A l'appel de l'intersyndicale (CGTR, CFDT, CFE, CGC), environ 700 salariés du BTP se sont rassemblés devant la préfecture. Ils réclament la relance immédiate de l'activité du bâtiment "sous peine de voir s'écrouler un secteur économique fondamental de La Réunion" selon l'expression de Jacky Balmine, dirigeant de la CGTR BTP. "Nous ne sommes ni de droite ni de gauche. Nous luttons tout simplement pour l'emploi. Il faut arrêter de jouer. L'heure est grave", a t-il encore précisé. Une délégation de grévistes est actuellement reçue en préfecture. Fait rare, le préfet Michel Lalande est sorti pour les accueillir en personne aux portes du bâtiment préfectoral.
"Les élections sont passées, nous ne portons aucun jugement sur la nouvelle majorité et nous respectons le président en place. Mais il faut maintenant s'asseoir autour d'une table, prendre conscience que la situation est grave et se mettre au travail" insiste Jacky Balmine. "Nous ne pouvons pas être tributaires des arrêts de chantiers à chaque changement de majorité dans une collectivité locale", souligne t-il.Il rappelle ensuite que la situation est "extrêmement grave". "Lors de l'inauguration de la Route des Tamarins, en juin 2009, le Premier ministre François Fillon avait affirmé qu'il ne laisserait pas tomber le secteur du bâtiment", se souvient le dirigeant syndical. "Il y avait alors 500 personnes licenciées dans le secteur. Ce chiffre est désormais passé à 8 000. C'est une curieuse manière de ne pas laisser tomber le BTP", ironise amèrement Jacky Balmine.
À la question de savoir comment l'Etat pourrait participer à la relance de l'activité dans le secteur, le syndicaliste répond : "L'Etat s'était engagé à construire 4 000 logements sociaux par an jusqu'en 2014. Nous en sommes très loin. À peine 9 500 logements toutes catégories confondues sortent de terre tous les ans et à peine 1 500 d'entre eux sont des logements sociaux. Cela alors qu'il y a 27 000 demandes en attente", analyse le représentant de la CGTR. "Il faut que l'Etat prenne ses responsabilités et tienne ses promesses", estime t-il en soulignant qu' "un logement construit, c'est 1,5 emploi de créé".
Après la rencontre avec le préfet, les grévistes ont prévu de se rendre au Conseil régional. "Nous ne sommes pas dans un combat politique, mais nous nous battons pour l'emploi car la situation est dramatique", disent les manifestants. "Il faut arrêter de jouer avec la vie de milliers de salariés et se mettre à travailler. Il faut passer à la vitesse supérieure", martèle Jacky Balmine.
Il énumère ensuite les projets annulés, notamment le Pôle Océan, le Zénith, la rocade du Tampon ou encore l'Hippodrome. "Nous nous sommes simplement contentés de faire des conférences de presse et ne pas agir lors de ces annulations. Maintenant, ça suffit", lance le dirigeant syndical.
Les manifestants déclarent ouvertement être "pour le lancement du chantier tram-train". "Quelle que soit la forme que doit prendre le chantier, il est évident qu'il faut le réaliser. Il serait irresponsable de ne pas nous entendre sur le sujet", explique Jacky Balmine. Les salariés du BTP réfutent par ailleurs l'argument disant que le tram-train ne servira qu'aux grosses entreprises. "Ce sont plus de 500 millions d'euros qui iront directement dans les caisses des petites entreprises", signale le membre de la CGTR. "Aujourd'hui, nous ne faisons qu'entamer un combat. Il n'est pas terminé. Nous ne passerons plus sur rien. C'est notre avenir même qui est en danger", prévient Jacky Balmine.
En marge de la manifestation devant la préfecture, un incident a éclaté entre une partie des manifestants et un automobiliste qui voulait forcer le passage. Proférant des injures racistes, l'usager de la route a littéralement provoqué les grévistes. Une bagarre relativement violente s'en est suivie. Les forces de l'ordre sont intervenues. Elles ont maîtrisé avec beaucoup de mal l'homme qui était déchaîné. Il a été pris en charge et évacué par les pompiers.