"La situation est tendue sur le système électrique réunionnais" indique la direction d'EDF ce jeudi matin 24 février 2011. À l'appel de la CGTR, les salariés des centrales thermiques du Gol (Saint-Louis) et de Bois Rouge (Saint-André) sont en grève depuis 0 heure ce jeudi 24 février 2011. Les deux usines, qui appartiennent à la Séchilienne-SIDEC, ont réduit leur production d'électricité de 40 Mégawatts au total. Elles fournissent en temps normal 210 Mégawatts, soit 60% des besoins de l'île en électricité. Les salariés des agences EDF du Moufia Saint-Denis, de Saint-Pierre, de Saint-André, du Port et de la centrale du Port sont également en grève. Mais la production électrique d'EDF n'est pas perturbée pour le moment. Les grévistes réclament l'alignement de leurs salaires sur ceux de la fonction publique d'État, ce qui signifie l'attribution d'une surrémunération de 53%
Pour pallier le déficit de production chez Séchilienne-SIDEC et assurer la continuité de la fourniture, tous les moyens de production d'EDF seront utilisés" souligne la direction d'EDF. Elle ne prévoit pas de coupure de courant pour la journée, mais avoue que "la situation est précaire".Devant les agences EDF, du Moufia Saint-Denis, de Saint-Pierre, de Saint-André, du Port et de la centrale du Port, des piquets de grève ont été mis en place très tôt dans la matinée. Des chaines ayant été posées sur les grilles des agences Saint-Pierroise et dionysienne, la direction d'EDF a fait dresser un constat d'huissier pour entrave à la liberté du travail. "C'est de la provocation, les collègues sont surement réagir" tempêtait un syndicaliste.
Au Port l'ambiance était plus détendue. Les grévistes expliquaient les raisons de leur mouvement aux clients lesquels repartaient sans grand mécontentement.
En milieu de matinée ce jeudi, aucune rencontre n'était prévue entre les directions d'EDF et de la Séchilienne-SIDEC et les grévistes.
Rappelons que le 1er janvier dernier, sur la base de la même revendication, la CGTR EDF avait déclenché une grève dans les deux centrales thermiques. Ces unités fournissant 60% du courant utilisé sur l'île, le réseau d'alimentation électrique avait été très perturbé. Le mouvement de grève avait globalement été mal perçu par le monde économique en particulier et la population en général. Ainsi, n'ayant plus la possibilité de conserver leur production, les éleveurs de la Sicalait avaient déversé 80 000 litres de lait devant la centrale thermique du Gol.
La CGTR avait suspendu son mouvement le 4 janvier. Mais elle avait prévenu qu'elle entamerait de nouvelles actions si les différentes réunions de négociations prévues avec les directions d'EDF et de la Séchilienne Sidec ne leur donnaient pas satisfaction.
Depuis, plusieurs rencontres ont eu lieu entre les syndicalistes et les directions. Elles n'ont débouché sur aucun accord. "Les limites acceptables d'une raisonnable patience sont maintenant dépassées, les organisations syndicales des pays d'Outremer se voient contraintes de défendre les intérêts des salariés qu'ils représentent" annonçait la CGT dans un communiqué publié ce mardi. "Gouvernement et entreprises concernés devront assumer pleinement, face à la population et au monde économique, le poids de leurs responsabilités conjointes" ajoutait le syndicat en prévenant, de fait, de l'imminence de la grève.
Elle est effective depuis 0 heure ce jeudi.
Mahdia Benhamla pour