À l’occasion d’Octobre Rose, Imaz Press publie chaque samedi un article de son dossier consacré au cancer et aux parcours de soin à La Réunion. Cette semaine, nous partons à la rencontre de Sabine Depaco, socio-coiffeuse. Armée de son peigne, de ses ciseaux et de son sèche-cheveux, ses gestes vont bien au-delà d’une simple coupe : ils redonnent confiance, dignité et estime de soi à des personnes fragilisées par la maladie, le handicap ou les violences (Photo vg/www.imazpress.com)
Dans une salle des locaux du Cevif collectif pour l'élimination des violences intrafamiliales (Cevif), à Saint-Denis, les gestes de Sabine Depaco semblent ordinaires : un peigne, des ciseaux, un sèche-cheveux. Mais ici, la coiffure n’a rien de banal. Chaque coupe, chaque échange fait partie d’un soin à part entière, pensé pour accompagner des personnes fragilisées par la maladie, le handicap ou encore les violences intrafamiliales.
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Certaines confient leur histoire pendant que les mèches tombent. "Je les mets en confiance et tout ce qui se dit reste entre elles et moi. On a des échanges et ça leur fait du bien de parler", raconte la socio-coiffeuse.
- Des soins adaptés aux personnes fragilisées -
Son métier, Sabine le définit comme "un soin du lien, du regard et de la dignité". Elle intervient dans plusieurs structures du sud de l’île, auprès de personnes âgées, de jeunes en difficulté ou encore de patientes atteintes de cancer. Dans ce dernier cas, son accompagnement débute parfois dès l’annonce de la maladie. "Je suis là pour les rassurer, leur expliquer ce qui va se passer avec leurs cheveux, proposer des prothèses, des soins adaptés. La socio-coiffure adoucit les effets secondaires des traitements et aide à passer les étapes difficiles, comme la perte de cheveux", explique Sabine. Regardez.
Ce parcours résonne particulièrement avec son histoire personnelle. Elle-même touchée par un cancer, un mélanome au niveau du cuir chevelu, il y a un an, Sabine raconte combien cette épreuve l’a encore rapprochée de ses patientes. "Je comprends tout de suite ce qu’elles ressentent. Comme elles, je suis une battante, une guerrière". Écoutez.
- Beaucoup de demandes mais pas assez de budget -
Elle explique que malgré les besoins importants, les budgets ne suivent pas toujours dans les structures.
Grâce à la Fondation L’Oréal, qui soutient plusieurs projets à La Réunion, Sabine a pu développer des interventions régulières auprès de femmes vulnérables, notamment au Cevif et au SAF. Mais les financements restent fragiles. "Ce n’est pas facile tous les jours, reconnaît-elle. Je m’accroche parce que je sais à quel point les besoins sont grands. Beaucoup de gens ignorent encore que la socio-coiffure existe".
Sabine espère que son métier, encore peu connu sur l’île, gagnera en visibilité et en reconnaissance. Car pour elle, la socio-coiffure n’est pas seulement une question d’apparence. C’est un soin de l’âme. "Quand une femme repart avec un sourire, je sais que j’ai réussi. C’est ça, mon métier".
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