ProcĂšs Tron

Une accusatrice raconte sa "sidération"

  • PubliĂ© le 14 dĂ©cembre 2017 Ă  21:06
  • ActualisĂ© le 14 dĂ©cembre 2017 Ă  22:03
Virginie Ettel, lors de son arrivée au tribunal de Bobigny, à Bobigny le 14 décembre 2017

"J'étais incapable de réagir": une accusatrice de Georges Tron, jugé pour viols en réunion, a décrit jeudi devant les assises de Seine-Saint-Denis sa "sidération" quand elle s'est retrouvée, selon elle, entre les mains du maire et de son ancienne adjointe.


L'ex-secrĂ©taire d?État Ă  la Fonction publique et maire en exercice de Draveil (Essonne) est accusĂ© par deux anciennes employĂ©es municipales de viols et agressions sexuelles avec la participation de son ex-adjointe Ă  la Culture, Brigitte Gruel. Tous deux clament leur innocence. JugĂ© dans le sillage de l'affaire Weinstein, le scandale avait Ă©clatĂ© en mai 2011, dix jours aprĂšs la retentissante arrestation Ă  New York de Dominique Strauss-Kahn, alors patron du Fonds monĂ©taire international.

VĂȘtue de noir, jusqu'Ă  l'Ă©lastique qui retient ses longs cheveux blonds, Virginie Ettel, 40 ans, a expliquĂ© avoir dĂ©cidĂ© de porter plainte avec Eva Loubrieu peu avant l'affaire DSK. La personnalitĂ© qu'elles accusent se trouvant alors au gouvernement, elles font le choix d'un avocat "avec une grande gueule" - Gilbert Collard, futur dĂ©putĂ© apparentĂ© FN du Gard - pour les reprĂ©senter.

Quand elle entend Georges Tron tenir des propos compatissants à l'égard de la femme de chambre qui accusait DSK de viol, Virginie Ettel demande à l'avocat d'accélérer le dépÎt de plainte. "Je me suis mise dans une colÚre pas possible", se souvient-elle. Les plaignantes, qui ont depuis changé d'avocats, affirment que la pratique de la réflexologie plantaire, "passion" du maire de Draveil, était le prélude à des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010.

Virginie Ettel est revenue sur la premiĂšre agression dont elle dit avoir Ă©tĂ© victime en novembre 2009 Ă  l'issue d'un dĂ©jeuner avec le maire, l'adjointe et des pĂȘcheurs. Elle affirme que Georges Tron et Brigitte Gruel lui avaient dĂ©jĂ  caressĂ© les pieds sous la nappe pendant le repas. "J'essayais de faire abstraction pour ĂȘtre la plus naturelle possible devant les convives", dit celle qui Ă©tait alors secrĂ©taire Ă  la mairie.

Une fois ces derniers partis, raconte-t-elle, "Mme Gruel a défait mon chemisier, baissé mon soutien-gorge" avant que Georges Tron ne remonte sa jupe. L'élu LR lui aurait alors caressé le sexe avant de la pénétrer avec un doigt.

- Tentative de suicide -

Elle se tamponne réguliÚrement les yeux avec un mouchoir : "J'étais incapable de réagir, j'étais plus concentrée sur le battement de mon coeur."
La seconde scĂšne de triolisme lui a, selon elle, Ă©tĂ© imposĂ©e dĂ©but janvier 2010 au domicile de l'adjointe, oĂč il lui avait Ă©tĂ© demandĂ© d'apporter l'agenda du maire.

Là encore, elle ne manifeste pas son opposition : "Je me suis pas laissé faire, c'est mon corps qui m'a pas permis de réagir", insiste-t-elle, évoquant sa "sidération". Pourquoi ne pas quitter la mairie ? Son époux - à qui elle ne parle pas des agressions - "ne m'a pas donné l'autorisation pour démissionner", explique Virginie Ettel, divorcée depuis 2013.

L'enquĂȘte a montrĂ© qu'elle s'Ă©tait trompĂ©e sur plusieurs dates : celle du repas en question ainsi que celle d'une tentative de suicide qu'elle avait situĂ©e en dĂ©cembre alors qu'elle avait en fait eu lieu le soir du dĂ©jeuner. "C'est compliquĂ©, quand on est sous le choc, d'avoir une cohĂ©rence", a-t-elle justifiĂ©.

Elle avait par ailleurs menti en disant à des collÚgues souffrir d'un cancer de l'utérus. "Pour moi c'était la seule arme possible, je pensais que comme ça je ne serais plus agressée. (...) J'en suis désolée mais je ne le regrette pas, car à partir de ce moment-là je n'ai plus eu de problÚme."
Georges Tron, qui dĂ©nonce un "complot", avait dĂ©missionnĂ© de ses fonctions de secrĂ©taire d'État Ă  la Fonction publique (2010-2011) peu aprĂšs l'Ă©clatement de l'affaire, mais pas de sa mairie, Ă  la tĂȘte de laquelle il a Ă©tĂ© réélu en 2014.

En raison de son ancrage en Essonne - maire de Draveil (30.000 habitants) depuis 1995, conseiller départemental et ancien député (1993-2010, 2011-2012) - le procÚs a été dépaysé à Bobigny.
AFP

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