Ce jeudi 3 décembre 2014, une instruction est toujours organisée à Mayotte suite au décès d'un homme en situation irrégulière qui était poursuivi par plusieurs policiers. Alors que la police des polices mène l'enquête sur cette mort suspecte, France Mayotte Matin s'est intéressé au CESEDA. Ce code d'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile réprime fortement l'aide à l'immigration clandestine. Mais selon le quotidien mahorais, "les effets ne se font guère sentir lorsque les textes en vigueur sont particulièrement durs et comminatoires. Les risques pour les contrevenants sont énormes et ils ne dissuadent pas grand monde."
D'après les autorités officielles, 35 % de la population de l'île de Mayotte est étrangère. Cette forte proportion de personnes en situation irrégulière - problématique majeure du 101e département français - profite tout de même à certaines personnes à la recherche d'une main d'oeuvre non déclarée et peu onéreuse. "Ce schéma se retrouve partout à Mayotte, dans la construction des maisons, dans l’exploitation des terres, chez les taximen, […] pêcheurs, agriculteurs, maçons, femmes de ménage", explique France Mayotte Matin.
Pourtant, le code d'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile appliqué à Mayotte indique que "toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de 5 ans et d’une amende de 30 000 euros." La peine peut même monter jusqu'à 750 000 euros d'amende et 10 ans de prison en cas de circonstances aggravantes.
Des sanctions lourdes, qui sont pourtant loin d'être appliquées. "Il y a quelques semaines, trois individus se sont présentés à la barre du tribunal correctionnel alors qu’ils étaient accusés d’avoir mis en place un trafic de clandestins via des kwassas entre Anjouan et Mayotte. Malgré leurs aveux, tous les 3 ont pu rentrer chez eux sans être inquiétés", relate ainsi le quotidien mahorais.
Une impunité qui a de quoi motiver l'arrivée massive d'étrangers sur l'île au lagon où les bidonvilles se permettent le luxe d'être alimentés par des lignes électriques. "Veut-on vraiment lutter contre l’immigration clandestine ?", s'interroge Samuel Boscher, le rédacteur en chef du journal. Du côté du fournisseur d'électricité mahorais, la réponse est plutôt réaliste : "il n’est pas de notre responsabilité directe d’agir à l’encontre des contrevenants car il s’agit de sécurité publique. Si vous coupez un compteur qui éclaire une colline, que va- t-il se passer ? La colline descendra dans la rue pour manifester."
En 2011, le PIB de Mayotte s'élevait à 7 900 euros par an et par habitant. Soit le résultat le plus de bas de France et d'Outre-mer. Mais ce chiffre ne prend pas en compte l'économie parallèle générée par l'immigration clandestine "grâce aux revendeurs d’énergie, d’eau, de patrons embaucheurs de clandestins, d’agriculteurs ayant besoin de main d’œuvre et de fonctionnaires qui doublent leurs emplois en faisant conduire des taximen en brousse", souligne France Mayotte Matin. Une situation qui ne risque pas de changer tant que les tribunaux ne donnent pas l'exemple.
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