Il doit entrer en vigueur le 1er janvier 2014

Prix des carburants : un décret "édulcoré", les gérants de stations toujours inquiets

  • Publié le 4 décembre 2013 à 05:00
Station service

Ce lundi 2 décembre 2013, l'Autorité de la concurrence a donné son feu vert au projet de décret de Victorin Lurel sur les prix des carburants dans les cinq départements d'outre-mer. L'objectif est de réguler les marges jugées trop élevées des compagnies pétrolières et d'apporter davantage de transparence. Pour les gérants de stations-services, qui étaient opposés à un nouveau décret, il s'agit surtout de "beaucoup de bruit pour rien", pour un texte "largement édulcoré" qui n'ôte pas leurs inquiétudes quant à l'avenir de la filière dans les DOM.

Le jeudi 17 octobre dernier, l’ensemble des stations-services de l’île avait baissé le rideau à l’occasion de la visite de Victorin Lurel, les gérants ne voulant pas du nouveau décret projeté par le ministre des Outre-mer. Quelques semaines plus tard, ils ne semblent toutefois pas prêts à envisager de nouvelles actions, alors que le décret vient d’obtenir l’aval de l’Autorité de la concurrence et devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2014.

"On a manifesté, on a fait nos remarques et on est arrivé à se faire entendre", souligne Gérard Lebon, président du SRESS (Syndicat réunionnais des exploitants de stations-services), selon lequel ce décret est en conséquence "largement édulcoré". "Le ministre a voulu plus de transparence et l’Autorité de la concurrence ne pouvait qu’émettre un avis favorable. Ce décret ressemble beaucoup à l’ancien, à deux points près, donc pour nous ce n’est ni une révolution, ni une surprise", estime-t-il. Au contraire, pour Gérard Lebon, il s’agit surtout de "beaucoup de bruit pour rien".

Les changements apportés par le décret Lurel concernent surtout les pétroliers, comme la SRPP (Société réunionnaise des produits pétroliers), dont le gouvernement souhaite réguler les marges, conformément à une promesse de campagne de François Hollande. Le premier objectif est de mettre en place un "mode de calcul plus transparent du prix des carburants" en séparant au niveau de la comptabilité, le stockage d’un côté, et la distribution de l’autre. Les compagnies pétrolières devront également fournir des justificatifs pour détailler les frais entrant dans la composition des prix.

De plus, un arrêté ministériel fixera à l’avenir un plafond du rendement financier de ces groupes monopolistiques qui raffinent et stockent le carburant. Ainsi, le ministère des Outre-mer indique que "les actionnaires de la SARA (pour les Antilles et la Guyane, ndlr) et de la SRPP ne pourront pas exiger des rendements supérieurs à 9 % pour leurs activités en monopole".

Mais si la plupart des parlementaires socialistes de l'île se sont vivement félicités de cet aval de l'Autorité de la concurrence et de cette nouvelle transparence promise, les gérants de stations-services demeurent eux inquiets de voir les pétroliers répercuter la baisse de leurs marges sur les emplois ou sur les loyers des stations. "Il y a toujours cette crainte", confie Gérard Lebon. "En Guyane, une compagnie pétrolière a repris des stations en gestion directe. Si c’est ce qu’on veut pour les DOM, on va y aller, mais les politiques devront prendre leurs responsabilités et ne pas dire que tout est de la faute des groupes privés", affirme-t-il.

Le décret Lurel ne bouleversant pas l’établissement des prix des carburants en Outre-mer, aucun nouveau blocage n’est pour l’instant prévu du côté des gérants de stations. Mais le calme ne pourrait être que provisoire, comme le laisse entendre le président du SRESS : "Il y a une intersyndicale au niveau des Antilles, de la Guyane et de La Réunion et le président a sollicité un rendez-vous avec des représentants de l’État avant le 15 décembre. S’il ne l’obtient pas, il se réserve le droit de mener de nouvelles actions..."

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