À seulement 25 ans, Emeline Wetley réinvente le crochet avec sa marque Fruity Yarn. Couleurs acidulées, paillettes et créations sur mesure : la jeune créatrice transforme cet art traditionnel en pièces uniques, entre artisanat et tendance mode. Rencontre. (Photos rb/www.imazpress.com)
Qui se cache derrière Fruity Yarn ?
Emeline Wetley : "J'ai 25 ans et j'ai grandi dans l'est de la Réunion, à Bras-Panon, dans le quartier de la Rivière des Roches, et maintenant j'habite à Saint-Denis depuis fait huit ans".
D'où est venu ton intérêt pour le crochet ?
Emeline Wetley : "Je crois que c'est depuis mon enfance. J'ai toujours vu les gens autour de moi crocheter, et puis j'ai commencé à porter du crochet au collège, j'avais 12 ou 13 ans. J'avais une amie qui faisait du crochet et qui me vendait des pièces. C'est Rebecca, la créatrice de Run Dressing Vintage, une boutique en ligne de vêtements et accessoires de seconde-main. Elle est l'une des personnes qui m'a inspirée à commencer le crochet. Mais c'est grâce à ma grand-mère que j'ai vraiment commencé le crochet" Écoutez.
Qu'est-ce qui t'a donné envie de passer du loisir au professionnel ?
Emeline Wetley : "Ça s'est fait tout seul. Je ne me suis pas levée un matin en me disant "Ah, je vais commercialiser mon crochet". J'ai commencé à faire du crochet, j'ai fait quelques tenues... et puis les gens ont commencé à me demander de m'acheter des pièces. Je me suis dit que ça avait l'air de fonctionner alors j'ai décidé de lancer ma petite entreprise". Écoutez.
Pourquoi avoir choisi ce nom, Fruity Yarn ?
Emeline Wetley : "À la base, mes pièces étaient déjà un peu colorées, un peu exotiques, et donc je me suis dit, bon, alors comment je peux appeler mon entreprise pour que ça fasse un peu... De base, j'avais le mot Juicy en tête, Juicy, sauf que je crois qu'il y a une entreprise qui s'appelle déjà comme ça, et je me suis dit, bon, ça a l'air un peu fruité, coloré, tout ça, donc Fruity et Yarn, le fil en anglais".
Comment est-ce que tu décrirais ton style et ce qui rend tes créations uniques ?
Emeline Wetley : "Mon style est pailleté, coloré, frais, très estival. Ce qui le rend unique, je pense que c'est le design. Quand j'ai ouvert Fruity Yarn, c'était pour proposer des designs que je ne voyais nulle part ailleurs. En général, quand on parle de crochet, on imagine des pièces en acrylique, simples, pas forcément pailletées ou sans trop de matières différentes. Moi, je voulais faire quelque chose où on se dit : cette pièce-là, elle brille, c'est Fruity Yarn !
Et puis, chaque pièce personnalisable est unique. Je propose des modèles, comme les hauts papillons, qui peuvent exister en plusieurs exemplaires, mais pour les tenues personnalisées, on est vraiment sur des créations inédites". Écoutez.
D'où te viennent tes inspirations ? Comment est-ce que tu vas choisir les formes, les matières, les couleurs ?
Emeline Wetley : "En général, sur mes pièces, je travaille le sur- mesure et le personnalisable. Donc, mes inspirations vont dépendre des personnes. Il y a des personnes qui n'aiment pas forcément les couleurs, alors j'ai déjà fait des grandes pièces toutes noires. D'autres personnes adorent les couleurs, alors je vais travailler sur des pièces flashy ou des matières qui brillent. Ça dépend du style de chacun. Personnellement, j'aime beaucoup les couleurs pastelles mais je m'adapte toujours aux gens que j'ai en face de moi, à leur style et ce qu'ils veulent". Écoutez.
Et comment choisis-tu tes matériaux ?
Emeline Wetley : "Je travaille avec un seul type de fil : du coton 3-4 millimètres, bio, Ecotex, etc. Je pense que c'est le meilleur qui puisse exister en termes de création de crochets. Je change exceptionnellement de fil, par exemple si le client me demande une pièce pour aller dans l'Hexagone, en hiver. il faudra une matière un peu plus épaisse. Si on me dit que c'est pour se baigner vraiment à la plage, ce sera un fil différent. Pour les pièces pailletées, j'utilise des pelotes à sequins.
Comment se passe la création d'une pièce sur-mesure, de l'idée à la réalisation ?
Emeline Wetley : "Le cheminement de l'idée jusqu'à la pièce est assez long. La cliente va venir vers moi, je vais lui demander ses idées : forme, style, matières, couleurs et quelque chose de très important, ses mensurations. À partir de là, je fais un croquis. Dans un premier temps, je ne pense pas vraiment à comment je vais modéliser la pièce, mais juste je dessine. Je valide avec ma cliente et je me débrouille ensuite pour savoir comment je peux crocheter la pièce : quel point utiliser, quelle forme réaliser. Écoutez.
Combien de temps te faut-il pour réaliser une pièce ou une tenue complète ?
Emeline Wetley : "Le temps de préparation pour chaque commande va varier en fonction de la taille de la pièce, mais aussi du type de mailles. Il peut m'arriver de faire de très longues robes, très rapidement, parce que les mailles vont être très larges. Un haut papillon me prend à peu près deux à trois heures. C'est une pièce rapide. Je fais des hauts bandeaux à mailles larges, qui sont terminés en une heure. Comme les petits bonnets. Il va m'arriver de prendre beaucoup plus de temps, pour des ensembles complets à mailles serrées. Dans ce cas, je réserve une à deux semaines par pièce. Et là, je ne parle que de la confection.
Dans l'idéal, j'aime que les clientes me contactent au minimum un mois et demi à l'avance. C'est le temps qu'il me faut pour échanger avec elles, dessiner la tenue, qu'on se mette d'accord sur les couleurs, les formes, le choix des fils et la confection. En période de rush, comme pour le Grand Boucan par exemple, on a dû boucler des commandes dès janvier pour juin. Donc, oui... parfois, il faut être un petit peu patiente.
Tu as récemment organisé ton premier pop-up. Pourquoi cette initiative ?
Emeline Wetley : Samedi 9 août dernier, on a organisé notre tout premier événement avec Noémie Louisin, photographe réunionnaise. J'ai l'habitude de participer à des pop-ups. Depuis l'année dernière, j'en fais environ un par mois. Mais cette fois, on a voulu se lancer le défi de le faire à deux : c'était un vrai challenge. Ça s'est très bien passé et on est fières de nous". Écoutez.
Quelles sont tes ambitions pour Fruity Yarn dans les prochaines années ?
Emeline Wetley : "Je pense déjà développer l'entreprise. J'aimerais que tout soit plus fluide, que j'organise davantage de shootings photos, que j'améliore la communication. Le but est de faire connaître Fruity Yarn : c'est un premier objectif. Ensuite, je veux aussi développer l'entreprise de façon à me faciliter un peu le travail. Peut-être en recrutant quelqu'un pour m'aider à faire les pièces".
Si tu pouvais habiller n'importe quelle personnalité avec tes créations, ça serait qui ?
Emeline Wetley : "Je pense à une personnalité française : Léna Situations. En ce moment elle publie les vlogs d'août alors je la regarde tout le temps et je me dis : "mais waouh... si seulement je pouvais lui envoyer une tenue".
Qu’est-ce qui te rend le plus fière depuis la création de Fruity Yarn ?
Emeline Wetley : "La première chose qui me vient en tête là, c'est le pop-up. C'est la première fois que je me mets autant à fond dans un événement et je suis fière d'avoir réussi à créer ce moment pour rencontrer les gens. On a pu échanger, c'est plus humain. Et puis, le fait que l'événement se soit bien passé, j'en suis très fière".
Pour finir, quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer dans la création artisanale à La Réunion ?
Emeline Wetley : "Créer, c'est facile. Pour certains, ça peut être plus compliqué que d'autres. Mais ce n'est pas tant ça le challenge à La Réunion. Ce qui est plus dur c'est de faire vivre son entreprise. Donc, si j'avais un conseil à donner ça serait de bien s'informer sur les moyens qui existent, les aides. C'est aussi important de se créer un réseau et d'échanger avec les gens. Enfin il faut toujours se renouveler. Mine de rien, les gens s'ennuient très vite. Donc toujours apprendre, s'informer, se former et ne jamais se reposer sur ses lauriers."
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