Les forêts envahies par les pestes végétales

"Préservons le patrimoine écologique de La Réunion"

  • Publié le 18 février 2010 à 00:00
L'arrachage de pestes végétales suppose une lutte constante et régulière. (Photo : ONF)

Les milieux insulaires, au fort taux de plantes indigènes, sont très sensibles aux bouleversements écologiques. L'invasion des plantes exotiques représente, à La Réunion, la principale menace pour les espèces endémiques. Le professeur Ian Macdonald, coordinateur du Programme global sur les invasions dans les aires protégées (SCOPE), et une équipe de 4 scientifiques ont mené deux missions, l'une en 1989, le seconde en 2010, afin d'établir une expertise globale sur les plantes exotiques envahissantes et leur évolution. Le bilan de ces recherches, 21 ans après les premiers relevés, a été publié ce mercredi 17 février 2010.

Depuis son arrivée sur l'île, l'homme a introduit, volontairement ou non, près de 3000 espèces exotiques venant de toutes les parties du monde. Certaines d'entre elles ont trouvé des conditions écologiques adéquates et prolifèrent au détriment des espèces endémiques, c'est-à-dire qui n'existent que sur l'île. On les appelle les " pestes végétales ". Plus d'une centaine sur les espèces introduites qui se sont propagées dans la nature, sont devenues envahissantes. Ian Mac Donald et son équipe les ont étudiés de près.

" Le patrimoine écologique si exceptionnel de La Réunion est menacé, " c'est ce qui ressort des études menées par ces scientifiques. Le longose, le raisin marron, le bringellier marron, le fuschia, l'ajonc d'Europe, la liane papillon, l'herbe chiffon ou herbe de jouvence, le goyavier, la passiflore... Font partie de la centaine de pestes végétales reconnues sur l'île.

Parfois appréciées pour leur aspect ornemental, leur parfum ou pour leur qualité gustative, ces végétaux ont pourtant des " comportements d'envahisseurs ". Leur pouvoir d'adaptation, leur rapidité de multiplication, leur résistance et l'absence de leurs prédateurs naturels, leur permettent d'envahir l'ensemble des écosystèmes naturels de l'île. Les espèces indigènes peu habituées à lutter contre des plantes introduites se régénèrent de moins en moins rapidement. C'est ainsi que les espèces étrangères prennent le dessus. "L'invasion de ces plantes entraîne inévitablement la disparition progressive de certaines espèces endémiques si rien n'est fait, diminuant ainsi la biodiversité," s'alarme le Dr Ian Macdonald. " Devant ce constat, de nombreux programmes de lutte et d'actions de prévention doivent être menés pour tenter de les éradiquer ou au mieux de limiter leur propagation," poursuit le professeur.

" Face à ce véritable fléau des forêts que sont les espèces invasives, plus le mal est diagnostiqué et traité tôt, plus la forêt a de chances de se rétablir," commente Soudjata Radjassegarane, directrice de l'Environnement, de l'Aménagement et des Travaux au conseil régional.

" Il faut mettre en place, le plus rapidement possible, une gestion précise des forêts, mener des actions de lutte avec des techniques nouvelles, mais avant tout il faut une bonne connaissance des espèces ciblées et des milieux à protéger qu'il s'agira de cartographier," préconise Ian Mac Donald. " Il faut une approche stratégique. Et puis la solution passera aussi par la prévention."

Quelques exemples de pestes végétales :
- Raisin marron (originaire d'Indonésie)
Il forme des fourrés épineux très denses qui étouffent toute végétation
- Longose (originaire d'Asie)
Cette herbacée forme des tapis très denses dans les sous-bois obscurs
- Goyavier (originaire du Brésil)
Cet arbuste possède des fruits rouges et charnus très appréciés par la population
- Ajonc d'Europe (originaire d'Europe)
Espèce très envahissante dans les formations éricoides
- Liane papillon (originaire de Malaisie)
Elle recouvre et entoure les plantes jusqu'à les étouffer

Annabelle Ovré pour
guest
0 Commentaires