En fin d'après-midi ce samedi 26 mars 2011, 100 000 foyers du Sud et de l'Ouest étaient concernés par des délestages tournants, annonce EDF. Le Nord commençait à être affecté. Ces perturbations sont dues à une nouvelle grève des salariés de la Séchilienne Sidec, propriétaires des centrales thermiques du Gol et de Bois Rouge. Les grévistes ont arrêté toute production depuis 22h30 ce vendredi. 60% de la production électrique n'est plus donc assurée. EDF, qui produit les 40% restants de l'électricité utilisée à La Réunion tente de "répartir au mieux" sa production, mais les délestages ne peuvent être évités. Une cellule de crise a été activée en préfecture
Par le biais de la police et de la gendarmerie, la préfecture a lancé des réquisitions à l'encontre des grévistes. Lesquels sont introuvables puisque absents de leur domicile. "Le préfet a réquisitionné les agents indispensables au fonctionnement des deux centrales. Les grévistes se sont soustraits à la notification en organisant leur absence de leur domicile" indique la préfecture dans un communiqué rendu public en début d'après-midi. "Policiers et gendarmes sur l'ensemble de l'île poursuivent leur action pour procéder à la remise individuelle de ces réquisitions. Ces dernières sont le seul moyen en l'état d'assurer la couverture des besoins prioritaires en électricité de l'île" dit encore la préfecture. Sans la reprise de fonction des grévistes réquisitionnés, il est en effet impossible de réactiver la production dans les deux centrales. Du coup, le préfet rappelle que "le refus d'exécuter les réquisitions constitue un délit".La préfecture demande enfin aux maires de prendre toutes les dispositions utiles en vue d'assurer le bon fonctionnement des bureaux de vote (moyens d'éclairage de secours...)" afin que le second tour des cantonales ce dimanche ne soit pas perturbé par un "conflit social qui concerne quelques dizaines de salariés".
EDF note pour sa part ce samedi en fin d'après-midi que les deux centrales fournissent en temps normal 210 mégawatts. "Pour compenser ce manque de production EDF a démarré tous ses moyens de production (...) mais ils ne sont pas conçus pour fonctionner en continu" ajoute explique EDF. Malgré "l'utilisation complète" de ces moyens de production, "la production d'électricité reste insuffisante pour répondre à la demande" précise EDF. Cela d'autant qu'une avarie sur une turbine à combustion de la centrale thermique du Port dans le courant de l'après-midi, commence à perturber l'alimentation électrique dans le Nord. "Un appel au civisme des Réunionnais est lancé afin qu'ils modèrent leurs consommations électriques, notamment lors de la pointe du soir, entre 19 et 21 heures" termine EDF.
Par ailleurs, dans un communiqué, le Sidélec Réunion autorité organisatrice du service public de la distribution d'électricité demande "aux différentes parties en négociation de retrouver rapidement le chemin de la raison et de la responsabilité afin qu'une solution de sortie de crise soit trouvée", afin aussi "de ne pas pénaliser la population réunionnaise et le monde économique, déjà mis en difficulté en cette période de crise". Car, dit le Sidélec Réunion, "il s'agit de protéger le tissu social et économique réunionnais particulièrement fragile en ce moment".
Ce vendredi 25 mars, Patrick Hoarau, secrétaire général à la CGTR EDF avait prévenu que "les salariés pourraient mettre en place des actions dans les prochaines heures, ou les prochains jours". Une décision prise à la suite d' une série de réunions entre la CGT et les directions d'EDF et de la Séchilienne Sidec.
Selon la CGT, "devant le silence des employeurs, les salariés n'ont pas eu d'autres choix que de se mettre en grève illimitée". "Une nouvelle fois les pouvoirs publics ont réagi par la répression plutôt que par la recherche d'une solution au problème de fond sur lequel ils peuvent intervenir. L'état, au travers des ministères concernés, a été saisi depuis de nombreux mois de cette question. Il est temps qu'il prenne ses responsabilités en prenant les mesures nécessaires à la pleine application des textes statutaires et de ses engagements passés notamment du protocole de 1972", poursuit le syndicat dans un communiqué.
Rappelons que les salariés de la Séchilienne Sidec et d'EDF exigent une surrémunération de salaire de 53%. Cela afin que leurs appointements soient alignés sur ceux de la fonction publique d'État. Ils basent leur revendication sur l'interprétation d'un des articles de loi régissant leur statut. Actuellement ces personnels perçoivent des salaires déjà indexés de 25% par rapport à ceux de leurs collègues de métropole. "Le personnel revendique la juste application des règles pour lui comme pour les populations des DOM", indique la CGT.
Les salariés s'étaient déjà mis en grève pour le même motif début janvier et fin février dernier.