La Réunion n'est pas (totalement) à l'abri d'un cyclone surpuissant, "sur le papier" les bâtiments sont conçus pour résister

  • Publié le 31 octobre 2025 à 12:15
Cyclone Belal

Alors que le surpuissant ouragan Mélissa, de catégorie 5, ravage les Caraïbes, la question se pose : un phénomène d’une telle intensité pourrait-il un jour toucher directement La Réunion ? Si physiquement rien ne l’empêche, les spécialistes s'accordent pour dire que l'incertitude reste grande. Et si cela arrive, les infrastructures locales sont-elles conçues pour résister à des conditions météo extrêmes ? Pour les experts, des actions sont encore à mener en termes de sécurité de la population même si "les bâtiments sont conçus, sur le papier, pour résister" note Marc Joly du Conseil de l’ordre des architectes (Photo rb/www.imazpress.com)

Ce mardi 28 octobre 2025, le puissant Ouragan Mélissa a dévasté la Jamaïque avant de foncer vers Cuba, avec des rafales dépassant les 350 km/h.

"Mélissa est d’un niveau bien au-dessus de Garance. C’est d’un autre calibre", souligne Sébastien Langlade, responsable des prévisions à Météo France Réunion. 
Selon lui, "dans l’historique des cyclones observés depuis les années 1970, La Réunion n’a jamais connu un phénomène d’une telle intensité". Les cyclones de 1932 et 1948 restent les plus marquants, mais "il est difficile d’en évaluer précisément la force, faute de mesures satellitaires à l’époque".

- Un phénomène comme Mélissa à La Réunion ? Peu probable mais pas impossible -

Lors du passage du cyclone Garance, en février 2025, les anémomètres de Météo France ont enregistré des rafales à 213 km/h à l’aéroport de Gillot. "Les appareils de mesures ont tenu, mais face à des vents de 300 à 350 km/h, ils seraient probablement détruits", confie Sébastien Langlade.
 Un ouragan de catégorie 5 frapperait donc au-delà de nos capacités d’observation actuelles, laissant imaginer des dégâts difficilement quantifiables.

Physiquement pourtant, rien ne s’oppose à un tel scénario : "Rien n’empêcherait un cyclone très intense de frapper directement La Réunion", poursuit le météorologue.


Mais il nuance : "L’île reste petite. On est un caillou dans l'Océan Indien, ce qui augmente les chances qu’un système passe à côté plutôt que dessus".
 Une chance fragile, dans un contexte de changement climatique où la variabilité devient imprévisible : "On ne peut pas dire que c’est impossible, mais rien ne nous permet de prévoir cela".

D'autant que selon André Kamga Foamouhoue, coordinateur du réseau Hydromet, interrogé précédemment "à l'avenir, ces phénomènes météorologiques seront plus intenses avec le réchauffement climatique".

"Les précautions sont toujours d’actualité car un seul cyclone intense pendant certaines saisons avec un nombre limité de phénomènes au total peut entraîner des impacts exceptionnels", indique le coordinateur d'Hydromet.

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- Le bâtis réunionnais serait prêt à faire face, sauf s'il est mal réalisé -

Du côté du Conseil de l’ordre des architectes de La Réunion, le ton se veut plus tranché.
" Mélissa est un cyclone de catégorie 5. La Réunion n’en a jamais connu, et selon moi, n’en connaîtra jamais", affirme Marc Joly.
 Pour lui, la réglementation actuelle, déjà calibrée sur des vents supérieurs à 280 km/h, offre une marge de sécurité suffisante : "Les bâtiments sont conçus, sur le papier, pour résister. Ce qui ne tient pas, ce sont les constructions mal réalisées".

Alors qu'une augmentation des contraintes de prise en compte des vents cycloniques est à l'étude, Anthony Lebon, président de la Fédération réunionnaise du BTP, assure que cette mesure reviendrait à augmenter le coût de construction et donc du logement, in fine.

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Après Garance, les milliers de sinistrés victimes de malfaçons en sont la preuve. "Pas un désordre n’est lié à la réglementation, mais au non-respect de celle-ci", insiste-t-il.
 Le problème, selon l’architecte, est structurel et social : "Le vrai risque, est de ne pas loger tout le monde dignement. Tant qu’il y aura de l’habitat précaire, le danger sera là".

- Plus de 80.000 personnes exposées au risque à La Réunion -

À La Réunion, plus de 80.000 personnes vivent encore dans des zones rouges, exposées à des risques d’inondation ou de mouvement de terrain.
 Des quartiers entiers, comme Les Lataniers ou La Colline du Bas de la Rivière, ont été défigurés par Garance.
 Et malgré les interdictions de construire, les habitants continuent d’y vivre faute de solutions de relogement. "On ne peut pas tout bunkériser", prévient Marc Joly. "Il faut penser la résilience autrement : mieux contrôler les bâtiments, suivre leur évolution dans le temps, et adapter les normes au contexte local".

Si l’histoire cyclonique de La Réunion plaide pour la prudence, les experts le rappellent : le risque zéro n’existe pas.

Entre adaptation des normes, contrôle du bâti et sensibilisation au danger, l’enjeu est désormais d’anticiper plutôt que de réparer. Car face à un ouragan de la puissance de Mélissa, l’île ne pourrait compter que sur une seule chose : sa préparation et sa capacité à faire face au désastre.

vg/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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6 Commentaires
Bobby
Bobby
2 jours

Oui les nations n'ont pas réussi à réduire la pollution "le pétrodollars " et la corruption je suppose règne toujours.

Maya
Maya
2 jours

Et bien s'assurer qu'il ne s'agit pas des technologies de la HAARP qui sont capables, elles, de créer des cyclones ou tempêtes de cette envergure, classées hors norme !

Guet sa
Guet sa
2 jours

En fonction du relief et la zone géographique,les impacts seront différents a la réunion...

Jude
Jude
2 jours

Arrêt’ fé peur d’’monde oté!
Chacun y rajoute un peu de peur tel des sachants, des savants comme si zot y connaît tout’.
Tout d’monde y prend à zot aster po des experts
Bien sûr, y fo anticiper les cyclones! Mais les constructions existantes sont telles qu’elles ont été construites conformes ou pas, en bois, en béton, en fer etc.
Une telle intensité qui vient de se produire en Haïti ou à Cuba l’a démontré que pas grand chose y résiste.
Mais pourquoi en rajouter? Zot y veut quoi ? Le pov boug dans sa caz en tôle y sa pas reconstruire son caz; lu va essayé protège a lu comme lu peut. Ou le bourgeois créole ou le zoreil dans son caz en dur, y vont faire quoi de plus ou de moins ?
Attend’ que le phénomène lé signalé en approche, maintenant que les prévisionniss y gagn’ dire à nou suffisamment a l’avance, la distance, la force etc.
Mais arrêt’ siouplé souf’ su la brez po fé peur de monde!
Anticiper, prendre conscience, améliorer l’habitat existant y empêchera pas tel ou tel phénomène aussi violent de tomb’ su nou et on n’y pourra rien !
Mais, par pitié, siouplé, ARRÊT’ FÉ VIV À NOUD DANS LA PSYCHOSE PO FÉPEUR D’MONDE.
À chaque jour suffit sa peine
Ah bon entendeur!

Mayaqui
Mayaqui
2 jours

👍🏼

Jose
Jose
2 jours

Voyez les villas construites, avec de simples fers à béton de 10mm, soudés à la charpente en panes C galva, tous ces toits vont sauter comme un bouchon. Trop d'artisans se déclarent constructeurs, et n'ont pas la moindre idée de la fiche technique des matériaux, ni de leur utilisation. Avec des vents à 300Kmh, je vous promets, un carnage !