Le syndicat enseignants UNSA précise ce lundi 19 avril 2010 son point de vue sur la situation des enseignants stagiaires de l'IUFM affectés en métropole à la rentrée prochaine. "Nous comprenons la situation des stagiaires, mais il existe une bonification de 1 000 points pour les enseignants originaires de la Réunion, il faut respecter le barème" indique Eric Hoarau du SE UNSA. Néanmoins le syndicat et les 41 enseignants grévistes soutenus par la FSU et qui souhaitent réintégrer l'Académie se rejoignent sur la critique de la mastérisation, (réforme de l'IUFM), qu'ils jugent comme "un bond en arrière de vingt ans".
Sur le dossier des enseignants affectés en région parisienne, Eric Hoarau de l'UNSA précise "dans certaines disciplines (technologie, génie mécanique, communication bureautique...) la capacité d'accueil ne permet pas la création de postes. Les besoins se font parfois au compte-goutte". Mais pour certaines situations familiales, "des solutions en dehors du barème peuvent être trouvées, des affectations à titre provisoire pourraient être obtenues", nuance-t-il.L'intervention des politiques dans cette affaire représente un "danger" pour le syndicat SE-UNSA : "les politiques doivent servir de tremplin pour mener un projet de réussite éducative, mais en aucun cas, ils ne doivent entrer dans le système de mutation" estime Eric Hoarau qui craint de voir "disparaître les 1000 points de bonification pour les natifs des Dom".
Par ailleurs, les enseignants mutés demandent la libéralisation des heures supplémentaires pour créer de nouveaux postes. Le SE-UNSA estime "que ce n'est pas si simple. Les heures supplémentaires, c'est un système très complexe, et c'est faux de dire qu'il est possible de les transformer en nouveaux postes".
Le syndicat refuse "tout raccourci rapide sur les Réunionnais qui ne veulent pas travailler en métropole". Pour Eric Hoarau, l'enjeu va bien plus loin : "Ce qui se joue aujourd'hui, c'est la formation des enseignants et le spectre de la régionalisation du concours qui pénaliseraient les candidats réunionnais".
"Nous sommes très inquiets sur la façon dont se prépare la formation des enseignants à l'université de la Réunion à la rentrée 2010. Certaines filières (en sciences et vie de la terre ou la formation des CPE) devraient être supprimées" prévient Jean-François Rialhe, secrétaire général du SE-UNSA
Par ailleurs, l'année prochaine, un stagiaire devra : "hebdomadairement faire 15 heures en stage en responsabilité, faire 3 heures de stage d'observation, faire 3 heures de stage filé, aller le mercredi en cours à l'université, préparer son master et préparer ses cours pour ses élèves et corriger les copies " détaille le collectif des enseignants affectés en métropole. Un emploi du temps jugé "trop lourd" pour de jeunes enseignants.
Le SE-UNSA rejoint le collectif sur ce point et ajoute "ces candidats reçus au concours seront parachutés directement dans des classes, sur le tas. Il ne suffit pas d'être reçu au concours pour être enseignant, la pédagogie, c'est aussi un métier qui s'apprend". Pour le SE-UNSA, les cours de didactique et de pédagogie ne seraient donc "pas suffisants". "Ce que nous redoutons arrive, l'IUFM disparaît. Ce n'était pas parfait, mais là nous avons remplacé quelque chose, par rien" conclut Jean-François Rialhe qui préconise l'annulation du décret de mastérisation et le retour aux IUFM.
Les enseignants concernés par le mouvement inter académique pour leur part poursuivent leur mobilisation pour obtenir un réexamen de leur situation. Ce lundi, ils ont distribué des tracts à l'IUFM et à l'Université.
Deux rassemblement sont prévus cette semaine : une manifestation devant les grilles du Rectorat à partir de 9 heures ce mercredi, une autre lors du séjour à La Réunion de Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l'Outre-mer les jeudi 22, vendredi 23 et samedi 24 avril, programmée à 9 heures ce jeudi.
Les enseignants ont retrouvé leur campement pour leur septième nuit à la Pyramide inversée ce lundi soir.