Manifestation des salariés du bâtiment

"Le préfet ne fera pas de magie"

  • Publié le 19 mai 2010 à 13:00
Mercredi 19 mai 2010: les salariés du BTP se mobilisent à l'appel de l'intersyndicale (CGTR, CFE, CGC, CFDT)

"Nous n'avons pas de bonnes nouvelles. Nous ne sommes pas du tout rassurés", a lancé Jacky Balmine, représentant de la CGTR BTP, à l'issue de la rencontre avec le préfet Michel Lalande ce mercredi 19 mai 2010. "Comme il fallait s'y attendre, le préfet a prévenu qu'il n'y aurait pas de lancement de chantiers de logements sociaux avant 6 mois", a t-il précisé. Les grévistes se dirigent actuellement vers la Pyramide inversée où ils doivent être reçus par Didier Robert. "La Région doit nous écouter. Nous allons dire au président qu'il ne peut pas donner un coup de pied dans un chantier prêt à démarrer, car le préfet ne fera pas de magie", a t-il commenté. Seule éclaircie à l'issue de cet entretien avec le préfet, l'annonce de la mise en place d'une cellule de crise afin de venir en aide aux salariés licenciés du bâtiment et endettés. À l'appel de l'intersyndicale CGTR, CFDT, CFE, CGC environ 700 personnes manifestent depuis le début de la matinée pour obtenir la relance de l'activité dans le BTP.

Dans un communiqué publié par les services de la préfecture, le préfet Michel Lalande a affirmé avoir "pris toute la mesure de la fragilité de la reprise dans ce secteur". Ainsi, le représentant de l'Etat a annoncé que les outils contenus dans la Lodeom (loi sur le développement économique de l'Outre-mer) et les mesures prises lors du conseil interministériel des DOM en octobre 2009 seraient mobilisés "à l'issue du comité de suivi qui se réunira le 20 mai sous la présidence de la ministre chargée de l'Outre-mer, Marie-Luce Penchard". "De plus, la révision à mi-parcours du contrat de projet Etat-Région et des fonds européens permettra l'émergence d'investissements structurants", ajoute t-il.

Le préfet rappelle également que "le protocole Novelli est une réponse adaptée au traitement des dettes sociales et fiscales des entreprises du BTP et des transports". Un bilan du dispositif sera effectué le 3 juin prochain avec les signataires.

Enfin, le communiqué précise que deux réunions ont été organisées en préfecture "afin d'initialiser la démarche de recensement des chantiers du BTP sous maîtrise d'ouvrage public, pour soutenir le secteur". "Ces réunions ont permis de flécher 270 opérations représentant 426 millions d'euros d'investissement. Les travaux de ce groupe de travail seront rendus publics de la même façon que la consommation des crédits dans le domaine du logement social", peut-on lire dans le communiqué.

Après la rencontre à la préfecture, les manifestants ont pris la direction de l'hôtel de Région. "Les élections sont passées, nous ne portons aucun jugement sur la nouvelle majorité et nous respectons le président en place. Mais il faut maintenant s'asseoir autour d'une table, prendre conscience que la situation est grave et se mettre au travail" insiste Jacky Balmine. "Nous ne pouvons pas être tributaires des arrêts de chantiers à chaque changement de majorité dans une collectivité locale", souligne t-il.

"Nous ne sommes pas dans un combat politique, mais nous nous battons pour l'emploi car la situation est dramatique", disent les manifestants. "Il faut arrêter de jouer avec la vie de milliers de salariés et se mettre à travailler. Il faut passer à la vitesse supérieure", martèle Jacky Balmine. Il énumère ensuite les projets annulés, notamment le Pôle Océan, le Zénith, la rocade du Tampon ou encore l'Hippodrome. "Nous nous sommes simplement contentés de faire des conférences de presse et ne pas agir lors de ces annulations. Maintenant, ça suffit", lance le dirigeant syndical.

Les manifestants déclarent ouvertement être "pour le lancement du chantier tram-train". "Quelle que soit la forme que doit prendre le chantier, il est évident qu'il faut le réaliser. Il serait irresponsable de ne pas nous entendre sur le sujet", explique Jacky Balmine. Les salariés du BTP réfutent par ailleurs l'argument disant que le tram-train ne servira qu'aux grosses entreprises. "Ce sont plus de 500 millions d'euros qui iront directement dans les caisses des petites entreprises", signale le membre de la CGTR. "Aujourd'hui, nous ne faisons qu'entamer un combat. Il n'est pas terminé. Nous ne passerons plus sur rien. C'est notre avenir même qui est en danger", prévient Jacky Balmine.

En marge de la manifestation devant la préfecture, un incident a éclaté entre une partie des manifestants et un automobiliste qui voulait forcer le passage. Proférant des injures racistes, l'usager de la route a littéralement provoqué les grévistes. Une bagarre relativement violente s'en est suivie. Les forces de l'ordre sont intervenues. Elles ont maîtrisé avec beaucoup de mal l'homme qui était déchaîné. Il a été pris en charge et évacué par les pompiers.

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