Ils ont rendu un avis majoritairement défavorable au projet de décret

Les conseillers généraux se dressent contre le redécoupage cantonal

  • Publié le 12 décembre 2013 à 11:08

Avec 27 voix contre et seulement 4 voix pour, les conseillers généraux présents ce jeudi 12 décembre 2013 en séance plénière ont exprimé leur désapprobation du projet de décret gouvernemental sur le redécoupage cantonal en vue des élections départementales de 2015. Un avis purement consultatif qui sera transmis à la préfecture puis au ministère de l'Intérieur. La plupart des intervenants ont notamment pointé "un manque de concertation en amont" et dénoncé un "charcutage électoraliste" menaçant les territoires ruraux et les petites communes.

Avant même l’ouverture des débats, le ton a été donné par six conseillers généraux. Bachil Valy (Entre-Deux), Daniel Gonthier (Bras-Panon), Jean-Claude Lacouture (Etang-Salé), Olivier Rivière (Saint-Philippe) et Bruno Mamindy-Pajany (Sainte-Rose) sont en effet restés debout pendant les 20 premières minutes pour signifier leur désaccord quant à ce projet de redécoupage cantonal, au nom de l’association des communes rurales.

C’est que pour la grande majorité des élus départementaux, le projet de décret prévu par le gouvernement et adopté par les députés ne passe pas. Représentant le préfet Jean-Luc Marx – convalescent après une intervention chirurgicale subie ce mercredi –, le secrétaire général de la préfecture, Xavier Brunetière, a pourtant tenté de défendre ce texte prévoyant de diminuer le nombre de cantons par deux (25 au lieu de 49), mais pas le nombre d’élus puisque deux conseillers, un homme et une femme, seront issus de chaque canton.

"Les évolutions démographiques ont entraîné des écarts profonds entre les cantons, avec des disparités allant de 1 à 6 à La Réunion", a-t-il souligné. Et de poursuivre : "C’est pour établir l’égalité que cette loi a été adoptée, avec des exigences de parité, de rééquilibrage démographique et de proximité des élus. Avec ce nouveau découpage, l’écart sera réduit de 1 à 1,53 avec des cantons allant de 25 000 habitants pour le moins peuplé (Saint-Benoît 1) à 38 000 pour le plus peuplé (Saint-Denis 1)."

Un argumentaire qui n’a toutefois pas convaincu dans l’assistance, à commencer par la présidente Nassimah Dindar, dénonçant notamment "l’hypocrisie" de la défense de la parité, en pointant l’absence au sein de l’Assemblée nationale. "Je n’approuve pas qu’on distille des confettis en disant qu’on défend la parité. Ce n’est pas en mettant un homme et une femme sur un même territoire que l’on défend la parité", a-t-elle lancé.

Un point de vue partagé par pas mal de conseillers généraux, y voyant comme Daniel Gonthier "un alibi". L’élu de Bras-Panon s’est d’ailleurs montré un des plus véhéments : "On nous promettait le changement mais on découvre le bèsement, encore une fois ! C’est la fin des petites communes rurales de La Réunion !"

"On nous charcute sans anesthésie !"

Voilà ainsi le plus grand reproche fait à ce projet de décret : la surreprésentation des zones urbaines au détriment des territoires ruraux. "Je suis indigné par cette carte qui a été clairement réalisée en fonction d’intérêts électoraux et qui fait une victime, le monde rural", a ainsi estimé Stéphane Fouassin, adepte des formules chocs : "c’est un projet ruralicide alors qu’il aurait dû être ruralucide !" ou encore "le préfet a été opéré avec anesthésie, mais nous on nous charcute sans anesthésie !".

Pour Emmanuel Hoarau, il s’agit de "petits calculs machiavéliques", qui "éloignent les citoyens des institutions" selon Bruno Mamindy-Pajany, quand Olivier Rivière y voit un "tripatouillage électoral" et Bachil Valy un "manque de respect" et une "mascarade".

Les socialistes Jean-Jacques Vlody et Philippe Leconstant se sont donc trouvés bien seuls pour défendre le projet du gouvernement face à cette fronde quasi générale. Le premier a pourtant souligné "le tournant décisif et important" que représentait ce texte, parlant "d’équité" et "d’avancée majeure" et haussant le ton pour dénoncer la "mauvaise foi" des opposants. Le second a de son côté rappelé qu’il s’agissait là "d’une demande du conseil constitutionnel", car "on ne peut pas se satisfaire de l’injustice actuelle avec des cantons de 5 000 habitants et d’autres de 30 000", insistant à son tour sur les deux objectifs de "rééquilibrage démographique" et de "parité".

Face à ces différents points de vue, Nassimah Dindar a assuré qu’elle enverrait la synthèse la plus large possible au ministère de l’Intérieur, afin que toutes les opinions soient représentées. Mais on a bien compris de quel côté penchait la balance du conseil général.

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