de leurs fonctions aprÚs ces violences, documentées par une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, qui intervient aprÚs l'évacuation musclée d'un camp de migrants.

Les images publiées par le site Loopsider montrent un homme appelé "Michel" qui subit une volée de coups assénés par des policiers samedi dans l'entrée d'un studio de musique du XVIIe arrondissement de Paris.

Jean-Luc Mélenchon y a vu la "preuve terrible du caractÚre vital du droit à filmer l'action policiÚre", qualifiant les policiers de "milice barbare" et réclamant la démission du préfet de police de Paris.

Le chef de file des Insoumis faisait référence à l'article 24 de la proposition de loi "Sécurité globale", qui pénalise la diffusion malveillante de l'image des forces de l'ordre.

Le texte, qui a Ă©tĂ© adoptĂ© par l'AssemblĂ©e mardi et doit ĂȘtre encore examinĂ© par le SĂ©nat, a cristallisĂ© ces derniers jours passions et antagonismes.
PlĂ©biscitĂ© par les syndicats policiers, soutenu par la droite et l'extrĂȘme droite, l'article 24 suscite une levĂ©e de boucliers Ă  gauche et chez les dĂ©fenseurs des libertĂ©s publiques qui y voient "une atteinte disproportionnĂ©e" Ă  la libertĂ© d'informer et le signe d'une dĂ©rive autoritaire de la Macronie.

Le Premier ministre Jean Castex entend pour sa part saisir lui-mĂȘme le Conseil constitutionnel sur cet article.

- Etat de droit -

Alors que la victime, noire, dit avoir Ă©tĂ© traitĂ©e de "sale nĂšgre", le premier secrĂ©taire du PS Olivier Faure, a jugĂ© qu'il Ă©tait "temps d'accepter de traiter le sujet du racisme dans la police, de retirer l'article 24 de la loi SĂ©curitĂ© globale, de rendre l'IGPN absolument indĂ©pendante". "L'État de droit n?est pas nĂ©gociable", a tweetĂ© la maire PS de Paris Anne Hidalgo, "profondĂ©ment choquĂ©e par cet acte intolĂ©rable".

Le patron d'EELV Julien Bayou a lui aussi soulignĂ© que "sans les vidĂ©os, rien ne serait sorti", tandis que l'eurodĂ©putĂ© du mĂȘme parti David Cormand a qualifiĂ© les policiers mis en cause de "dĂ©linquants racistes". "Pas d'image sur les rĂ©seaux, pas d?Ă©moi public, pas d?embarras du pouvoir, pas de rĂ©action du ministre, pas de sanction des policiers violents et racistes. Pas de justice. Pas de dĂ©mocratie", a rĂ©sumĂ© l'eurodĂ©putĂ© de Place Publique, RaphaĂ«l Glucksmann.

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a appelé à se joindre aux manifestations de samedi pour le retrait de l'article 24.

- Fondamentaux -

CÎté majorité, le chef de file des députés LREM Christophe Castaner, accusé d'avoir réprimé violemment des manifestations de "gilets jaunes" quand il était place Beauvau, a estimé qu'à "travers l'agression insoutenable de Michel (...) c'est notre humanité qui est atteinte", et demandé une "tolérance zéro contre le racisme et contre cette violence".

Le prĂ©sident LREM de l'AssemblĂ©e, Richard Ferrand a mis en garde contre un "usage" de la force qui "sape le lien de confiance indispensable entre les citoyens et ceux qui nous protĂšgent et doit ĂȘtre sanctionnĂ© sans faiblesse".

"Il est temps que le prĂ©fet de police fasse en sorte que ceux qui font respecter la loi la respectent eux-mĂȘmes", a tancĂ© un proche d'Emmanuel Macron, l'eurodĂ©putĂ© StĂ©phane SĂ©journĂ©. Le dĂ©putĂ© ex-LREM Sacha HouliĂ© a jugĂ© ces actes "inqualifiables" et demandĂ© que leurs auteurs soient "radiĂ©s".

A droite, les réactions étaient plus rares. Sollicité par l'AFP, le numéro 3 de LR Aurélien Pradié, qui refuse "l'injonction à choisir son camp", juge les images "indignes, insupportables quand on est attaché aux fondamentaux républicains".

"Ceux qui devraient ĂȘtre les plus indignĂ©s sont les policiers et les gendarmes qui font bien leur boulot tous les jours", a ajoutĂ© M. PradiĂ©, un des quatre dĂ©putĂ©s LR Ă  s'ĂȘtre abstenu sur le texte, votĂ© par le reste du groupe. "Cette vidĂ©o est inexcusable, M. Darmanin", a tweetĂ© Julien Aubert, reprĂ©sentant l'aile souverainiste du parti.

 AFP

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2 Commentaires
fleur
fleur
5 ans

le RN ...disparu des radars ...lui qui est toujours prĂȘt Ă  dĂ©gainerquand il s'agit de taper sur les noirs

Missouk
Missouk
5 ans

Intervention d'une rare violence totalement gratuite et disproportionnée... La police est sensée nous protéger. Quand certains policiers se permettent cela, ils méritent deux choses : un peine de prison ferme (parce qu'ils se conduisent comme les malfrats qu'ils combattent) et un licenciement pur et simple. De tels comportements sont inacceptables de la part de fonctionnaires de l'Etat, astreints à un devoir d'exemplarité et payés avec nos impÃ'ts !