Une soixantaine de personnes s'est réunie devant le parvis des Droits de l'Homme à Champ-Fleuri ce mardi 22 juin 2010 à l'appel de l'Alliance des Réunionnais contre la pauvreté (ARCP). Tour à tour, certains ont témoigné, sous le regard de la sénatrice Gélita Hoarau, leur difficulté face à la situation actuelle et ont dénoncé le projet de réforme des retraites actuellement en discussion au niveau national. Jean-Hugues Ratenon, responsable du collectif, a terminé la manifestation en appelant à une "mobilisation massive le 24 juin prochain pour manifester contre la réforme des retraites".
"Nous sommes ici pour parler des abandonnés de la retraite", a commencé Jean-Hugues Ratenon, en faisant référence au 120 000 chômeurs réunionnais (toutes catégories confondues), aux 8 000 bénéficiaires du Revenu de Solidarité (476,66 euros par mois) ou encore aux bénéficiaires de petites retraites ou du minimum vieillesse. "C'est l'occasion pour vous de libérer ce qui est au fond de votre c?ur", a lancé le porte-parole de l'ARCP, en s'adressant aux personnes qui avaient fait le déplacement sur le parvis des Droits de l'Homme. " La situation est telle qu'il faut sortir de l'ombre", poursuit-il.Un message entendu puisque quelques personnes ont tour à tour pris la parole pour faire part de leur sentiment face à la situation actuelle. D'abord Milot Richemond, un agriculteur à la retraite, a rappelé que le montant des retraites dans sa branche avoisine les 200 ou 300 euros par mois. "Qu'est ce qu'on peut faire avec 300 euros ?", demande t-il. "Pourtant nous avons un métier difficile. Sous la pluie ou sous le soleil, nous devons travailler pour avoir notre gagne pain. Et une fois à la retraite, on nous oublie", dénonce t-il, avec émotion.
Même son de cloche chez un autre agriculteur qui a commencé à travailler à l'âge de 10 ans. "J'ai eu ma première déclaration à la sécurité sociale à l'âge de 14 ans. Aujourd'hui je dois vivre avec 500 euros par mois. Qui peut vivre avec une telle somme ? ", s'interroge t-il. "J'ai eu la chance d'obtenir une petite retraite, mais j'ai un enfant qui a 43 ans et qui n'a jamais travaillé. Comment va t-il faire ?", s'insurge t-il. "Il n'aura rien", déplore t-il.
Les jeunes sont également inquiets sur leur avenir. C'est notamment le cas de Fabrice Grondin, 30 ans. "Cela fait 8 ans que je travaille. Je devrai cotiser encore 35 ans. Je ne sais même pas ce qu'il va advenir du système des retraites d'ici là", affirme t-il. Même inquiétude pour Alex Zebe, 45 ans et employé intérimaire. "On nous dit de travailler plus pour gagner plus. Aujourd'hui, on ne peut même pas travailler. Je ne sais pas à quel âge je pourrai bénéficier de ma retraite", lance t-il.
Puis la sénatrice Gélita Hoarau a pris la parole pour parler de "combat nécessaire" contre la réforme des retraites. Mais elle parle aussi de combat "triste". Triste, parce que "nos anciens ont donné le maximum dans leur catégorie professionnelle et ils sont aujourd'hui obligés de se battre encore pour les retraites", regrette l'élue. "J'ai commencé à me battre à l'âge de 17 ans. Aujourd'hui, nous voyons de belles routes, de beaux bâtiments. Mais j'ai l'impression que la situation sociale est la même qu'à l'époque de mes 17 ans", dénonce t-elle.
Face à cette situation, l'Alliance des Réunionnais contre la pauvreté appelle "à une mobilisation massive le 24 juin prochain pour manifester contre la réforme des retraites". Par ailleurs, le collectif a annoncé qu'un cahier de doléances serait mis à disposition de tous dans chaque commune. "Il sera transmis à Nicolas Sarkozy dans quelques mois", indique Jean-Hugues Ratenon.
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