Si Donald Trump divise les AmĂ©ricains par ses outrances, il les met au moins d'accord sur un point: l'incongruitĂ© de sa coiffure, qui devrait ĂȘtre son premier chantier de campagne, selon des stylistes consultĂ©s par l'AFP.
La chevelure du candidat républicain à la Maison Blanche est "à cheval entre une queue de loutre et un épi de maïs en fleur", décrit poétiquement le coiffeur français Frédéric Mennetrier, dont la clientÚle compte Kim Kardashian ou le mannequin brésilien Alessandra Ambrosio.
Pour ce spécialiste de la couleur, les balayages capillaires de M. Trump évoquent "l'art contemporain", une "performance conceptuelle", "apparemment pour lui l'expression d'une éternelle jeunesse". En effet, suivant les photos et les saisons, les cheveux du milliardaire épousent toute une palette de teintes, du jaune canari au fauve orangé. La bizarrerie est accentuée par sa longue mÚche latérale, qui lui cache entiÚrement le front.
Cristophe, le styliste des personnalitĂ©s de Beverly Hills, analyse ainsi le phĂ©nomĂšne: "80% de la chevelure de Donald Trump est peignĂ©e sur le mĂȘme cĂŽtĂ©, pour la faire apparaĂźtre la plus Ă©paisse possible et couvrir (son crĂąne) autant que possible. C'est pourquoi sa raie est si basse".
Dans les années 1970, les photos de Trump le montrent avec les cheveux déjà assez longs, la raie à droite. Dix ans plus tard, la raie est passée à gauche. Le front est dégagé. La "choucroute" bien laquée apparaßt vers la fin des années 1980. Désormais emblématique, il suffit aux caricaturistes de la dessiner, sans le reste du visage, pour qu'instantanément le lecteur visualise le personnage.
Le magazine The Economist l'a représentée sur une de ses couvertures, flottant au-dessus de la Maison Blanche. "Washington, on a un problÚme", a-t-il titré, en référence au célÚbre SOS de la mission spatiale Apollo 13.
Pour Stéphane Bodin, qui a coiffé Uma Thurman, Naomi Watts, Jean Dujardin ou Eric Cantona, la chevelure de Trump, avec sa coloration "jaune d'oeuf, jaune poussin", est "le comble du mauvais goût".
"Normalement on cache son front par timidité, par introversion, mais ce n'est pas son cas", ajoute-t-il à propos du magnat de l'immobilier, qui séduit ou consterne des millions d'Américains par ses provocations populistes, machistes ou tout simplement vulgaires.
L'actualitĂ© capillaire de "The Donald", ainsi que l'a surnommĂ© sa premiĂšre femme Ivana, remonte Ă loin, selon une biographie non autorisĂ©e de l'homme d'affaires: les Ă©poux, qui ont divorcĂ© en 1991, se seraient crĂȘpĂ© le chignon, au sens littĂ©ral du terme, un soir de 1989, Trump Ă©tant furieux d'une rĂ©duction de tonsure selon lui ratĂ©e par un chirurgien recommandĂ© par Ivana.
Et, selon Louis Licari, le fidÚle coiffeur d'Ivana cité dans la presse, Donald Trump s'est fait poser des implants.
L'intĂ©ressĂ© assure en tout cas ne pas porter de perruque. "Mes cheveux ne sont peut-ĂȘtre pas trĂšs beaux. Mais ce sont les miens", a-t-il affirmĂ© Ă un journaliste de Channel 4. Lors d'un meeting l'Ă©tĂ© dernier en Caroline du Sud, le nabab a demandĂ© Ă une militante anonyme de monter sur scĂšne pour vĂ©rifier l'authenticitĂ© de sa toison crĂąnienne.
Et, lors d'un autre rassemblement politique dans ce mĂȘme Etat fin dĂ©cembre, le candidat climato-sceptique a raillĂ© les mesures anti-aĂ©rosols. "Je veux utiliser de la laque, mais ils disent que c'est mauvais pour l'ozone", a-t-il lancĂ© devant ses partisans ravis.
Moumoute ou pas, les experts interrogĂ©s par l'AFP estiment que le candidat pourrait amĂ©liorer l'esthĂ©tique de sa permanente. "M. Trump fait partie des ces gens qui doivent changer leur regard sur eux-mĂȘmes. ArrĂȘter de vouloir une couleur qui n'est plus la sienne. D'autant que M. Trump est nĂ© chĂątain clair. Pourquoi ce blond/roux multidimensionnel ?", s'interroge FrĂ©dĂ©ric Mennetrier.
"S'il modifiait sa coiffure, cela ferait les titres de la presse internationale", souligne Cristophe, habituĂ© des stars pour s'ĂȘtre occupĂ© de Dustin Hoffman ou Bruce Springsteen.
Lui-mĂȘme s'est retrouvĂ© en 1993 au centre d'une polĂ©mique nationale aprĂšs avoir coiffĂ© le prĂ©sident Bill Clinton Ă bord d'Air Force One, l'avion Ă©tant immobilisĂ© sur le tarmac de l'aĂ©roport de Los Angeles, dont les deux pistes avaient Ă©tĂ© fermĂ©es le temps de la coupe. Un Ă©pisode surnommĂ© "Hairgate".
Quelle stratégie adopterait-il si Trump était son client ? "J'agirais graduellement, en coupant chaque mois un peu plus court. Il faudrait raccourcir les cÎtés et je pense qu'on peut améliorer le dessus sans rabattre de mÚche. DerriÚre, c'est également nettement trop long. Et je ferais une teinture professionnelle qui ne serait pas orange".
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AFP

