Ce vendredi 5 décembre 2014 marque le premier anniversaire du décès de Nelson Mandela. L'ancien président sud-africain, icône de la lutte anti-apartheid, s'était éteint à Johannesbourg dans la nuit du 5 au 6 décembre 2013, suscitant une profonde vague d'émotion dans le monde entier. Un an après, son message de paix et de tolérance est plus que jamais d'actualité, mais bien souvent oublié dans un monde de plus en plus troublé par les replis identitaires.
Il y a un an, toute la planète vibrait à l’unisson pour rendre hommage à "Madiba". En Afrique du Sud, on pleurait la disparition du grand artisan de la réconciliation, du père d’une nation "arc-en-ciel" qui demeure aujourd’hui du domaine du mythe. À La Réunion, on saluait la mémoire d’un grand homme dont l’île s’est toujours sentie proche. Dans le monde entier, les chefs d’État reprenaient à leur compte le combat de Mandela pour une Afrique du Sud unifiée, pour un monde de paix, contre toutes formes de discrimination.
Mais douze mois plus tard, une fois passé le temps du recueillement et des hommages, les belles déclarations sont bien vite passées à la trappe. Jamais le monde n’a paru si troublé, si divisé, si désorienté. L’ouverture a cédé la place au repli sur soi pendant que la peur de l’autre ne cesse de gagner du terrain.
Pris dans le feu croisé des extrémismes, les civils israéliens et palestiniens sont là pour en témoigner, pendant que l’Amérique d’Obama s’embrase après la mort de jeunes noirs tués par les forces de l’ordre. Quant à cette France donneuse de leçons, elle se complaît chaque jour davantage à montrer du doigt ses immigrés, responsables ici de la délinquance, là du chômage. Quand Mandela se battait contre l'apartheid, on reparle de "droit du sang" et de "préférence nationale".
La misère, la crise, l’échec des politiques, la perte de repères dans un monde globalisé ont favorisé cette vague de haine aux antipodes des idées du premier président noir d'Afrique du Sud. Une porte identitaire dans laquelle se sont engouffrés les pires fanatiques, jusqu’aux coupeurs de têtes de l’État islamique.
Ce qu’aurait pensé Madiba de tout cela, on ne le saura jamais. Mais son message érigé en modèle il y a un an semble aujourd’hui enterré comme au fin fond d’une cellule de Robben Island. Espérons qu’il y passe moins de temps que son auteur.
Guilhem George pour www.ipreunion.com
