Ce mercredi 4 juin 2025, la santé sexuelle s'invite dans les rues de Saint-Denis. Jusqu'à 16h, les dionysiens peuvent se faire dépister gratuitement, anonymement et sans rendez-vous sur les infections sexuellement transmissibles (IST). Organisée par l’ARPSH Rive et le Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD), l'opération vise à favoriser l'accès à la prévention pour tous les publics. Au programme : distribution de brochures d'information, échanges, jeux pédagogiques sur les différents moyens de contraception et leur efficacité (Photos : rb/www.imazpress.com)
Dans la rue piétonne du centre-ville, les stands attirent la curiosité des passants. Le Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic du nord-est propose des tests rapides et confidentiels. "Nous proposons des dépistages sur les infections sexuellement transmissibles, le VIH, les hépatites, ou encore la syphilis." "Nous nous sommes organisés pour pouvoir faire des prélèvements vaginaux, de gorge ou urinaires pour des recherches bactériennes ça ne prend que quelques minutes", explique Marie Priscilla Moïdama, assistante médico-administrative. Regardez.
- Un accueil positif de la part du public -
Depuis 9 heures du matin, les dépistages s'enchaînent. Malgré les préjugés ou la peur des tests, les retours sont globalement positifs. Une jeune femme confie : "Cela fait un moment que je pensais à le faire et vu que je suis tombée sur cet événement je me suis dit que c'était l'occasion et que ça serait bien de savoir aussi."
D'autres s'arrêtent non pas pour eux mais pour leurs proches. C'est le cas de Mémé Germaine : "Je me renseigne parce que j'ai deux petites filles à la maison. Elles ne peuvent pas venir car elles travaillent donc je me suis arrêtée pour prendre quelques renseignements et prospectus."
Pour Samira Ahmed, étudiante en droit, ce genre d'événement est très important : "Je trouve que c'est une très bonne initiative, surtout pour nous les jeunes. Franchement, de moi-même je n'aurais jamais pensé à aller faire le test, c'est pour ça que c'est bien que le stand soit ici car il y'a beaucoup de gens qui passent."
Mais tous ne sont pas aussi réceptifs. Certaines personnes, interpellées dans la rue, ont décliné la proposition de dépistage, considérant que ce n’était pas nécessaire pour elles. Une réaction qui témoigne encore d’un sentiment de distance et d'invulnérabilité face aux infections sexuellement transmissibles. En touchant des personnes qui ne se seraient pas forcément déplacées dans un centre de santé, ces actions permettent de briser des tabous encore très présents autour de la sexualité, du VIH et du dépistage.
- Un parcours simple pour se faire dépister -
Le parcours est simple, tout d’abord une consultation avec le médecin qui à la fin fait une prescription, ensuite un enregistrement administratif pour pouvoir recevoir les résultats et puis pour finir les prélèvements qui sont réalisés par les infirmiers. Une logistique fluide pour encourager le passage à l’acte. Et cela semble fonctionner : des jeunes, des personnes âgées, des couples et des passants curieux s’arrêtent. Certains viennent volontairement, d’autres sont interpellés par les bénévoles.
À leurs côtés, l’association Rive intervient aussi, avec une approche à la fois informative et ludique. Yasmina Singamoutou, coordinatrice et conseillère conjugale et familiale, se charge de certains dépistages. "Nous sommes là pour faire du dépistage mais aussi de la prévention. Mes collègues tiennent un stand avec des brochures, des flyers sur les IST et la contraception." L’association propose également une pêche au canard pas comme les autres : chaque canard porte une méthode de contraception, il faut piocher une carte au hasard puis ensuite pêcher la contraception inscrite sur la carte. Après cela, les intervenants expliquent le fonctionnement de cette contraceptive. Regardez.
- Une urgence sanitaire bien réelle -
Si ces actions rencontrent un tel engagement de la part des professionnels, c'est parce que la situation préoccupante. Le Docteur Roland Rodet praticien hospitalier en maladies infectieuses et responsable du centre de santé de sexuelle du CHU de Bellepierre, rappelle les chiffres : "L'année dernière on a eu plus de 30 pour cent de patients qui ont découvert leur VIH. Cela représente 70 personnes nouvellement contaminées à La Réunion." Regardez.
Aujourd'hui, 1.181 personnes vivent avec la maladie sur l'île un taux comparable avec celui de la métropole donc on est plutôt bien. Mais l'environnement régional reste fragile : "Nous sommes entouré d'îles où le dépistage et la prise en charge sont plus difficiles, et ou l'épidémie est plus importante." Cependant le VIH n'est pas le seul virus progression. Le médecin alerte aussi sur la flambée d'autres infections sexuellement transmissibles : "Pour la syphilis et la gonocoque, on a également plus de 30 pour cent de cas chaque année depuis 2022."
Autres populations à risques, les personnes âgées, souvent oubliées campagnes de prévention. "Beaucoup de sexagénaires pensant qu'ils sont passés à travers les IST dans leurs jeunesses, donc qu'ils sont protégés mais ce n'est pas le cas." Il poursuit en disant : "Certains vont faire des voyages dans les pays voisins comme Madagascar et Maurice où comme je l'ai dit le dépistage est limité et reviennent infectés." Regardez.
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