Depuis ce lundi 16 janvier 2023, les Français sont possiblement éligibles à une aide de 100 euros pour financer leur consommation en carburant. Une aide strictement réglementée, pour au final, très peu de réelles retombées. Si le gouvernement insiste sur la main tendue aux "grands rouleurs" précaires, difficiles d'imaginer que ce qui représente globalement deux pleins par mois puissent aider qui que ce soit à financer sans se ruiner ses déplacements. Tout particulièrement à La Réunion. (Photo Prime Carburant photo SL / imazpress )
Si l'on s'intéresse purement aux déplacements des Réunionnais, difficiles d'imaginer que 100 euros de coup de pouce représenteront réellement une aide de 10 centimes au litre à la pompe pendant un an.
D'après les derniers chiffres de l'Insee – qui datent tout de même de 2011 – les Réunionnais parcourent en moyenne 25 km par jour pour rejoindre leur travail. Et ceux sans prendre en comptes les embouteillages, et la topographie particulière de l'île.
En imaginant qu'une personne possède une voiture avec un réservoir de 70 litres, qui lui revient à 60 euros le plein, qui lui-même dure environ trois semaines, l'aide du gouvernement couvrira donc…environ un mois et demi de consommation. Et ce, sans compter les déplacements hors travail, soit les courses, les loisirs, et tout simplement les déplacements du week-end.
"Bonne" nouvelle pour les Réunionnais : avec 37% de la population qui vit au-dessous du seuil de pauvreté – fixé à 1.100 euros -, une grande partie de l'île peut se voir accorder cette généreuse aide.
Mauvaise nouvelle pour les Réunionnais : dans une île où le tout-voiture règne et où il est quasi-impossible de se déplacer en transport en commun, cette aide de 100 euros va fondre comme glace au soleil.
Autre mauvaise nouvelle : les foyers de classe moyenne, qui ont le malheur de dépasser le seuil des 1.314 euros par mois dans le cas de personnes célibataires, ne sont pas éligibles à l'aide de l'Etat. Chose qui pour lui est forcément bien plus rentable que la remise à la pompe, mise en place jusqu'ici dans les stations-services du pays, mais qui encore une fois laisse la classe moyenne sur le carreau. Classe moyenne qui est loin de rouler sur l'or, en ces temps d'inflation incontrôlée.
Fidèle à lui-même, le gouvernement met donc en place une mesurette, aussi efficace qu'un pansement placé sur une plaie béante. Si l'on parle beaucoup d'écologie aujourd'hui, ce sujet essentiel reste bien éloigné des préoccupations des classes les plus précaires. Une réalité dont La Réunion n'est pas prête de se débarrasser, qui dépend vitalement de la voiture pour fonctionner au quotidien.
En attendant, les discussions promises par le ministère des Outre-mer sur une nouvelle remise à la pompe n'ont toujours pas vu le jour, les dépenses quotidiennes continuent d'être toujours plus chères, et le gouvernement continue de regarder ailleurs tandis que la population peine toujours un peu plus à joindre les deux bouts.
Mais ne vous inquiétez pas, comme dirait notre ministre, "ça va bien se passer".
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