Saint-Paul : un projet pour réhabiliter le cimetière des esclaves et des oubliés

  • Publié le 18 décembre 2025 à 14:07
  • Actualisé le 18 décembre 2025 à 15:20
Saint-Paul - réhabilitation cimetière marin et esclaves

La ville de saint Paul lance une étude sur le projet de réhabilitation du cimetière des esclaves et des oubliés. Un vaste projet de sanctuarisation, qui vise à sécuriser les lieux mais aussi à unifier les cimetières du front de mer de Saint-Paul. La fin des travaux est envisagées pour 2030 (Photos : rb/www.imazpress.com)

Découvert en 2007 après le passage du cyclone Gamède, le cimetière des esclaves et des oubliés se trouve derrière le célèbre cimetière marin de Saint-Paul.

Les fortes houles apportées par Gaméde avaient mis à jour la présence d'une dizaine de sépultures, en 2011, les fouilles archéologiques ont confirmé la présence de 7 niveaux d'empilements et plus de 2.000 esclaves. 

Les habitants du secteur s'en souviennent. À l'emplacement du cimetière des esclaves et des oubliés, il y avait autrefois, tour à tour, une forêt de filaos, un parking, puis des rochers pour délimiter le site.

Sur place, des passants donnaient des cours de yoga, et les dégradations de différents types étaient régulières. Sous le sable noir du front de mer de Saint-Paul, repose pourtant 4.000 esclaves. 

- Un patrimoine, lieu de mémoire - 

Face à l'Océan Indien, le cimetière est pourtant indiqué, une stèle commémorative surplombe les sépultures. On peut y lire ces mots de Beng-Thi :

"Ici reposent ceux qui ont traversé l'océan. Après le rapt et le viol des corps entassés dans le ventre obscur des navires prédateurs. Ici reposent ceux d'Afrique [...] Dans l'aube naissante, malgré le désarroi nous porterons vos sacrifices et vos murmures dans un roulement de tambour. Jusqu à la cime de l'océan libre."

C'est un lieu qui ne passe pas inaperçu, la réhabilitation de l'espace, des murs, des allés changeront les trajets des visiteurs. Autre changement, un nom unique, le cimetière marin et une ouverture pour en faire un seul lieu, un seul cimetière. Pour la mairie il s'agit de mettre fin à une ségrégation qui perdure dans la mort pour ces esclaves. 

- Un cimetière régulièrement profané - 

L'objectif de la ville de Saint-Paul, aujourd'hui, sécuriser et fermer les lieux.  Le maire Emmanuel Seraphin explique : "Jusqu’à aujourd’hui, cet espace était ouvert aux quatre vents, et il y avait un manque de respect de ces sépultures qui sont les sépultures de nos ancêtres. 1788, c’est la création de ce cimetière et depuis, il y a eu énormément d’inhumations ici." Écoutez.

Il ajoute : "C’est le plus grand cimetière d’esclaves de l’outremer français, entre 2.000 et 4.000 sépultures, on avait une responsabilité mémorielle et aussi une responsabilité juridique, car on ne peut pas laisser un cimetière aux quatre vents comme ça."

"Le mur qu’on a mis en place, c’est vraiment pour protéger la mémoire de nos ancêtres ici et c'est encore plus symbolique à la veille du 20 décembre que l’on puisse faire cet acte important pour notre mémoire."

À l'occasion des festivités du 20 décembre, une délégation Sud Africaine est attendue à La Réunion, c'est à Saint-Paul que Peace Bertha Mabe, vice ministre des arts et culture viendra se recueillir ce samedi 20 décembre 2025. Un geste symbolique en mémoire des esclaves venus d'Afrique. 

ee/www.imazpress.com/[email protected]

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