Alors que les députés ont adopté (339 voix pour, 151 contre) ce mardi 2 décembre 2014 une résolution encourageant le gouvernement à reconnaître l'État palestinien, un rassemblement de soutien a réuni en parallèle près de 200 personnes sur le parvis des Droits de l'homme de Champ-Fleuri, à Saint-Denis, à l'initiative de la députée socialiste Ericka Bareigts. "Cette résolution est une petite goutte car elle n'a pas force d'obligation, mais elle participe à un mouvement qui est en marche au niveau européen", a souligné la parlementaire. "Si on répond à la violence par l'inaction, on donne raison à ceux qui utilisent la violence", a-t-elle ajouté en réponse aux détracteurs de cette initiative.
Comme à l’Assemblée nationale, où les députés de l’opposition ont exprimé leurs réserves sur l’initiative du groupe socialiste, ce sont essentiellement des personnalités venues de la gauche qui se sont rassemblées ce mardi en fin d’après-midi à Champ-Fleuri. Des socialistes comme Ericka Bareigts, Philippe Leconstant ou Christian Annette, des communistes comme Yvan Dejean ou Maurice Gironcel, des Verts comme Jean-Pierre Marchau. Mais aussi des représentants d’associations et des personnalités venues du monde religieux.
Pour tous, il s’agissait de soutenir la résolution votée à l’Assemblée nationale pour "inciter" le gouvernement français à reconnaître un État palestinien, dans la foulée des parlements britanniques et espagnols, mais aussi de la Suède, devenue le 30 octobre dernier le premier pays de l’Union européenne à reconnaître la Palestine comme un État. Auparavant, 135 pays avaient déjà franchi le pas.
"Une étape importante"
Reste désormais à savoir quelle sera la portée de cette résolution symbolique puisque non-contraignante pour le gouvernement, critiquée par la droite mais aussi par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, estimant que "la reconnaissance d’un État palestinien par la France serait une grave erreur".
"Après l’adhésion à l’Unesco, après le statut d’observateur non-membre aux Nations unies, c’est une étape importante", considère Houssen Amode, président de l’association musulmane de La Réunion. "C’est un petit pas, mais il faut le faire et c’est tout à l’honneur des parlementaires qui l’ont fait", ajoute-t-il. Quant à Ericka Bareigts, elle estime que "c’est important car historiquement c’est une décision de l’ONU, en 1948, et à la sortie de cette décision il n’y a pas eu la création de l’Etat de Palestine ; donc au regard du droit international, il est important de rétablir les choses".
Alors que certains voient dans la reconnaissance de l’État palestinien une "provocation", les personnes rassemblées ce mardi à Champ-Fleuri y touvent au contraire un préalable indispensable à la paix. "C’est un moyen de faire pression sur tous ceux qui aujourd’hui sont en situation de discussion, ce qu’on appelle le processus de paix, qui stagne. La mauvaise idée, c’est de rester dans le statu quo, qui permet tous les excès, de geler la situation telle qu’elle est aujourd’hui", souligne Houssen Amode. "Si nous souhaitons la paix, il faut absolument qu’il y ait deux Etats. Il faut que les deux peuples puissent vivre dans la dignité", abonde Ericka Bareigts.
"Bousculer un peu les choses"
Après les députés, les sénateurs seront à leur tour appelés à se prononcer sur la question le 11 décembre prochain. Quant au gouvernement, il sera libre d’impulser ou non un mouvement susceptible de se répandre sur le continent, le parlement européen pouvant lui aussi être sollicité dans un proche avenir. "On a deux ans pour arriver à faire un mouvement cohérent pour qu’en 2016 lorsque la Palestine soit de nouveau à l’ONU pour plaider sa cause, elle ait l’Europe derrière elle", souligne Ericka Bareigts.
Après ces résolutions, il s’agira toutefois pour tous ces parlementaires de se pencher sur la réelle situation israélo-palestinienne aujourd’hui, de comprendre que la création d’un État palestinien "dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale" – comme c’est le plus souvent suggéré – est devenue impossible au vu des implantations israéliennes en Cisjordanie, et qu’une solution pacifique à ce conflit demandera beaucoup plus d’efforts et de volontarisme, notamment venus d’Amérique.
En attendant, comme le souligne Houssen Amode, "il n’en reste pas moins que cette initiative des parlementaires est importante car elle permet de bousculer un peu les choses". Dans le contexte actuel, c’est peut-être déjà pas si mal.
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