La Réunion n'a plus de sang

Un volcan islandais est entré en éruption, ce mardi 29 novembre 2011, perturbant l'ensemble du trafic aérien en Europe. Au même moment, dans le sud de l'île, un grave accident impliquant un autobus se produit. Une soixantaine de blessés est recensée. Plus de 200 poches de sang sont nécessaires mais le matériel de prélèvement est bloqué en métropole pour une durée indéterminée. Tel est le scénario imaginé par l'EFS (Établissement français du sang) de La Réunion dans le cadre de son premier exercice de crise.

C'est vers 11 heures ce mardi 29 novembre 2011, dans le quartier de la Ravine des Cabris à Saint-Pierre, que l'accident d'autobus s'est produit. Plus d'une soixantaine de blessés plus ou moins graves est comptée.

Dans le même temps, à l'établissement français du sang de La Réunion, sur le site du CHR (centre hospitalier régional), le personnel est en alerte. Deux cent poches de sang sont nécessaires pour soigner les blessés mais le matériel de ravitaillement, comprenant les dispositifs de prélèvement et les réactifs nécessaires pour le laboratoire, est bloqué au départ de Paris depuis ce mardi matin. En cause, l'entrée en éruption d'un volcan islandais qui a provoqué l'arrêt du trafic aérien en Europe.

À l'EFS, une cellule de crise a alors été constituée. "Nous faisons régulièrement le point téléphonique avec la cellule nationale. Nous essayons également de converger les actions pour qu'il n'y ait pas de pénurie de poches", explique François Schooneman, directeur de l'EFS de La Réunion. Il se montre néanmoins alarmant. Si la situation perdure, il assure qu'une rupture des stocks pourrait être envisagée dans dix jours.

Vers 16 heures ce mardi, vingt-cinq blessés étaient toujours en attente d'une transfusion, soit un total de soixante-six poches de sang qui doivent être débloquées. L'EFS doit également faire face à un problème de péremption de matériel.

Mais pas de panique. Cet accident s'est déroulé dans le cadre d'un exercice de crise, organisé par l'EFS. Une première pour l'établissement dont l'objectif était d'éprouver le plan de continuité de son activité et d'entraîner la cellule de crise. "Notre but est de trouver des solutions, d'analyser nos faiblesses pour produire ensuite un document qui nous sera utile si ce genre de situation se produit", explique François Shooneman. "Un exercice à visée pédagogique", souligne-t-il.

Pourtant, selon le directeur de l'EFS, ce scénario catastrophe a bien failli se produire, en avril 2010, lors de l'éruption du volcan islandais, Eyjafjallajokull. Les liaisons aériennes en Europe avaient été perturbées et La Réunion également paralysée. "Au bout de cinq jours de perturbation, nous avons dû activer nos collaborateurs de la cellule nationale. Dix jours de plus, nous aurions certainement frôlé un problème de pénurie", commente François Schooneman. Une situation qui aurait été préoccupante quand l'on sait que 80 dons quotidiens sont nécessaires pour éviter une pénurie de sang.

L'exercice de crise se terminera ce mercredi 30 novembre 2011 à 14 heures. S'en suivra un débriefing de l'ensemble des acteurs impliqués.

Environ une quinzaine de personnes, personnel de l'EFS, de l'agence régionale de santé (ARS) de l'Océan Indien, du CHR (Centre hospitalier régional) et de la préfecture, a été mobilisée.

Pour ne pas connaître de situation d'urgence, La Réunion doit, en permanence, avoir un stock de sang équivalent à 14 jours d'utilisation. Dans l'île, 15 000 personnes donnent leur sang régulièrement et à un rythme qui se situe à environ deux fois par an.


 

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