Manifestation des salariés du bùtiment

"ArrĂȘtons de jouer, l'heure est grave"

  • PubliĂ© le 19 mai 2010 Ă  11:00
Mercredi 19 mai 2010: les salariés du BTP se mobilisent à l'appel de l'intersyndicale (CGTR, CFE, CGC, CFDT)

A l'appel de l'intersyndicale (CGTR, CFDT, CFE, CGC), environ 700 salariĂ©s du BTP se sont rassemblĂ©s devant la prĂ©fecture. Ils rĂ©clament la relance immĂ©diate de l'activitĂ© du bĂątiment "sous peine de voir s'Ă©crouler un secteur Ă©conomique fondamental de La RĂ©union" selon l'expression de Jacky Balmine, dirigeant de la CGTR BTP. "Nous ne sommes ni de droite ni de gauche. Nous luttons tout simplement pour l'emploi. Il faut arrĂȘter de jouer. L'heure est grave", a t-il encore prĂ©cisĂ©. Une dĂ©lĂ©gation de grĂ©vistes est actuellement reçue en prĂ©fecture. Fait rare, le prĂ©fet Michel Lalande est sorti pour les accueillir en personne aux portes du bĂątiment prĂ©fectoral.

"Les Ă©lections sont passĂ©es, nous ne portons aucun jugement sur la nouvelle majoritĂ© et nous respectons le prĂ©sident en place. Mais il faut maintenant s'asseoir autour d'une table, prendre conscience que la situation est grave et se mettre au travail" insiste Jacky Balmine. "Nous ne pouvons pas ĂȘtre tributaires des arrĂȘts de chantiers Ă  chaque changement de majoritĂ© dans une collectivitĂ© locale", souligne t-il.

Il rappelle ensuite que la situation est "extrĂȘmement grave". "Lors de l'inauguration de la Route des Tamarins, en juin 2009, le Premier ministre François Fillon avait affirmĂ© qu'il ne laisserait pas tomber le secteur du bĂątiment", se souvient le dirigeant syndical. "Il y avait alors 500 personnes licenciĂ©es dans le secteur. Ce chiffre est dĂ©sormais passĂ© Ă  8 000. C'est une curieuse maniĂšre de ne pas laisser tomber le BTP", ironise amĂšrement Jacky Balmine.

À la question de savoir comment l'Etat pourrait participer Ă  la relance de l'activitĂ© dans le secteur, le syndicaliste rĂ©pond : "L'Etat s'Ă©tait engagĂ© Ă  construire 4 000 logements sociaux par an jusqu'en 2014. Nous en sommes trĂšs loin. À peine 9 500 logements toutes catĂ©gories confondues sortent de terre tous les ans et Ă  peine 1 500 d'entre eux sont des logements sociaux. Cela alors qu'il y a 27 000 demandes en attente", analyse le reprĂ©sentant de la CGTR. "Il faut que l'Etat prenne ses responsabilitĂ©s et tienne ses promesses", estime t-il en soulignant qu' "un logement construit, c'est 1,5 emploi de créé".

AprĂšs la rencontre avec le prĂ©fet, les grĂ©vistes ont prĂ©vu de se rendre au Conseil rĂ©gional. "Nous ne sommes pas dans un combat politique, mais nous nous battons pour l'emploi car la situation est dramatique", disent les manifestants. "Il faut arrĂȘter de jouer avec la vie de milliers de salariĂ©s et se mettre Ă  travailler. Il faut passer Ă  la vitesse supĂ©rieure", martĂšle Jacky Balmine.

Il énumÚre ensuite les projets annulés, notamment le PÎle Océan, le Zénith, la rocade du Tampon ou encore l'Hippodrome. "Nous nous sommes simplement contentés de faire des conférences de presse et ne pas agir lors de ces annulations. Maintenant, ça suffit", lance le dirigeant syndical.

Les manifestants dĂ©clarent ouvertement ĂȘtre "pour le lancement du chantier tram-train". "Quelle que soit la forme que doit prendre le chantier, il est Ă©vident qu'il faut le rĂ©aliser. Il serait irresponsable de ne pas nous entendre sur le sujet", explique Jacky Balmine. Les salariĂ©s du BTP rĂ©futent par ailleurs l'argument disant que le tram-train ne servira qu'aux grosses entreprises. "Ce sont plus de 500 millions d'euros qui iront directement dans les caisses des petites entreprises", signale le membre de la CGTR. "Aujourd'hui, nous ne faisons qu'entamer un combat. Il n'est pas terminĂ©. Nous ne passerons plus sur rien. C'est notre avenir mĂȘme qui est en danger", prĂ©vient Jacky Balmine.

En marge de la manifestation devant la préfecture, un incident a éclaté entre une partie des manifestants et un automobiliste qui voulait forcer le passage. Proférant des injures racistes, l'usager de la route a littéralement provoqué les grévistes. Une bagarre relativement violente s'en est suivie. Les forces de l'ordre sont intervenues. Elles ont maßtrisé avec beaucoup de mal l'homme qui était déchaßné. Il a été pris en charge et évacué par les pompiers.

guest
0 Commentaires