Lutte contre le chikungunya

Canons anti-moustiques et écoles fermées

  • Publié le 14 février 2006 à 00:00

Armés de "canons" pulvérisateurs de Delta Méthrine, un insecticide chimique fatal aux moustiques adultes, 8 véhicules 4 x 4 spécialement équipés pour la lutte contre les vecteurs du chikungunya sont entrés en action dans la nuit du lundi 13 février au mardi 14 février 2006. Ils vont sillonner les routes de La Réunion de 2 heures à 5 heures du matin. Par ailleurs les établissements scolaires de la Plaine des Palmistes sont fermés jusqu'à jeudi. Des élèves ont été incommodés par des odeurs d'insecticides (notre photo)

"Seuls les insecticides chimiques sont en mesure de tuer les moustiques adultes" explique Jean-Claude Denys, ingénieur sanitaires à la DRASS (direction des affaires sanitaires et sociales), en commentant la démonstration de pulvérisation par 4 x 4 qui a eu lieu ce lundi 13 février à la caserne Lambert (Saint-Denis).
À la suite de la polémique sur la dangerosité supposée des insecticides chimiques sur l'écosystème, c'est du Delta Méthrine qui sera utilisé pour les pulvérisations nocturnes. Tout aussi chimique que la molécule du Fénitrothion (qui appartient à la famille des organophosphorés), celle du Delta Méthrine (qui est de la famille des pyréthrines) à l'avantage de posséder une charge plus puissante. "À dose égale, le Delta Méthrine est donc en mesure de traiter une zone plus importante que le Fénitrothion" souligne Jean-Claude Denys.

Pics d'agressivité

À bord des 4 x4 anti-moustiques de la DRASS, les militaires et les agents de la DRASS épandront donc l'insecticide de 2 heures à 5 heures du matin. "C'est entre au petit matin et à la tombée de la nuit entre 18 et 20 heures que l'aedes albopictus est le plus agressif. Pour importuner le moins possible la population, la décision a été prise de n'agir qu'en tout début de journée" note l'ingénieur sanitaire. Il sera demandé aux habitants des secteurs ciblés par les épandages (essentiellement les zones d'habitants denses) de fermer portes et fenêtres pendant les pulvérisations et de les laisser closes une demi-heure après. De même, le trafic routier sera interrompu pendant le même laps de temps. "Aux Antilles ou encore à Montpellier (Sud de l'Hexagone) les épandages dans les rues ont lieu à partir de 18 heures sans qu'aucun problème n'ait jamais été noté" souligne Jean-Claude Denys. "En Martinique et en Guadeloupe, nous demandons même aux habitants de laisser les fenêtres ouvertes afin que le produit agisse sur les moustiques qui seraient entrés les maisons" remarque l'entomologiste André Yébakima. "C'est ce système d'épandage par 4 x 4 qui est préconisé en agriculture raisonnée" ajoute Jean-Claude Denys.

Action communautaire

Il insiste ensuite sur le fait que le traitement massif contre les moustiques adultes tel qu'il a lieu actuellement "ne peut être la solution pérenne pour La Réunion" Il ajoute "les insecticides n'ont pas de rémanence (persistance de l'effet toxique pour les insectes - ndlr), l'action doit être complété par la lutte contre les larves". Il s'agit notamment en reverser et de brosser les coupelles et soucoupes sous les pots de fleurs "en sachant qu'elles abritent 80% des gîtes larvaires" dit encore l'ingénieur sanitaire en parlant de "la responsabilité de chacun". Plus que la polémique qui donne "l'impression de se trouver dans un autre monde", c'est cette responsabilité commune qu'André Yébakima met l'accent. "Il nous faut travailler tous ensemble, pouvoirs publics, élus et population, c'est le challenge qui nous est posé si nous voulons réussir notre action contre la prolifération des moustiques"
À noter à ce propos que dans certaines zones de l'île, 15 jours après la démoustication des maisons présentaient des taux de nouvelles infestations larvaires allant 14 à 21%.

Écoles fermées

Par ailleurs dans plusieurs écoles de l'île, Saint-Denis, la Plaine des Palmistes, Saint-Louis etc, des élèves et des enseignants ont été pris de malaises dans la journée de lundi. Les établissements scolaires ou leurs abords avaient été démoustiqués au cours du week-end et de fortes odeurs d'insecticides étaient toujours présentes lundi. À la Plaine des Palmises notamment, tous les établissements scolaires ont été fermés, "le temps d'obtenir des autorités sanitaires plus d'informations sur les produits et les protocoles d'utilisation" indique le maire par délégation, Jean-Marc Marianne.
Il a été rassuré au cours d'une rencontre avec les autorités sanitaires ce mardi 14 février. "Il m'a été précisé que la commune se trouvant à plus de 1 000 mètres d'altitude, un seuil que l'aedes albopictus n'a pas encore atteint, il n'y a pas lieu de procéder à de nouvelles opérations de démoustications". Jean-Marc Marianne affirme également qu'en cas où une démoustication serait nécessaire ce sont la deltaméthrine et le BTI qui seront utilisés. Ces produits sont réputés moins toxiques que le fenitrothion et le téméphos qui étaient pulvérisés jusqu'à présent.
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