Les salariés des concessions automobiles CFAO Motors Réunion (Citroën), en grève depuis le 14 novembre dernier, étaient assignés ce jeudi 12 décembre 2013 au tribunal de Champ-Fleuri, la direction leur reprochant d'entraver la libre circulation et la liberté de travail du personnel non-gréviste. Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu ce vendredi à 14 heures. Lors des débats, l'avocat de la direction, Me Pierre Mansuy, a ainsi avancé un délit d'entrave, évoquant la liberté de travail des salariés. De son côté, Me Alain Rapady, défendeur des grévistes, a contesté ces accusations, mettant surtout en avant un vice de forme.
"Les choses dégénèrent." C'est en ces termes que maître Alain Rapady a qualifié l'assignation en justice de ses clients, salariés grévistes de la concession Citroën. Ces derniers, qui sont en grève illimité depuis 25 jours, sont attaqués par leur direction pour délit d'entrave.
"Ce n'est pas une gêne normale, cette grève cause un trouble manifestation illicite. Les salariés sont dans l'impossibilité de travailler", a assuré maître Pierre Mansuy devant la cour. L'avocat des employeurs qui a mandaté un huissier pour appuyer ses propos demande une astreinte de 2000 euros : "l'huissier a vu les salariés individuellement au piquet de grève. Ses citations sont valables."
Du côté de la défense, Me Rapady conteste la légitimité de l'huissier, qui n'a pas remis en main propre les assignations : "Il a porté la parole de l'employeur sans preuve." "D'après les déclarations des uns et des autres, l'huissier s'est contenté de mettre les assignations sur la table du piquet de grève sans les remettre individuellement", note-t-il, précisant que "nous plaidons l'irrégularité de ces assignations". "Il n'y a pas de délit d'entrave, d'autant plus qu'il n'y a eu aucune intervention de la police", poursuit l'avocat dans son plaidoyer. Les syndiqués rappellent qu'ils manifestent uniquement sur la voie publique, à l'extérieur de l'entreprise.
Devant la justice, Eric Benavante, directeur général du groupe CFAO s'est dit abasourdi : "je respecte le droit de grève, mais j'ai aussi du respect pour la liberté du travail." Celui qui s'est présenté au tribunal en tant que représentant légal des groupes CFAO et CMM affirme que les salariés de Citroën commettent un préjudice important aux autres employés avec cette grève : "on m'a fait part d'invectives et de menaces. J'ai vu des salariés qui tremblent de peur."
La défense conteste la légitimité d'Eric Benavante devant le tribunal, évoquant l'article 117 du code de procédure civile : "l'assignation indique que les deux sociétés agissent par l'intermédiaire d'une personne physique, Marc Hirshverd, dont les salariés savent qu'elle n'est plus à La Réunion et qu'apparemment elle n'est plus le représentant légal", ajoutant que "ces deux sociétés se sont pris les pieds dans le tapis. Pour sa part, Eric Benavante l'a répèté au tribunal de Champ Fleuri : "je suis bien ici en tant que représentant légal des deux sociétés."
Les salariés grévistes seront fixés sur leur sort ce vendredi à 14 heures.
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