Après les événements de ce jeudi soir au Chaudron et au Port

Violences urbaines : les moyens policiers en question

  • Publié le 31 janvier 2014 à 11:14

Au plus fort des échauffourées, dans la nuit de ce jeudi 30 janvier 2014, ils étaient une cinquantaine d'hommes mobilisés à Saint-Denis mais seulement une demi-douzaine au Port : les forces de l'ordre ont dû faire des choix pour gérer les événements, les effectifs en place dans la cité portoise n'ayant du coup pas les moyens de s'opposer aux pillards et aux casseurs.

Il est un peu plus de 21 heures ce jeudi 30 janvier, lorsqu’un camion s’enflamme à la Rivière des Galets, en travers du rond-point des Anglais. Policiers et pompiers arrivent sur les lieux, l’incendie est éteint mais d’autres points chauds sont signalés dans la ville du Port, au rond-point du Coeur-Saignant, celui des Danseuses et sur l’avenue Rico-Carpaye.

Mais dans le même temps, le quartier du Chaudron à Saint-Denis connaît lui aussi une forte montée en température. Une centaine de personnes ont pris place aux alentours du Jumbo Score, un conteneur a pris feu, des barrages de poubelles enflammées surgissent à divers endroits, un PMU a été pillé.

Les forces de l’ordre – CDI  (Compagnie départementale d’intervention) et GIPN (Groupe d’intervention de la police nationale) – sont dépêchées sur place, des effectifs mobilisés au Port étant rapatriés vers le chef-lieu. Vers 23 heures, c’est ainsi une cinquantaine d’hommes qui ont pris place sur le parking du Jumbo Score du Chaudron, faisant face à une cinquantaine de jeunes postés de l’autre côté du mail. Le jeu du chat et de la souris entre les policiers et les petits groupes mobiles de jeunes – qui n’attendaient que ça – débute pour quelques heures, à coup de grenades lacrymogènes d’un côté, contre jets des galets et incendies de véhicules et de mobilier urbain de l’autre.

Pendant ce temps, au Port, ils sont une demi-douzaine de policiers impuissants face à une centaine de jeunes dispersés un peu partout dans la ville, mais se concentrant notamment sur l’avenue Rico-Carpaye et ses commerces qu’ils tentent de fracturer et de piller. Un camion-bar et une pharmacie feront notamment les frais de ces violences, ainsi qu’un restaurant au niveau du rond-point des Anglais.

Devant ce déroulé des événements, les autorités ont donc dû "déshabiller" Le Port pour "habiller" le Chaudron. Pendant que les jeunes Dionysiens avaient droit à l’affrontement policier qu’ils cherchaient, les casseurs et pillards portois se retrouvaient libres de leurs mouvements, du fait du cruel manque d’effectifs des forces de l'ordre.

"Les effectifs des CDI ont passé la nuit à se déplacer en fonction de ce qu’il se passait", indique-t-on du côté du commissariat Malartic. "Cela a été apprécié dans l’instant avec les informations qu’on avait. C’est toujours facile de refaire la guerre le lendemain, mais il y avait un choix à faire dans l’urgence avec la vision du moment. C’est évident que si on avait cinq escadrons de gendarmes mobiles, ce serait plus facile, mais ce n’est pas le cas...", ajoute-t-on.

Le mercredi 22 janvier dernier, une cinquantaine de policiers avaient manifesté devant le commissariat Malartic de Saint-Denis. Ils protestaient certes contre le port du matricule, mais dénonçaient aussi un manque de moyens et d’effectifs. "Nous n’avons plus les moyens de protéger les biens et les personnes à La Réunion", s'alarmait notamment un leader syndical. Les faits récents semblent lui donner raison.

www.ipreunion.com

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3 Commentaires
Guillaume
Guillaume
10 ans

La réunion paye clairement le manque d'effectifs dans la police nationale. On en est donc au point de
Sacrifier une ville au profit d'une autre. Si j'ai bien compris 6 policiers
Au port contre 50 manifestants et 50 à saint Denis contre 50 manifestants.
Je ne souhaite pas remettre en cause l'organisation du maintien de l'ordre. Mais
qu'est ce qui serait arrivé si une autre ville s'était embrasée en même temps?
La réunion serait à feu et à sang avant que les renforts venus de métropole n'arrivent.
Quel gâchis! Quand on voit la liste des policiers très expérimentés dans les banlieues difficiles de la
Région parisienne qui attente désespérément leurs mutations...
Au fait, auprès de qui doit on se plaindre?

Sydney
Sydney
10 ans

A l'attention de Master bless...
Juste 2 questions : d'abord pouvez-vous nous dire à quoi on reconnait la nuit en plein désordre urbain, un "civile" non casseur d'un autre non casseur ? Ensuite que viennent faire des "civiles non casseurs" dans ce genre d'évènement ? Merci de votre réponse.
Ah, autre chose : puisque vous avez l'air d'être connaisseur en matière de maintien de l'ordre, expliquez comment vous feriez si vous étiez à la tête des forces de l'ordre.

master bless
master bless
10 ans

Si je comprend bien , ils ont préféré protégé le super marché ?...
Tout ca ne sert a rien pour l'avoir moi même vécu il ya 2 ans , au chaudron les policiers deviennent incontrôlable et ne calment jamais la situation .. et tire des lacrymo n'importe où, sans regarder si des civiles non casseurs sont dans cette zone ...