La tombe de Robert Badinter dégradée au cimetière de Bagneux, le jour de son entrée au Panthéon

  • Publié le 9 octobre 2025 à 15:30
  • Actualisé le 9 octobre 2025 à 15:56
Une répétition a lieu à la veille de la cérémonie d'intronisation de l'ancien avocat et ministre français de la Justice Robert Badinter, qui sera inhumé au Panthéon, à Paris, le 8 octobre 2025

(Actualisé) La tombe de l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter, qui doit entrer jeudi au Panthéon, a été dégradée au cimetière parisien de Bagneux, a indiqué à l’AFP la mairie de cette ville des Hauts-de-Seine.

Selon une source policière, les mots "Eternelle est leur reconnaissance, les assassins, les pédos, les violeurs, la République le (Robert Badinter, NDLR) sanctifient" ont été tagués avec une peinture bleue sur la pierre tombale de l’ancien avocat, décédé en février 2024.

La dégradation de la tombe de l’artisan de l’abolition de la peine de mort en France survient quelques heures avant son entrée au Panthéon jeudi soir, lors d’une cérémonie solennelle présidée par Emmanuel Macron.

"Honte à ceux qui ont voulu souiller sa mémoire", a aussitôt réagi le chef de l’Etat. "La République est toujours plus forte que la haine", a-t-il écrit dans un message publié sur X.

La maire communiste de Bagneux, Marie-Hélène Amiable, a condamné un "acte lâche".

"Les inscriptions retrouvées par la police mettent en accusation ses engagements contre la peine de mort et pour la dépénalisation de l’homosexualité", a accusé l’édile. "Elles sont indignes de cet ancien ministre et sénateur, porteur des avancées historiques qui ont permis d’abolir la peine de mort en France, en 1981 et de dépénaliser l’homosexualité en 1982", a-t-elle dénoncé dans un communiqué.

"On peut profaner une tombe, pas une conscience", a réagi sur X Juliette Méadel, ministre démissionnaire de la Ville et élue à Montrouge, commune voisine de Bagneux. "Robert Badinter est la conscience et le visage de la République et ça: personne ne nous l’enlèvera."Prévue de longue date, cette cinquième panthéonisation sous ses mandats sera une parenthèse en pleine crise politique pour le chef de l’Etat, qui doit décider quoi faire pour sortir le pays de l’impasse.

- Hommage -

L’hommage à l’ancien avocat et garde des Sceaux a débuté mercredi soir par une veillée funèbre au Conseil constitutionnel qu’il présida de 1986 à 1995, parmi les nombreux engagements de sa vie.

A 17H00 jeudi, le cercueil portant le nom de Robert Badinter, décédé en février 2024 à l’âge de 95 ans, doit être transporté vers l’ancienne église, au centre de Paris, pour une cérémonie d’environ une heure.

En présence d’un public que l’Élysée espère nombreux grâce à une "scénographie adaptée", la cérémonie suivra le "scénario traditionnel": remontée de la rue Soufflot, accueil du cercueil sous la nef du Panthéon par le président de la République, qui prononcera un discours "court et percutant", puis installation dans le caveau "des révolutionnaires de 1789", où reposent Condorcet, l’abbé Grégoire et Gaspard Monge depuis le bicentenaire de la Révolution.

A l’honneur, le combat pour la justice de Robert Badinter, "qui incarne ce qu’est l’État de droit", souligne la présidence. Et surtout l’abolition de la peine de mort,  "un saut civilisationnel majeur dans l’histoire de la justice de notre pays", a estimé un conseiller d’Emmanuel Macron.

Parmi les temps forts, Julien Clerc viendra interpréter sa chanson « L’assassin assassiné » consacrée en 1980 à la lutte pour l’abolition du châtiment suprême.

- "Universalisme républicain" -

Des textes seront également lus, dont des plaidoiries de l’avocat qui sauva plusieurs condamnés de la guillotine.

Mais aussi des discours de l’homme politique qui, nommé ministre de la Justice par François Mitterrand, demanda à la tribune de l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981, et obtint "l’abolition de la peine de mort en France", conformément à un engagement du président socialiste à rebours de l’opinion de l’époque.

Le comédien Guillaume Gallienne lira un texte de Victor Hugo, précurseur dans ce même combat.

Ce texte, comme d’autres, a été choisi par la veuve de l’homme de droit. La philosophe Élisabeth Badinter a été associée de très près aux préparatifs, encore lundi avec le chef de l’État lors d’une discrète visite au monument funéraire portant sur son fronton la devise « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ».

Emmanuel Macron a déjà fait entrer dans la nécropole républicaine Simone Veil, rescapée d’Auschwitz et auteure de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, l’écrivain chroniqueur de l’horreur des tranchées de la Première Guerre mondiale Maurice Genevoix, la star du music-hall, résistante et militante antiraciste franco-américaine Joséphine Baker, et le résistant communiste d’origine arménienne Missak Manouchian.

L’historien et résistant Marc Bloch sera à son tour panthéonisé mi-juin, 82 ans après son exécution par la Gestapo en 1944.

Pour l’historien Denis Peschanski, le fil conducteur de ces choix présidentiels est l’"universalisme républicain". "C’est la France des Lumières, qu’incarnait Robert Badinter à travers son combat abolitionniste mais aussi sa défense acharnée des victimes et sa lutte pour les droits".

L’universalisme qui "se retrouve dans Joséphine Baker, qui ne pouvait pas accepter ce qui se passait aux États-Unis et est devenue française", ou dans la "défense des droits des femmes » chez Simone Veil, ajoute ce spécialiste de la mémoire. Ou chez Missak Manouchian, et "tous ces résistants étrangers qui ont manifesté un attachement très fort à la France des Lumières, patrie des droits de l’homme".

Une enquête a été confiée à la sûreté territoriale des Hauts-de-Seine.

www.imazpress.com avec l'AFP

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2 Commentaires
Missouk
Missouk
2 jours

ACTE IGNOBLE

Idiocratie
Idiocratie
2 jours

Ben vouais mais depuis 2 ans on baigne dans un antisémitisme décomplexé sous couvert de Gaza par-ci, Gaza par-là....