Attentats en Belgique - Au moins 34 morts et plus de 200 blessés dont huit Français

Appel à témoin de la police belge pour identifier un suspect : "qui reconnaît cet homme ?"

  • Publié le 23 mars 2016 à 09:26
Image diffusée par la poliuce fédérale belge le 22 mars 2016 à la demande du procureur général et extraite d'un enregistrement des caméras de sécurité de l'aéroport de Bruxelles montrant un suspect des attentats

La police fédérale belge a appelé des témoins à se manifester pour identifier un homme sur une capture d'écran figurant parmi les suspects de l'attaque qui a fait au moins 14 morts à l'aéroport international de Bruxelles. La photo - sous laquelle figure la question"qui reconnaît cet homme" -, est extraite de la vidéo surveillance de l'aéroport de Burxelles sur laquelle on voit trois suspects. Deux d'entre-eux seraient les kamikazes qui se sont faits sauter. Au total, les attentats à l'aéroport et dans le métro ont fait au moins 34 morts et plus de 200 blessés dont huit Français

"Qui reconnaît cet homme ?", demande la police belge, sous une capture d'écran diffusée sur un compte Twitter dédié aux avis de recherche. On y voit un homme portant une veste et une chemise claires, portant des lunettes sous un chapeau noir et poussant un chariot avec un gros sac noir. Plus tôt dans la soirée de mardi, une photo extraite de la vidéo surveillance montre trois suspects qui poussent chacun un chariot. La main gauche de deux des hommes est gantée, ce qui permettrait de cacher le déclencheur d'une ceinture explosive ou d'une bombe, écrivent les médias belges. Le troisème homme est celui qui est activement recherché.

Les attaques à l'aéroport et dans le métro belges ont donc fait selon un bilan encore provisoire ont fait au moins 34 morts et plus de 200 blessés. Huit Français ont été blessés mardi dans les attentats de Bruxelles, dont trois grièvement, "Ce bilan est très évolutif, et pourrait changer", a précisé à l'AFP un porte-parole du ministère des affaires étrangères.

Les attentats ont été revendiqués par l'État islamique dès mardi soir. Le groupe jihadiste État islamique (EI), qui contrôle une partie de la Syrie et de l'Irak, est responsable des attentats meurtriers qui ont fait une trentaine de morts mardi à Bruxelles, a indiqué une agence en ligne liée au groupe" écrit l'AFP.

Dès mardi soir, la Belgique s'est mobilisée pour dire non au terrosime. En témoigne ce "Bruxelles I love you", quatre mots ont été tracés à la craie sur l'historique place de la Bourse, devenu un lieu de recueillement spontané au coeur d'une ville qui vit au ralenti après le choc des attentats de mardi.Ces attaques montrent que les réseaux jihadistes en Belgique, mais aussi dans le reste de l'Europe, restent capables de monter des opérations d'ampleur meurtrières quelle que soit la pression policière à laquelle ils sont soumis, estiment experts et responsables.

Dans le même temps, Tour Eiffel, le World Trade Center et la porte de Brandebourg aux couleurs de la Belgique: dirigeants du monde entier et simples citoyens ont marqué mardi leur solidarité émue après les attentats meurtriers qui ont frappé Bruxelles.

"Nous allons subir une vague de terrorisme très puissante"

"2015 a été difficile, je crains que 2016 ne soit terrible", confie à l'AFP un responsable français de la lutte antiterroriste, qui demande à rester anonyme. Sur son écran de télévision, dans son bureau, les images d'une bouche de métro fumante, de l'aéroport dévasté de Bruxelles, siège de l'Union européenne et de l'Otan.

"Les attaques de Bruxelles sont clairement une vengeance après la vague d'arrestations, c'est une escalade. Elles prouvent qu'ils ont des hommes prêts à tout moment à des opérations kamikazes, avec des armes, des explosifs", dit-il. "Leur message, c'est : +Nous sommes toujours là, vous ne pourrez pas nous arrêter+".

"En France, mais aussi en Europe, il y a du souci à se faire", ajoute-t-il. "Nous allons subir une vague de terrorisme très puissante, qu'on ne pourra enrayer que partiellement. On attrapera certaines équipes, il n'y a jamais eu autant d'arrestations, mais on ne pourra pas les avoir tous. C'est impossible. Nous sommes submergés".

La vague récente d'arrestations en Belgique, dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris en novembre (130 morts), a permis de démanteler une grande partie du réseau envoyé de Syrie par le groupe Etat islamique (EI) mais certains suspects sont encore en fuite. Et surtout d'autres jihadistes présumés, passés sous le radar des forces de l'ordre, ont prouvé mardi qu'ils étaient capables de passer à l'action.
Pour Thomas Hegghammer, expert au sein du Norvegian Defense Research Establishment, les attentats de Bruxelles "prouvent qu'ils étaient prêts. Personne ne peut monter une opération de ce type en 48 heures (...) En admettant que ces attaques sont plus ou moins liées à celles de Paris, c'est la première fois qu'un même réseau est capable de frapper deux fois de façon aussi importante".

"Personne ne sait faire"

Avant de mourir, le chef présumé du commando qui a frappé Paris, Abdelhamid Abaaoud, avait confié à des proches qu'il était entré en France "sans documents officiels", accompagné de 90 autres hommes - "des Syriens, des Irakiens, des Français, des Allemands, des Anglais". Il avait aussi prédit d'autres attentats, "encore pires".

"Il faut prendre cette affirmation au sérieux, ça fait un bon moment qu'on le sait", affirme le même haut responsable français. "Les critiques contre la police belge sont injustifiées : ils bossent bien, mais ils sont submergés sous le nombre, comme tous leurs collègues européens. Nous allons tous subir notre lot d'attaques, j'en ai peur".

Face à des jihadistes à ce point déterminés, qui grâce à cinq ans de guerre en Syrie et en Irak maîtrisent désormais le maniement des armes de guerre et la fabrication d'explosifs artisanaux mais très puissants, les parades existent mais montrent vite leurs limites, ajoute-t-il.

Les attaques en Belgique surviennent alors que le groupe EI perd du terrain en Irak et Syrie, tout en se développant en Libye. "Le plus inquiétant", dit-il, "c'est que les attentats de mardi prouvent qu'ils ont les kamikazes mobilisables immédiatement. Contre ça, on ne peut rien faire. Personne ne sait faire. Même les patrouilles de soldats, ça ne suffit pas. Ou alors c'est le coup de chance: un gars avec un sac, on ne le sent pas, on le contrôle, bingo. Mais dans un aéroport à une heure de pointe, vous imaginez, c'est impossible. Et si vous placez les contrôles de bagages à l'entrée de l'aérogare, vous créez des files d'attente à l'extérieur, cibles idéales, c'est encore pire".

Avec des milliers de volontaires partis grossir les rangs de l'EI et des centaines déjà rentrés dans leurs pays d'origine, parfois en toute discrétion, les polices et services de renseignement européens font face à une menace inédite, à laquelle ils cherchent toujours la réponse.
"C'est une question de réseaux, et là ils sont forts", estime Thomas Hegghammer. "Aujourd'hui, c'est arrivé en Belgique, mais la même chose pourrait se passer ailleurs. Il ne faut surtout pas croire qu'il s'agit d'un problème belge..."

Pour rappel, la préfecture de La Réunion a annoncé ce 22 mars en fin de journée le renforcement de la vigilance sur l'île, une décision du gouvernement concernant l'ensemble du territoire.


www.ipreunion avec l'AFP

guest
0 Commentaires