Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion

Élections annulées

  • Publié le 12 février 2005 à 00:00

En raison de "nombreux dysfonctionnements", le tribunal administratif a annulé ce vendredi 11 février 2005 les élections à la chambre de commerce et d'industrie de La Réunion (CCIR). Le scrutin avait été remporté par la CGPME (confédération générale des petites et moyennes entreprises) le 9 novembre 2004. Élu président de la chambre consulaire le 6 décembre 2004, Éric Magamootoo (CGPME) fait appel de la décision d'annulation

Votes doubles, voire triple, signature des listes d'émargement par des électeurs décédés, disparition de matériel électoral... les opérations électorales - qui ont eu lieu uniquement par correspondance -, ont été entachées par une longue suite de "dysfonctionnements". Ces derniers ont tellement été importants que, jugés douteux, 3 000 votes, le tiers des enveloppes, avaient été écartés du dépouillement "faussant ainsi le résultat du scrutin" a estimé vendredi la juridiction administrative.
Éric Magamootoo ne conteste pas ces dysfonctionnements, mais en rejette la responsabilité sur la commission électorale. Cette instance présidée par le préfet est chargée de veiller à la régularité du scrutin et de proclamer les résultats.

"Président triste"

"Je suis un président triste car je me rends compte que dans la France d'aujourd'hui on peut couper la tête à 36 élus sans qu'ils puissent se défendre" a commenté Éric Magamootoo. "Le tribunal reconnaît que nous n'avons commis aucune faute et que seule la commission électorale a failli. Les élections sont pourtant annulées" a-t-il ajouté. Affirmant avoir été victime "d'un coup d'État judiciaire", il a lancé "l'État a failli, mais la Justice également a failli". Il a annoncé son intention de se pourvoir en appel devant la cour administrative de Bordeaux. Ce recours étant suspensif, Éric Magamotoo et l'ensemble des 35 autres conseillers élus restent en place pour le moment. Par ailleurs, la procédure pénale engagée pour fraude électorale suit son cours au tribunal de grande instance. Plusieurs personnes ont d'ores et déjà été entendues par les enquêteurs, mais aucune mise en examen n'a encore été prononcée.

Victoire sur le MEDEF

Rappelons qu'alliée à la FÉDACTION et la liste indépendante de Rico Vimbaye, la CGPME avait raflé le 9 novembre 23 des 36 sièges de conseillers en lice. Le MEDEF avait obtenu 8 sièges et l'UER 5. En dépassant la majorité absolue de 4 sièges, la CGPME avait donc remporté une large victoire infligeant par la même une sévère défaite au MEDEF qui était à la tête de la CCIR depuis une dizaine d'années. Le résultat de l'élection avait alors été présenté comme étant la victoire "des petits patrons sur le grand patronat" représenté par le MEDEF. À noter que ce dernier avait dénoncé les dysfonctionnements électoraux avant même la proclamation des résultats et avait annoncé son intention de déposer des recours en annulation.
Quelques jours après l'annonce des résultats, minée par des dissensions internes, la CGPME avait littéralement implosé. La crise était importante puisque Shenaz Bagot, la principale colistière d'Éric Magamootoo, avait fini par être candidate contre lui à la présidence de la chambre consulaire. Le 6 décembre Éric Magamootoo avait toutefois été élu président par 19 voix contre 9 à Théophane Narayanin (MEDEF) et 7 à Shenaz Bagot.

"Satisfaction"

Paul Caro (GGPME) avait été élu premier vice-président. La législation voulant que pour siéger au Bureau, il faut avoir siégé au moins pendant 3 ans à la chambre consulaire, Jérôme Isautier (MEDEF) avait acquis la seconde vice-présidence. Élus pour la première fois, la plupart des conseillers de la majorité ne pouvaient prétendre à ce fauteuil. Fayzal Ahmed-Vali conseiller sortant de la Fédaction avait été élu trésorier, Arzou Mahamadaly (MEDEF) trésorier adjoint et Daniel Moreau (MEDEF) secrétaire.
Ainsi par la simple application mécanique de la législation, le MEDEF pourtant largement battu aux élections était arrivé à occuper 3 des 6 sièges du Bureau de la CCIR. Pour autant cela ne signifiait pas qu'il revenait "aux affaires". Dans la conférence de presse qu'il a tenue vendredi après-midi C'est donc évidemment avec une très grande satisfaction qu'il a pris acte de la décision d'annulation des élections.
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