Selon l'institut de la statistique 168 900 logements sont à construire d'ici 2035

Le Bâtiment en crise tient Salon et ne croit pas aux chiffres de l'insee (actualisé)

  • Publié le 12 octobre 2018 à 06:15
  • Actualisé le 12 octobre 2018 à 11:03

Inauguré jeudi 11 octobre 2018, le premier Salon du BTP (Bâtiment et Travaux Publics), qui se tient à la NordEv jusqu'au 14 octobre, est destiné à porter les espoirs d'une profession malmenée par les coupes budgétaires décidées au niveau national. Lors de l'inauguration, les élus locaux, départementaux et régionaux ont tenté tant bien que mal de rassurer les métiers du bâtiment, rappelant l'importance des investissements réalisés et à réaliser par leurs collectivités respectives. Néanmoins, le ton était plus que soucieux dans les allocutions des professionnels du bâtiment. Même l'annonce par l'Insee d'un besoin de 168 900 logements d'ici 2035 n'a pas réussi à dérider les professionnels du Bâtiment.

En marge de cette inauguration, Imaz Press s'est entretenue avec Bernard Siriex au sujet de l’analyse de l’Insee et de la DEAL parue le jour-même, affirmant que la Réunion aurait besoin de 168 000 logements d’ici 2035.

Une annonce plutôt révélatrice de lendemains qui chantent pour le BTP à La Réunion ! Sauf que, dans ce domaine, Bernard Siriex ne croit pas aux contes de fées… " Je ne sais pas d’où ils tirent ces chiffres, s’étonne Bernard Siriex. Notre analyse, c’est que 22 000 familles sont en attente de logements à La Réunion. Je ne sais pas comment l’Insee peut parvenir à de telles évaluations à l’échelle de dix-sept ans alors même que la Ministre de l’Outremer dit qu’il faut construire dans tout l’Outremer 15 000 logements par an ". 

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Pas suffisamment de foncier

Pour La Réunion, la FRBTP estime nécessaire un fond de roulement de 4 000 logements neufs, 1 000 en réhabilitation et 1500 en accession à la propriété en secteur plus résidentiel. " On n’y parvient pas actuellement, regrette Bernard Siriex. On arrive difficilement à construire 3 000 logements par an, parce qu’il n’y a pas assez de foncier disponible en zones constructibles. "

La demande des jeunes couples va en effet davantage vers des lotissements de maisons individuelles, ce qui "mange" du foncier. "Il faudrait faire des quartiers mixtes, mixant le logement social, résidentiel et les villas individuelles", estime le président de la FRBTP.

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La loi de finances 2019 en arbitre

Jeudi soir, les adhérents de la FRBTP se sont retrouvés en assemblée générale à la NordEv. Forcément, l'annonce des 168 900 logements a fait les choux gras des débats. "Même si on ne comprend pas d'où l'Insee et la DEAL tirent leurs chiffres, on est satisfaits parce qu'ils ont enfin reconnu qu'il y a un réel besoin de logements à La Réunion."

Si ce rapport de l'Insee ouvre symboliquement au moins le champ du possible, reste pour les professionnels du bâtiment deux interrogations : où trouver le foncier pour construire ces milliers de logements et comment financer ces programmes ?

La FRBTP va donc se rapprocher dès la clôture du Salon du BTP de l'Insee et de la DEAL pour interroger leurs chiffres. "Nous, nous sommes prêts à répondre présents", affirme Bernard Siriex.

Avec un bémol toutefois : les orientations de la loi de Finances 2019. "Si on nous retire les abaissements de charges, c'est clair, ce sont 10 000 emplois perdus !", prophétise le président de la FRBTP. "A l'heure actuelle, on ne peut rien budgéter, car on ne sait pas encore combien nous coûtera le taux horaire de nos salariés en 2019". A ce compte-là, les 168 900 logements ne sont pas prêts de sortir de terre...

Vouloir n'est pas synonyme de pouvoir

A la lecture de notre article ce matin, l'INSEE nous a aimablement envoyé sa méthodologie (que nous n'avions pas mise en doute, en ce qui nous concerne) pour parvenir à un décompte de 168 900 logements nécessaires. Dont acte. Mais les interrogations de Bernard Siriex sur ce décompte, quelle qu'en soit la méthodologie, portaient plutôt sur deux points essentiels évoqués plus haut : le décompte du foncier disponible et les moyens pour les entreprises d'embaucher du personnel qualifié. En clair, il ne suffit pas de vouloir, encore faut-il... pouvoir.

Quand le bâtiment va...

Malgré ces perspectives un tantinet moroses, ce jeudi 11 octobre en fin de matinée, le BTP était sur son 31 à la NordEv : les professionnels du bâtiment et des travaux publics étaient fiers d'inaugurer ce premier Salon du BTP à La Réunion. En témoignaient les nombreuses personnalités invitées à  prendre la parole avant la traditionnelle coupure de ruban. Elus des collectivités locales, du Conseil Départemental, du Conseil Régional, représentants du préfet de La Réunion, des Fédérations régionale et nationale des entreprises du Bâtiment et des Travaux Publics, tous ont dit l'importance de la vitalité du secteur du bâtiment pour l'économie réunionnaise et aussi pour le bien-être des Réunionnais.

Néanmoins, si les fondations des propos restaient les mêmes, "Quand le bâtiment va, tout va...", les charpentes des discours différaient. Les représentants des fédérations régionale et nationale ont insisté sur les difficultés du secteur liées à la fin de l'allocation logement accession, aux décisions prises en haut lieu de l'Etat pénalisant les entreprises du bâtiment, appelées à "rester vigilantes". D'autant que, comme le martèle Bernard Siriex, président de la FRBTP, " dans le secteur du BTP à La Réunion, on compte 18 000 chômeurs pour 17 000 salariés".

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Les élus, pour leur part, ont rappelé leur engagement au côté des entreprises réunionnaises, citant le montant de leurs investissements (notamment 140 millions d'euros pour le Conseil Départemental auxquels s'ajoutent 70 millions d'euros de Pactes de solidarité avec les communes, 50 millions d'euros pour la Ville de Saint-Denis...), ou encore leurs efforts pour aider les TPE et PME à accéder à la commande publique via le SBA, comme l'a rappelé le président de la Cinor, Gérald Maillot. 

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ml/www.ipreunion.com

 

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2 Commentaires
Paulo
Paulo
5 ans

Si c'est le cas on pourrait avoir le nom du cabinet qui a trouvé ces chiffres pour l INSEE. Il pourra sûrement défendre sa position

Jacques
Jacques
5 ans

Le bâtiment, tout ce qui l'importe, c'est de mettre tout le monde dans des cubes en béton, le tout avec le maximum de profit !
La qualité de vie du Réunionnais, il s'en bat les !