Parmi les autres folles et fous

Elles et ils seront infiltré.e.s dans le Grand Raid pour Imaz Press

  • Publié le 19 octobre 2022 à 05:22
  • Actualisé le 19 octobre 2022 à 05:47

Tic tac, tic tac… À la veille du départ du Grand Raid 2022, les raiders de La Réunion, de Métropole et du monde entier se préparent. La tension monte, les heures passent, le compte à rebours est lancé. Tous sont déjà dans leur bulle, prêt à arpenter les sentiers de La Réunion. Préparation du sac, préparation mentale… tous dorment course, rêvent course et mangent course. En tout, 6.502 athlètes vont chausser les baskets. Fidèle au poste comme chaque année, Imaz Press suivra les coureurs tout au long de leur course folle. Plusieurs de nos infiltrés parcourront les sentiers. (Photo d’illustration rb/www.imazpress.com)

Cette année, pour la Diagonale des Fous, les coureurs vont parcourir 165 km et plus de 10.217 mètres de dénivelé. Pour le Trail de Bourbon, c’est 109 km et 6.256 mètres de dénivelé. Ceux engagés sur la Mascareignes devront affronter 72 km de course et 3.874 mètres de dénivelé. Enfin, les relayeurs de la Zembrocal courront sur 148 km en 7.980 mètres de dénivelé.

  • Sur la Diagonale des Fous

Chantal Bègue, 49 ans, dossard 760. Chantal sera au départ de sa deuxième Diagonale des Fous, après avoir participé en 2003 et terminé 5ème féminine. À 49 ans, elle est la seule habitante de la Nouvelle à s’élancer dans cette course folle. « Je suis fan de trail et en tant qu’habitant de Mafate, on n’a pas d’autre choix que d’aimer le sport », dit-elle. « On joint l’utile à l’agréable », ajoute la mafataise.

Pour se préparer à la Diagonale des Fous, Chantal est partie en Métropole et plus précisément en Haute-Savoie. « C’était pour avoir des globules, de l'altitude ». Mais depuis quelques jours, repos pour la sportive. Seulement du gainage et quelques étirements pour être prête le jour venu.

Le sac est prêt, reste maintenant à Chantal Bègue d’appréhender son stress. « Cela fait 20 ans que je cours mais à deux trois jours de la course c’est toujours un moment stressant », confie-t-elle.

Aurélien Dumontier, 31 ans, vient lui tout droit de Métropole. Il porte le dossard numéro 112. C’est ce mardi que le Breton a posé ses sacs de sport à La Réunion. C’est la première fois qu’il vient dans notre île et participe à la Diagonale des Fous. « Cela fait deux trois ans que je me suis lancé dans l’ultra-trail », dit-il. « Forcément quand on parle d’ultra j’ai pensé à la Diagonale. » Dès le mois de janvier, alors que l’association mettait en vente 900 packs pour les traileurs de l’Hexagone, Aurélien n’a pas attendu, il a pris le sien. « Depuis que j’ai la chance de savoir que je participe à la course, j’ai commencé ma préparation », indique Aurélien. « J’ai fait beaucoup de courses intermédiaires, du travail de dénivelé. » Pour cela, Aurélien Dumontier est parti dans les Pyrénées, le Bretagne n’étant pas connu pour avoir un dénivelé important.

Pour ce trail, Aurélien ne voyage pas seul, il vient accompagner de trois dalons. « Mon meilleur ami va faire l’assistance et j’ai aussi deux camarades qui vont faire le trail », précise-t-il.

À quelques jours du départ, pas d’appréhension, si ce n’est « la question du dénivelé et la gestion du sommeil ». « Je connais mon corps, je pense être bien entraîné donc je n’ai pas de grosse appréhension. » Le jeune traileur de 31 ans se dit « très excité » par cette course. « J’ai hâte d’arriver sur la Redoute ».

Autre coureur qui arrive ce mardi à La Réunion, Renaud Camus, 43 ans et originaire des Ardennes. Son numéro : le 710. Pour lui aussi c’est une grande première. « Il a déjà réalisé l’UTMB en 2019 et là la Diagonale des Fous est pour lui un rêve », nous confie sa compagne. « On en a beaucoup entendu parler, on a vu des photos, des repartages, ça donne vraiment envie », ajoute-t-elle. Elle précise, « on n’a pas l’habitude de ce relief, c’est très technique, il y a beaucoup de roches ».

Cela fait huit mois que Renaud se prépare. « Il s’est mis une grosse charge de travail avec des kilomètres, du dénivelé, des montée et descentes, des sorties de huit à neuf heures de suite », confie Pauline, sa femme. Mais depuis deux semaine, repos total pour le sportif. « Il fait son jus », dit-elle.

Alors qu’ils ont atterri ce mardi, tout être prêt. « Ce n’est pas simple quand on part à des milliers de kilomètres. Il faut prévoir tout, le matériel, le ravitaillement », dit-elle. Pauline, sa compagne, assurera du mieux qu’elle le peut le ravitaillement de son mari lors de cette course. « On a en tout cas hâte de voir cela, on nous a promis déjà une belle ambiance », précise-elle.

Côté appréhension, « Renaud est une personne qui ne parle pas beaucoup, qui intériorise mais plus ça avance plus ça commence à monter », souligne Pauline. « C’est tellement de sacrifices personnels et de fatigue. » Elle conclut en disant, « c’est un rêve pour lui de pouvoir finir dans le top 100 et pourquoi pas avec un beau chrono ».

Isabelle Trules est elle originaire de La Réunion, mais vit à La Rochelle. Elle porte le dossard 464. La Réunionnaise relève le défi de la Diagonale des Fous et s'engage pour l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique). 10 ans après avoir ouvert son salon de coiffure à La Rochelle grâce à un microcrédit et un accompagnement de l’Adie, Isabelle Trulès se mobilise à son tour pour soutenir l’action de l’association. Isabelle va courir au profit des entrepreneurs dont les projets n’ont pas accès au crédit bancaire en ouvrant une cagnotte à l’occasion du grand défi sportif qu’elle se lance. "Entreprendre, c’est comme une course de fond. Il faut sans cesse se remettre en question, apprendre et surtout se fixer de nouveaux défis. » déclare Isabelle.

À 28 ans, Wilfried Bouzid qui porte le dossard 289 va participer à sa toute première Diagonale des Fous. « La course, je l’ai préparé depuis six ans maintenant, en augmentant les distances petit à petit sans brûler les étapes. » Résidant à Saint-Leu, le sportif sera accompagné de sa copine et de sa belle-mère pour le soutenir. « Cela me fera un petit plus quand le mental sera moins fort », dit-il.

Toutefois, Wilfried a une appréhension, « les changements des températures assez fréquents sur cette course et les gros murs qui nous attendent ». Cette course pour lui, un défi personnel pour « apprendre à me connaître dans ces efforts extrêmes ». En tout cas, il a « hâte de découvrir ce magnifique tracé ».

Tristan Bastien porte lui le numéro 744. Ce Réunionnais pour qui la traversée de l'ile est une première participe à la Diagonale des Fous au profit de la nature Réunionnaise. Son objectif, être finisher sur la Diagonale, mais aussi sur l'Ultra-trail de Cape town, un mois plus tard. Il court au profit de la SREPEN, acteur central de la protection de la nature réunionnaise. En partageant son défi sur Pasifrukto, Tristan a décidé de transformer son défi personnel en un défi solidaire. Le principe est simple : il se sert de ses exploits sportifs pour faire un appel aux dons et l'intégralité des dons collectés seront reversés à l'association locale.

Bernadette Dumont a 49 ans. Elle porte le dossard 268 et vient de la Saline. La Saint-Pauloise de la Team des Kasketeurs 974 s'est préparée avec le club Caposs. "Je me suis entraînée les mardis et jeudis en fonction de mon activité professionnelle et tous les week-end nous faisons des sorties montagne", explique-t-elle. "En début de saison et jusqu'à avril je faisais également beaucoup de renforcement musculaire en salle et de l'électrostimulation."

Bernadette a découvert le Grand Raid en 2010 avec un voisin adepte de cette course. "Je me suis inscrite dès 2010 et puis tous les ans jusqu'en 2015", dit-elle. "J'adore la montagne et le défi à relever", souligne Bernadette Dumont. "Le Grand Raid est une aventure humaine où tu vas au-delà de tes capacités quotidiennes, c'est un combat personnel et l'arrivée est juste magnifique." Elle ajoute, "tu passes par toutes les émotions, tu vas rire, pleurer, jurer, souffrir et tu vas en redemander".

Ce qu'elle appréhende, c'est "les coups durs qu'il faudra surmonter parce qu'il y en aura et il faut que l'esprit reste fort". Alors que cette édition n'a pas encore commencé, Bernadette pense déjà à la prochaine.

Stéphanie Delvoye a elle 49 ans et réside à Saint-Denis. Son numéro de dossard est le 1766. "Je me suis entraînée toute l'année avec le club DENIV et particulièrement avec mon entraîneur Johny. Les entraînements se sont intensifiés à partir de début juillet", raconte-t-elle. "En plus de ces entraînements, je fais chez moi des séances d'étirements et un peu de yoga. Depuis deux semaines, je fais de la méditation une fois par jour afin de me préparer mentalement à cette aventure et de gérer le stress pré-course", précise la traileuse. "Mon objectif est d'arriver au stade La Redoute sans blessure, et si possible de ne pas passer trois nuits dehors." 

Stéphanie participe à cette course "qui est une belle aventure humaine durant laquelle on rencontre plein de personnes avec qui on discute". "C'est aussi un défi personnel. J'ai participé au trail de Bourbon l'année dernière, et comme tout s'est très bien passé, je me suis dis allons tenter la diagonale des fous", conclut la sportive.  

Dernier infiltré sur la Diagonale, Greg Gras, 50 ans, dossard 335. Habitant à l'Entre-Deux, Greg participe à sa première Diagonale des Fous. "Je me prépare depuis le début de l'année avec plusieurs blocs d'entraînement", indique-t-il. "Ma première échéance fut en avril avec le trail des Citadelles puis en juin avec le trail UTPMA (Ultra Trail Puy Mary Aurillac)", ajoute le sportif. La Diagonale est pour lui, "un défi lancé pour mon passage du demi siècle", conclut Greg.

• Sur le Trail de Bourbon

Sébastien Bak, 42 ans porte le dossard 5461. Après s'être préparé à l'ultra-trail depuis bientôt dix ans, le maître-nageur-sauveteur originaire de l'Etang-Salé, se lancera vendredi 21 octobre sur son deuxième trail de Bourbon. "L'année dernière, je me suis fait une entorse à la cheville en attaquant la descente du gîte de Bélouve", raconte-t-il. "J'étais déçu de devoir abandonner", déplore-t-il.

Pour autant, l'athlète ne perd pas en motivation et suit une rééducation. "J'ai repris petit à petit les entraînements en alternant course à pied, vélo, natation et renforcement musculaire", poursuit Sébastien. Il explique qu'"en combinant ces sports, cela permet de maintenir un bon entraînement physique tout en limitant les impacts".

Après avoir participé à quelques courses et quelques trails, le sportif se sent d'attaque. "J'ai fait le choix d'arrêter les entraînements très sportifs il y a trois semaines", fait-il savoir. "Je fais de simples entretiens du corps pour garder la condition physique tout en levant le pied avant le départ", explique Sébastien Bak. Reposé, il repart à la conquête des 110 km de sentiers qui l'attendent, bien qu'il appréhende le passage de Bélouve. "C'est une descente technique, avec un terrain accidenté et pas mal de cailloux", détaille celui-ci. "Si les conditions météo sont défavorables, ça peut vite être très difficile", note ce dernier. Il garde néanmoins son objectif en tête : terminer la course.

"Trois de mes proches seront ravitailleurs sur le parcours, ils m'encourageront", dit-il. "C'est un soutien qui n'est pas négligeable", estime l'ultra-traileur. Face au défi qui le guette, Sébastien Bak ne cache pas que courir en montagne reste un plaisir qu'il cultive depuis sa jeunesse. "Au-delà de l'effort physique, j'aime être coupé du bruit et me retrouver au plus proche de la nature", conclut-il en souriant.

À 45 ans, Laurent Garreta de Saint-Paul, dispute lui le Trail de Bourbon. Il porte le dossard numéro 5845. « Cette course, je la prépare avec des entraînements intensifs sans trop non plus tirer dedans non plus », explique-t-il. Ce qu’il fait surtout, « des exercices de renforcement musculaire et cardio ».

Pour cette course, Laurent n’a qu’une seule appréhension, « le risque de la casse ». « Mais je reste confiant car j'ai un mental d'acier », ajoute le traileur.

Au départ, Laurent voulait s’élancer sur le Grand Raid, mais faute de sélection, il a basculé sur le Trail de Bourbon. Toutefois, il espère pouvoir faire la Diagonales des Fous un jour. « C'est une aventure que je veux faire au moins une fois dans ma vie », conclut-il.

  • Sur la Mascareignes

La Mascareignes quant à elle croisera sur sa route Sébastien Boyer, 34 ans, un Tamponnais portant le dossard n°3315. Celui-ci participe à sa "première course officielle". "C'est un défi personnel", explique-t-il. "Cela va me permettre de savoir où j'en suis physiquement et mentalement", ajoute-t-il.

Si cette course est une façon pour lui de tester ses limites, c'est aussi "allier l'effort physique au plaisir de découvrir l'île et des paysages accessibles uniquement par les sentiers", confie le Tamponnais. Le sportif participe à La Mascareigne "sans pression", l'objectif reste de "finir le parcours correctement en ayant de bonnes sensations", précise Sébastien Boyer.

Pour y parvenir, le soudeur de 34 ans confie se préparer "depuis un peu plus de six mois, à côté du boulot". "Je me suis entraîné deux à trois fois par semaine mais j'ai dû réadapter mon entraînement suite à une blessure du mollet", explique-t-il. "Entre course à pied en côte, renforcement musculaire, vélo et des courses de 6 à 8h une fois par mois, j'ai essayé de travailler l'endurance, la puissance mais aussi d'habituer mes muscles à un effort constant", détaille le coureur.

Autre préparation faite par le participant : réapprendre à courir dans les sentiers. "J'étais habitué à courir sur des routes en bitume alors qu'en sentier, le terrain est différent", note ce dernier. "Il faut se ré-acclimater car les appuis, les efforts ne sont pas les mêmes", assure Sébastien Boyer. Bien qu'il soit serein et prêt à se lancer vendredi à 1h du matin, il craint "quand même un peu le froid lors du départ et les pépins physiques comme les crampes ou la faim".

Autres participants, et cette fois-ci en couple, Hervé et Laëtitia, 49 et 52 ans. Ils portent les dossards 3023 et 3337. C'est la première fois que ce couple venu tout droit de métropole fait la Mascareignes. "On fait des entrainements réguliers depuis un an et une préparation renforcée depuis deux mois", expliquent-ils. vivant en Bretagne, travailler le dénivelé n'a pas toujours été facile.

Faire cette course à deux est une force pour eux. Toutefois, l'appréhension est présente. "On n'a jamais fait de course aussi longue et un départ de nuit", disent-ils. Hervé Delalande souligne, "nous avons toujours voulu faire cette course avec ma femme car La Réunion est un endroit symbolique pour nous, c'est le début de notre histoire d'amour il y a 20 ans".

  • Le Zembrocal

Léo Sacré, 27 ans, porte lui le dossard 81243. Arrivée à La Réunion il y a cinq ans, le jeune homme vient de Sainte-Marie. Il est le troisième relayeur de l'équipe CLAC sur le Zembrocal. "Je fais quelques sorties régulièrement sans vraiment m'entrainer avec assiduité. Je ne suis aucun plan", nous dit-il. "On est en équipe et le but est encore plus de se faire plaisir et de partager que sur une course individuelle." "Ma seule appréhension, est que ce soit un peu dur pour ma compagne qui n'a pas vraiment pu se préparer et pour qui ce sera une première", ajoute le traileur. Mais pourquoi cette course ? "J'ai voulu faire cela car nous avons eu un enfant avec ma compagne il y a six mois et nous avions envie de nous fixer un objectif sportif ensemble qui lui permettrait de reprendre le sport après sa grossesse." Il ajoute, "nous avons demandé à des copains s'ils voulaient se joindre à nous pour cette magnifique course et en quelques jours la décision était prise".

Le premier départ de ces courses folles sera donné ce jeudi 20 octobre 2022 à 21 heures au départ de Saint-Pierre pour la Diagonale des Fous. Les coureurs du Trail de Bourbon partiront à 20 heures le vendredi 21 octobre de Cilaos. Ceux de la Mascareignes s’élanceront également vendredi du stade Paul-Dominique Hubert à Hell-Bourg. Tandis que les relayeurs de la Zembrocal prendront le départ à 17 heures de la Caverne des hirondelles.

Pour rappel, la remise des dossards aura lieu ce mercredi 19 octobre 2022 sur le parvis de la mairie de Saint-Pierre.

Terminer dans les temps, finir on l’espère pas trop fatigué et surtout apprécier leur course… c’est en tout cas tout ce qu’on leur souhaite !

ma.m et mp/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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