Deux journalistes du quotidien Madagascar Matin sont en détention provisoire pour diffamation ce mardi 22 juillet 2014. Le directeur de la publication et le rédacteur en chef du journal sont sous mandat de dépÎt suite à la publication d'un courrier des lecteurs dans lequel membres du gouvernement sont accusés d'un trafic de bois de rose. Rivo Rakotovao, ministre d'Etat chargé de l'aménagement du territoire, avait notamment porté plainte. Le procÚs des deux hommes doit avoir lieu ce mercredi. (capture d'écran Madagate.com)
Jean-Luc Rahaga et Didier RamaÂnoelina, directeur de publication et rĂ©dacteur en chef de Madagascar matin, ont passĂ© leur nuit derriĂšre les barreaux. Dans la soirĂ©e du lundi 21 juillet 2014, les deux journalistes ont Ă©tĂ© mis en dĂ©tention provisoire pour " dĂ©lit de presse ".
Un courrier des lecteurs publiĂ© le 12 juillet dernier par le quotidien est lâorigine de cette dĂ©cision de justice. Dans cette tribune libre, Ă©crite par un citoyen malgache, plusieurs ministres sont pointĂ©s du doigt et accusĂ©s dâĂȘtre impliquĂ©s dans un trafic de bois de rose. VisĂ© par cet article, Rivo Rakotovao a dĂ©cidĂ© de porter plainte. "Câest mon honneur et ma personne qui ont Ă©tĂ© bafouĂ©s. Jâaurais dĂ©posĂ© la mĂȘme plainte mĂȘme si je nâĂ©tais pas ministre", a dĂ©clarĂ© le ministre dâEtat chargĂ© de lâamĂ©nagement du territoire, rapporte ce mardi lâExpress de Madagascar.
Mais lâemprisonnement des deux responsables du journal - qui plaident non coupable - entraĂźne surtout des interrogations. "Cela n'est absolument pas justifiĂ©, c'est une mesure pour mettre en garde les autres journalistes parce que ces derniers temps, il y a eu beaucoup de menaces directes ou indirectes de la part des dirigeants. En fait, c'est un message pour dire aux autres de se calmer", a assurĂ© Lalatiana Rakotondrafy, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale du syndicat des journalistes malgaches, Ă RFI.
En effet, la Grande Ăle accueille en ce moment - sous l'Ă©gide de l'ONU - des discussions autour dâun nouveau code de la communication, avec au coeur des dĂ©bats la dĂ©pĂ©nalisation des dĂ©lits de presse. "Tout dĂ©montre que le rĂ©gime a du mal Ă se dĂ©faire des pratiques politiques des derniĂšres dĂ©cennies, en dĂ©pit des promesses dâinsuffler le vent du changement dans la gestion des affaires du pays", soulignait vendredi lâObservateur de la vie publique du pays dans les colonnes de lâExpress de Madagascar.
Sur la forme de lâaffaire, le syndicat des journalistes remet Ă©galement en question la procĂ©dure visant Jean-Luc Rahaga et Didier RamaÂnoelina. "Pourquoi les enquĂȘtes ont-elles Ă©tĂ© menĂ©es par la section criminelle de la gendarÂmerie ? Un dĂ©lit de presse est-il un crime ?", sâinterroge lâorganisation. Le procĂšs des deux journalistes prĂ©vu ce mercredi pourrait apporter des premiers Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse.
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