Si la manifestation prévue à Paris est annoncée historique avec une mobilisation jamais vue, celle organisée ce dimanche 15 mars 2015 n'a pas été du même calibre. Seule une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant la préfecture de Saint-Denis pour "dénoncer le danger" du projet de loi santé porté la ministre Marisol Touraine.
Route du littoral fermée, dimanche ensoleillé, mobilisation à Paris… Les médecins réunionnais n'avaient que l'embarras du choix pour s'excuser de ne pas être venus à la mobilisation organisée ce dimanche matin devant la préfecture de Saint-Denis. Si les professionnels de santé n'espéraient pas un énorme rassemblement, ils ne s'attendaient pas pour autant à un tel revers.
Alors que des dizaines de milliers de professionnels doivent défiler ce dimanche après-midi dans les rues de la capitale dans une manifestation annoncée comme historique par les organisateurs, les jardins de la préfecture de Saint-Denis ont été assez peu remplis par les Réunionnais du monde de la santé.
"Je suis particulièrement déçue de la mobilisation. Tout le monde a reçu sur sa boîte mail l'invitation à venir manifester le 15 mars. Nous sommes 1280 médecins libéraux à La Réunion et on en compte à peine une cinquantaine ici. Je suis très inquiète de notre avenir à tous. On est tous d'accord pour que dire que c'est grave et que l'on va nous enterrer. Mais nous sommes les premiers responsables de notre enterrement car nous ne nous mobilisons pas assez", a déclaré à la tribune Geneviève Sidibe Kah, gynéclogue-obstétricienne.
"On ne cherche pas le nombre"
En effet, de nombreuses personnes ont manqué à l'appel puis le syndicat des médecins libéraux n'a pas appelé à manifester à La Réunion ce dimanche. Le SML, soulignant avoir participé au défilé du 26 février dernier, estime que les médecins réunionnais devaient plutôt garnir les rangs de la mobilisation organisée à Paris. "Seul un grand rassemblement national dans une manifestation unique à Paris peut prétendre infléchir une politique de casse de la santé", a écrit le docteur Humbert Gojon, président de l'organisation.
Pour Philippe de Chazournes, délégué DOM de la Fédération des médecins de France, cette mésentente entre syndicats n'est pas très importante. "Pour moi une cinquantaine de personnes, c'est inespéré. Vous savez, Irène Frachon était toute seule lorsqu'elle a révélé le scandale du Médiator. On ne cherche pas le nombre, mais le creusement des idées pour expliquer notre contestation aux patients", affirme le médecin.
Dans tous les cas, et malgré la très grande mobilisation prévue ce dimanche à Paris, le gouvernement risque bien de faire passer quoi qu'il arrive la loi de santé. Manuel Valls l'a répété ce mardi à l'Assemblée nationale, tandis que Marisol Touraine a annoncé que le tiers payant sera bien généralisé en 2017. "C'est un peu démoralisant. Mais je ne suis pas sûr qu'elle passe. Il est bien probable que notre ministre trépasse avant", répond, confiant, Philippe de Chazournes.
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Pas facile d'être libéral dans un pays socialiste.