Le parquet de Paris a requis mardi un procès devant la cour criminelle départementale pour trois policiers soupçonnés d'être impliqués dans l'agression raciste du producteur de musique noir Michel Zecler en 2020 et d'avoir fait un faux procès-verbal pour le cacher, a appris l'AFP jeudi de source proche du dossier.
Le parquet de Paris a confirmé à l'AFP ces informations.
"Mon client, qui se bat depuis le 21 novembre 2020 pour que justice soit rendue, voit dans la position du parquet une étape essentielle vers la reconnaissance de la vérité. Nous espérons que cette procédure permettra d'établir avec clarté les responsabilités, à la hauteur de la gravité des faits qu'il a subis", s'est félicitée Me Caroline Toby, avocate de M. Zecler.
Les avocats des policiers n'ont pas répondu dans l'immédiat à l'AFP.
- Le parquet veut un procès pour crime -
Dans ce dossier qui avait ému jusqu'au chef de l'Etat, le ministère public demande un procès pour trois policiers, Aurélien L., Philippe T. et Pierre P., pour faux en écriture publique par personne dépositaire de l'autorité publique, une infraction criminelle.
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Le parquet demande que les deux premiers soient jugés pour un autre crime, celui de violences aggravées par plusieurs circonstances, et notamment: par personne dépositaire de l'autorité publique, ayant entraîné plus de huit jours d'incapacité totale de travail, et accompagnées ou suivies de propos à caractère raciste.
Pour le troisième policier, le caractère raciste des violences n'est pas retenu par le parquet.
- Les policiers ont essayé de camoufler les faits -
Le parquet demande en outre un procès distinct, devant le tribunal correctionnel, pour un quatrième policier, soupçonné d'avoir commis des violences contre Michel Zecler et une dizaine de jeunes hommes présents dans le studio de musique où le producteur a été agressé.
La décision finale sur un procès appartient au juge d'instruction.
Le 21 novembre 2020, en début de soirée, Michel Zecler est passé à tabac et victime d'injures racistes dans son studio de musique parisien après un contrôle déclenché notamment à cause d'une supposée "forte odeur de cannabis".
L'enquête pour les "violences" et la "rébellion" dont les policiers l'accusent est rapidement classée et Loopsider révèle cinq jours plus tard les images de vidéosurveillance contredisant la version policière initiale, déclenchant l'indignation jusqu'au sommet de l'Etat.
Ça s'est passé samedi à Paris. 15 minutes de coups et d'insultes racistes.
— Loopsider (@Loopsidernews) November 26, 2020
La folle scène de violences policières que nous révélons est tout simplement inouie et édifiante.
Il faut la regarder jusqu'au bout pour mesurer toute l'ampleur du problème. pic.twitter.com/vV00dOtmsg
Placés en garde à vue, les policiers reconnaissent des coups injustifiés.
A l'issue de leur mise en examen, un brigadier et un gardien de la paix âgés de 31 ans et 23 ans au moment des faits sont placés en détention provisoire, une décision rarissime pour des fonctionnaires de police. Ils avaient été relâchés sous contrôle judiciaire au bout d'un mois.
Une confrontation a été organisée le 27 février 2024 entre les deux policiers et M. Zecler, pour savoir si les premiers ont bien qualifié le producteur de "sale nègre", ce qu'il affirme depuis le début malgré les dénégations des fonctionnaires.
- Vague d'indignation après l'agression raciste -
L'affaire avait soulevé une vague d'indignation. Plus de 130.000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, 500.000 selon les organisateurs, avaient manifesté dans toute la France contre le racisme et les violences policières.
Cette agression caractérisée perpétré par des membres des forces de l'ordre était arrivée en plein débat parlementaire sur le projet de loide "sécurité globale". L'article 24, le plus contreversé de toutes les mesures contenues dans le projet, a finalement été retiré pour réécriture. Dans sa version initiale il prévoyait d'interdire aux citoyens - y compris les journalistes -, de filmer les interventions des forces de l'ordre.
Ce sont justement des images vidéo de caméras de surveillance qui ont permis d'identifier les policier auteurs de l'agression cotre Michel Zecler
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