Une centaine de médecins a manifesté ce jeudi 26 février 2015 à Saint-Denis contre le projet de loi santé porté par la ministre Marisol Touraine. A l'appel des syndicats SML (syndicat des médecins libéraux), CSMF (confédération des syndicats médicaux français) et MG (médecins généralistes), un défilé mortuaire a été organisé entre le Jardin de l'Etat et la préfecture. Ils souhaitent interpeller la population sur les risques "liberticides" de cette réforme du système de santé. Une délégation a été reçue par le cabinet de la préfecture afin de recueillir les doléances des organisations qui demandent la réécriture - ou le retrait pur et simple - du texte.
Après la loi Macron, c'est la loi de Santé qui est dans le viseur des syndicats. Le projet de réforme de Marisol Touraine doit aujourd'hui faire face à la contestation des professionnels de santé. A l'appel de trois organisations, les médecins ont défilé ce jeudi pour faire entendre leur voix. Equipés de brassards noirs et d'un cercueil, une centaine de personnes a manifesté afin d'interpeller la population sur le "futur décès du système de santé actuel."
Le parcours de santé prévu par la ministre des Affaires sociales est notamment critiqué par les médecins. "Ce ne doit plus être au patient de s’adapter au système, mais au système de s’organiser pour répondre aux besoins du patient. Il faut en finir avec les cloisonnements et apporter des réponses en fonction de la réalité du parcours du patient", avait déclaré Marisol Touraine lors de la présentation de son projet de loi, le 15 octobre 2014.
Une définition qui n'est pas la même pour Humbert Gojon, président du syndicat des médecins libéraux à La Réunion : "c'est une loi qui enlève la liberté de choix au patient et qui enlève la liberté de concevoir son travail pour les médecins. Ça change énormément de choses. Le patient se trouve dans un système où on lui imposera son médecin de quartier comme on vous impose l'école publique pour les enfants."
En défilant le long de la rue de Paris, les médecins généralistes espèrent interpeller les patients et engendrer une "prise de conscience". "Il y aura une perte du secret médical ainsi qu'une perte de la liberté du choix du patient. On part sur une médecine à deux vitesses", estime Christine Kowalczyk, présidente de la CSMF Réunion (Confédération des syndicats médicaux français).
La loi de santé présentée par Marisol Touraine prévoit surtout la généralisation du tiers-payant. Un dispositif qui devrait être mis en place avant 2017 pour l'ensemble des Français. "Lors d’une visite médicale, les Français n’auront plus à payer avant de se faire rembourser. L’assurance maladie paiera directement le professionnel. C’est un gage de sécurité pour les usagers et d’efficacité pour les professionnels de santé", avait déclaré la ministre.
Mais pour Humbert Gojon, cette facette de la réforme est un leurre. "On veut faire croire aux Français qu'ils sont soignés de façon injuste. C'est faux. Le système français est exemplaire, tous les gens pauvres ou qui ont des maladies très graves sont pris en charge gratuitement en France. Cela représente presque 5 millions de personnes. Ce n'est pas un tiers-payant généralisé qui va régler les problèmes, au contraire, cela va entraîner du gaspillage", souligne le président du SML.
Cette manifestation organisée à La Réunion sera suivie le 15 mars par une mobilisation nationale à Paris. "Ce gouvernement a réussi à faire en sorte que les différents syndicats de professions de santé arrivent à s'entendre et à défiler ensemble, ce qu'on a jamais vu. […] Pour la première fois, 46 syndicats de professions de santé réunis pour la même contestation. C'est une contestation humanitaire, face à un gouvernement anti-social. La santé a un coût, mais on ne doit pas écarter les libéraux du système de santé", précise Humbert Gojon.
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