Le verre chauffé grâce au solaire

Une soufflerie de verre devrait voir le jour à Sainte-Suzanne, à proximité du centre d'enfouissement technique, à l'horizon 2013 ou 2014. Particularité de cette structure, son four fonctionnera grâce aux énergies renouvelables, à savoir le solaire et à la méthanisation, le biogaz. "Il s'agit même d'une première mondiale", indique la Technopole de La Réunion.

En matière de valorisation des déchets, La Réunion offre assez peu d'alternatives à l'exportation des déchets. En ce qui concerne le verre, une partie est réemployée à La Réunion et une partie est exportée vers les verreries de Tanzanie et d'Afrique du Sud. C'est pour accroître la valorisation des déchets au niveau local que l'association MGPB (Maîtrise et gestion des projets biodurables) a développé son projet de construction d'une verrerie à Sainte-Suzanne. Ce projet intitulé "un four solaire pour une verrerie à La Réunion" est inédit sur l'île.

C'est en 2005 que Jean-Marie Ramsamy imagine ce projet. L'ensoleillement de la ville de Sainte-Suzanne étant de 2 250 à 2 500 heures par an, cela rend l'installation d'un four solaire possible. L'idée est présentée à la mairie de Sainte-Suzanne qui fait tout de suite part de son intérêt. Les contraintes énergétiques liées à la soufflerie de verre ont alors été étudiées en équipe, d'où la création de l'association MGPB.

La commune se tourne également vers la ville de Phoenix Vacoas (Ile Maurice) avec laquelle elle est jumelée. L'expérience et le savoir-faire de la verrerie de Vacoas Phoenix a aidé aux premières réflexions. L'association prend quant à elle contact avec Denis Eudeline, un spécialiste français des technologies solaires.

Au fil des études, un constat s'impose : pour le bon fonctionnement de la verrerie, un couplage d'énergie est nécessaire. Une autre source d'énergie qui se trouve facilement à Sainte-Suzanne s'offre à eux : le biogaz produit par le biais du centre d'enfouissement technique exploité par la Star. En France, la récupération du biogaz est obligatoire mais pas sa valorisation énergétique. Or, la méthanisation permet de produire de l'électricité (1m3 de méthane produit 1 litre d'essence). Le couplage biogaz/solaire paraît donc être le plus performant. De plus, le centre d'enfouissement devant arriver à saturation à l'horizon 2014, l'implantation de la verrerie à proximité paraît être l'idéal.

Outre les retombées économiques de cette structure, l'association MGPB met aussi en avant d'autres enjeux. D'une part, l'impact touristique et culturel du projet sur la ville de Sainte-Suzanne. Les souffleurs et la qualité de leur savoir-faire offre un véritable spectacle pour les visiteurs. L'exposition et la vente de ces productions artisanales (bouteilles, vases, plats, verres, bijoux) pourront se faire sur le site. C'est aussi l'occasion de sensibiliser sur les atouts des énergies renouvelables.

Le projet revêt aussi une dimension scientifique, pédagogique et sociale. Ce projet, basé sur les principes du recyclage et des énergies renouvelables, constituerait un outil pédagogique au service des jeunes, des étudiants et des chercheurs. Un partenariat avec l'Ecole des Beaux-Arts donnerait lieu à l'organisation de stages, d'expositions temporaires et de performances artistiques sur le site de la soufflerie. Enfin, l'aménagement de la verrerie pourra faire l'objet d'un "Plan d'insertion local" ou d'un "Atelier chantier d'insertion".

Jean-Marie Ramsamy espère que la première pierre de ce projet sera posée "d'ici la fin de l'année" pour une livraison du bâtiment à l'horizon 2013 ou 2014. "Il ne manque plus qu'à obtenir les financements pour lancer le chantier", indique t-il. Le coût du projet est évalué à 1,5 millions d'euros.

Une démonstration du four solaire est prévue ce lundi ce lundi 14 juin 2010 au campus du Moufia (amphithéâtre Charpak)

verrerie, soufflerie, jean-marie ramsamy, énergies renouvelable, développement durable, énergie solaire, biogaz, sainte-suzanne, méthanisation