Un champignon attaque le petit condiment vert

Pilon cherche piment

  • PubliĂ© le 17 novembre 2011 Ă  07:00
Etal de piment

Quel est l'ingrédient principal de la cuisine réunionnaise ? Beaucoup répondront le piment, ce petit condiment vert ou rouge, qu'on accommode à tous les plats et à toutes les sauces. Sur les marchés de l'île, une augmentation du prix du petit piment péi a pu être constatée ces derniers jours. En cause : l'anthracnose, un champignon qui s'attaque au feuillage. S'il ne met pas directement en péril la vie de la plante, c'est la qualité de la récolte qui est atteinte, et le piment vient même à manquer sur les étals.

Les fortes chaleurs reviennent actuellement à La Réunion et les conditions sont défavorables pour les piments péi car un champignon attaque les cultures. "Beaucoup d'agriculteurs de la zone Nord-Est se sont plaints de l'anthracnose. Ce champignon se caractérise par l'apparition de tâches brunes sur les feuilles, et crée un dessèchement sur les cultures de piment vert", explique Eric Poulbassia, technicien maraîchage des secteurs Nord et Est à la Chambre d'agriculture.

L'anthracnose sur les piments a été remarquée depuis 2010. "C'est une attaque assez récente. On a remarqué ces champignons depuis l'an dernier. J'imagine qu'ils proviennent d'un arrivage de l'extérieur, que certains agriculteurs ont ramené", ajoute Eric Poulbassia.

L'anthracnose freine ainsi la production de piment péi, et les agriculteurs se retrouvent dans l'obligation d'augmenter leurs prix. Une situation qui vient ajouter aux difficultés que rencontre la filière piment à La Réunion. "Les agriculteurs ne peuvent pas vivre uniquement de leur production de piment. Sur l'île, le piment est une culture d'appoint, on cultive toujours autre chose à côté", indique le technicien maraîchage du Nord-Est.

Lors des périodes de transition entre été et hiver, d'autres problèmes touchent les productions de piment. "La photosynthèse est bloquée par un fort développement d'acariens qui se logent dans les feuilles et la végétation se retrouve rabougrie, ajoutant au ralentissement de la production", signale Eric Poulbassia.

Sur toute l'île, la production de piment s'étend sur 40 à 45 hectares, selon les estimations données par le technicien maraîcher du Nord-Est. Les zones principales de production se trouvent à l'Entre-Deux, Pierrefonds, Saint-Joseph et Petite-Ile, qui concentrent 15 hectares de la production totale, pour 20 agriculteurs. Le piment péi se cultive aussi à Saint-Louis, l'Etang-Salé, le Port et la Possession. Au total, 250 tonnes sont produites localement chaque année, et on comptabilise moins de 10 tonnes importées qui proviennent principalement de Madagascar et de Maurice.

Le consommateur réunionnais reste très friand de son piment. "Sur les étals, même si le prix augmente, il y a toujours des clients pour acheter et réclamer du piment. Dans la tradition réunionnaise, le piment vert est essentiel. Il se consomme tous les jours. Beaucoup estiment que leur plat manque de saveur quand ils n'ont pas ce petit goût de piquant dans la bouche", souligne Eric Poulbassia.

Mais en ce moment, avec l'anthracnose qui touche certaines productions, "la récolte est un peu moins nombreuse ; dans les marchés, le piment s'écoule vite, et il n'y en a pas suffisamment pour satisfaire la demande", concède le technicien maraîcher.

Actuellement, les producteurs vendent un kilo de piment entre 4 et 5 euros le kilo aux bazardiers, lesquels les revendent entre 8 et 10 euros aux consommateurs. Si les palais chauffent, le porte-monnaie aussi.

Samia Omarjee pour
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