Après Sainte-Suzanne, c'est à la mairie du Tampon où rien ne va plus. L'information était révélée par le Quotidien ce vendredi 27 janvier 2012. Lors de la réunion d'Objectif Réunion ce mercredi 25 janvier, Didier Robert et son mouvement politique ont accepté le principe d'organiser des élections municipales anticipées dans la commune tamponnaise, avant les élections législatives de juin 2012. En cause selon le président de Région : "une gestion municipale actuellement désastreuse et aventureuse" et un "maire isolé, qui prend seul ses décisions". Il vise Paulet Payet, à qui il avait laissé son fauteuil de maire en avril 2010, faute de pouvoir cumuler tous ses mandats. Le maire actuel du Tampon, lui, se défend : "Avec cette volonté d'élections anticipées, Didier Robert fait preuve d'irresponsabilité et d'irrespect envers la population. Il a une boulimie de pouvoir que je ne comprends pas. Ses méthodes sont un scandale pour la démocratie. Il m'accuse de gestion désastreuse, c'est plutôt lui qui a laissé la mairie du Tampon sur la paille", lâche Paulet Payet. La guerre est plus que jamais ouverte.
Les hostilités sont ouvertes au Tampon, où l'on semble se diriger tout droit vers des élections municipales anticipées. Objectif Réunion, le mouvement politique de Didier Robert, a en effet acté le principe d'élections municipales anticipées dans cette commune du Sud, dont le président de Région est l'ancien maire. Pour que ces élections se tiennent, il faudra obtenir la démission d'un tiers des élus du conseil municipal.Didier Robert reproche à son successeur d'être "un maire isolé qui prend seul les décisions". "La gestion municipale du Tampon est actuellement désastreuse et aventureuse. Il y a une rupture entre le maire et la population, entre le maire et les élus. Il faut revoir le fonctionnement de la mairie. Il n'y a qu'un seul moyen pour cela : il faut redonner la parole aux électeurs", estime Didier Robert.
C'est pourtant bien lui qui a passé le flambeau à Paulet Payet en avril 2010, alors qu'il venait d'être élu président de la Région, et qu'il se retrouvait dans l'obligation d'abandonner un mandat. "J'en porte en partie la responsabilité", reconnaît Didier Robert, mais il attaque la gestion de son successeur. "Des engagements ont été pris en 2008 par l'équipe municipale. Paulet Payet n'est pas dans la continuité de ces projets, et le Tampon est confronté à des problèmes budgétaires", ajoute-t-il.
Certains pourraient voir dans cette volonté d'évincer Paulet Payet un parallèle avec la situation politique actuelle à Sainte-Suzanne. Dans cette commune, le parti communiste réunionnais a poussé à la démission un tiers des élus afin de provoquer de nouvelles élections. Objectif avoué : faire élire Maurice Gironcel. Objectif aussi potentiellement dangereux pour le PCR puisque 3 candidats se réclamant de ses rangs sont en compétition. Du jamais vu.
Le président de Région de défend de vouloir provoquer une situation similaire au Tampon et donc, de fait, d'utiliser les "méthodes communistes" qu'il n'a de cesse de condamner. "Les contextes ne sont pas les mêmes. La situation au Tampon n'a rien à voir avec ce qu'il se passe à Sainte-Suzanne. Je ne suis pas attaché à un mandat. Je ne fais pas de politique politicienne. Je suis attristé de cette situation, mais pour moi, il n'y a pas d'autres solutions que de se retrouver devant les électeurs", affirme Didier Robert.
De son côté, Paulet Payet déplore les propos du président de Région. "Il devrait être prudent quand il parle. Il m'accuse de mauvaise gestion, mais c'est lui qui a laissé la mairie du Tampon sur la paille", affirme le maire actuel. "La chambre régionale des comptes rendra bientôt public le rapport de la mandature de Didier Robert, et je suis persuadé que son image auprès de la population tamponnaise en sera dégradée", avance Paulet Payet.
L'actuel maire du Tampon considère que les méthodes d'Objectif Réunion relèvent de "l'irresponsabilité d'un élu". "De tels agissements sont scandaleux pour la démocratie. C'est un mépris total de la population que de forcer des élections, tout ça pour des enjeux de pouvoir", annonce Paulet Payet. Selon lui, en effet, Didier Robert a "une boulimie de pouvoir et ne supporte pas que quelqu'un ait un avis différent du sien".
Interrogé sur l'origine des tensions entre les deux hommes, Paulet Payet répond : "Depuis le départ, les rapports ne sont pas au beau fixe. Didier Robert voulait faire de moi sa marionnette, il a essayé de m'imposer certaines décisions, et quand j'ai refusé, il a voulu me mettre en minorité. Je ne me laisserai pas faire".
Selon l'actuel maire, le président de Région aurait décidé de provoquer les élections anticipées pour une raison bien précise. "La problématique de l'eau au Tampon est sur le point d'être réglée en 2012, ce qu'aucun maire n'est parvenu à faire jusqu'à maintenant. C'est une chose qu'il ne doit pas supporter", assure Paulet Payet. "Mais s'il met un frein à ça, il devra rendre des comptes à la population et je serai en tête du combat", prévient-il.
En cas d'éventuelles élections anticipées, Didier Robert annonçait ce vendredi avoir trois adversaires : le maire actuel Paulet Payet, l'ancien maire André Thien-Ah-Koon et le socialiste Jean-Jacques Vlody. Ce dernier regrette "le chaos politique de la commune du Tampon". "La majorité a explosé en plein vol et on assiste à une lutte de pouvoir. Dans l'intérêt des Tamponnais, il est urgent qu'une autre équipe se mette en place pour éviter une catastrophe", déclare Jean-Jacques Vlody.
Le ton est donné au Tampon. Reste à savoir si les conseillers municipaux accepteront de démissionner....
