Inde

Une vague Modi se dessine en Uttar Pradesh

  • Publié le 11 mars 2017 à 11:18

Le Premier ministre indien Narendra Modi s'acheminait samedi vers une nette victoire à l'élection en Uttar Pradesh, Etat le plus peuplé et c?ur de l'Inde hindiphone, qui devrait le consolider dans son statut d'homme fort du sous-continent.

Avec plus de 200 millions de personnes, l'Uttar Pradesh compte davantage d'habitants que tout le Brésil et est grand comme le Royaume-Uni. État pauvre et rural du nord de l'Inde, ses élections régionales sont considérées comme un baromètre de la politique nationale.

Pour le dirigeant nationaliste hindou, à mi-mandat, l'enjeu est de taille. "C'est le test le plus important de son mandat. C'est l'État où il a obtenu la victoire plus éclatante en 2014", note Gilles Verniers, professeur à l'université Ashoka.

En fin de matinée samedi, sa formation, le Bharatiya Janata Party (BJP) se dirigeait vers un triomphe sans appel, selon des résultats partiels publiés sur le site de la commission électorale.

A 12H00 locales (06H30 GMT), le BJP était en tête dans 292 circonscriptions sur les 403 que compte cette région au complexe tissu social de castes et de communautés. Il faut gagner 202 sièges à l'assemblée locale pour pouvoir gouverner l'Uttar Pradesh.

L'alliance de circonstance entre le parti du Congrès et le parti régional Samajwadi Party (SP) semblait avoir échoué à faire barrage à la vague safran. Le ticket ne menait que dans 68 circonscriptions.

Les résultats définitifs seront connus à la mi-journée (vers 09H00 GMT).
Devant le quartier général du BJP à New Delhi, l'ambiance était déjà à la fête. Une centaine d'hommes dansaient au rythme d'une fanfare et se lançaient des poudres de couleurs pour la fête de Holi, a constaté une journaliste de l'AFPTV.

Comme tous les États de l'Union indienne, le "UP" élit tous les cinq ans son gouvernement local. La logistique requise est si gigantesque que le vote a été découpé en sept phases, chaque région votant à son tour, étalées sur un mois.

Une victoire mettrait le Premier ministre en position de force alors que pointent déjà à l'horizon les législatives de 2019, où il briguera un second mandat.

- Hélicoptères -

La bataille électorale pour l'Uttar Pradesh aura été longue et féroce.
Au rythme de plusieurs rassemblements électoraux par jour, courant de l'un à l'autre en hélicoptère, les principaux responsables politiques de l'Inde ont labouré sans relâche la plaine du Gange depuis le début de l'année.

Le Bharatiya Janata Party a fait de sa campagne un référendum autour de la personne de Narendra Modi. Le charismatique et secret Premier ministre a sillonné le terrain, enchaînant les meetings diffusés en direct par les télévisions.

Élu député dans la circonscription de la ville sainte hindoue de Varanasi (centre de l'Uttar Pradesh), le Gujarati espérait bien capitaliser sur son excellent score dans l'État lors des législatives qui lui avaient donné les clés du pouvoir.

Une victoire de Narendra Modi en Uttar Pradesh "validerait sa pratique politique de gouverner par grands coups spectaculaires", comme la démonétisation surprise ou l'annonce de "frappes chirurgicales" au Cachemire, analyse Gilles Verniers.

Ce scénario "consoliderait la position du BJP comme premier parti du pays et la stature de Modi comme le nouvel homme fort de l'Inde", estime sous couvert d'anonymat un rédacteur en chef politique basé à New Delhi, joint par l'AFP.

Outre l'Uttar Pradesh, les résultats des élections dans quatres autres Etats - Pendjab, Uttarakhand, Goa, Manipur - sont eux aussi annoncés samedi.
Au-delà du choix des exécutifs locaux, ces scrutins annoncent d'ors et déjà la couleur pour les élections législatives de 2019.

"La seule alternative possible au BJP en 2019, c'est une grande alliance de partis d'opposition", estime M. Verniers. Laminé en 2014, le parti du Congrès, qui dominait la politique indienne depuis l'indépendance, est en net déclin.

Si le ticket Congrès-Samajwadi Party en Uttar Pradesh échoue, "cela mettra en doute la capacité d'une alliance à défaire Modi en 2019. Et alors on voit mal qui pourrait le déloger."
 

AFP

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