Saint-Pierre

7ème festival du film court : Cécile Bois en toute simplicité

  • Publié le 24 novembre 2022 à 02:58

Après deux ans d’absence, le 7e festival du court-métrage de Saint-Pierre est de retour et a tout pour plaire. Depuis mardi et jusqu’au dimanche 27 novembre, une centaine de films du monde entier rivalisent avec des talents locaux, entre le Moulin à café de la Ravine des Cabris et le Fangourin à Petite-Ile. À évènement exceptionnel, marraine exceptionnelle avec l’actrice Cécile Bois, connue pour son rôle de Candice Renoir, venue apporter son talent et son expérience aux cinéastes et cinéphiles de La Réunion. Entretien… (Photos V.W. et DR)

Est-ce votre premier séjour à La Réunion ?
C’est ma première fois en effet et je suis ravie. Je rêvais depuis très longtemps de partir sous les tropiques pendant l’hiver métropolitain. Et en septembre, quand Armand est venu vers moi, ce fut l’occasion de cocher cette petite case dans mon carnet de rêves.

Quel sera votre rôle durant ce festival du Film Court de Saint-Pierre ?
Pour le moment, c’est encore la grande inconnue, on va me l’attribuer sous peu. Les personnes qui organisent ce festival sont des passionnées n’ayant pas forcément les soutiens nécessaires, donc si je peux contribuer à faire la lumière sur leur engagement, leur travail et leur dévotion envers le cinéma par la petite porte du court-métrage, j’en serais très fière.

On vous connaît en tant que Candice Renoir, un personnage au tempérament certain, au caractère imprévisible, avec ce grain de folie un brin décalé mais pourtant complexé par ses formes… Candice incarne-t-elle à vos yeux une certaine image du féminisme ?
Je dirais qu’elle incarne davantage l’image du féminin et de la femme libre. Pour moi, le féminisme n’est pas toujours la femme libre. Candice véhicule l’indépendance, la liberté et le féminin. Et puis on ne l’a jamais vue à la mode et pourtant on a toujours remarqué ses tenues. C’est une femme de caractère qui s’affirme, mais qui à travers le prisme de ses enfants, apparaît dépassée par la mode et n’en suit donc pas le diktat. Elle ne suit ni quelqu’un, ni quelque chose, et reste fidèle à ce qu’elle est et à ses valeurs. C’est ça qui me plaît chez elle.

Après 10 saisons, sa popularité n’était-elle pas lourde à porter avec le temps ?
Pas du tout. Sa popularité ne m’a apporté que de belles choses. Regardez, je suis à La Réunion grâce à elle aujourd’hui. Certes, au bout de 10 saisons, la difficulté est de parvenir à renouveler son personnage, de donner un souffle à son histoire avec Antoine et c’est la raison pour laquelle on s’est posé la question de sa légitimité dans l’avenir. On a trouvé un moyen terme qui est celui d’arrêter la série - donc pas de saison 11 - mais de créer une collection unitaire. Ce qui permet de retrouver un liberté d’histoire pour casser le rythme de la série afin de maintenir le lien avec le public et qu’il ne se lasse pas.

Vous avez incarné Gloria, l’héroïne d’un thriller psychologique, et plus récemment Élodie dans « Addict » où il y est question d’amour, de manipulation et surtout d’emprise. Y avez-vous déjà été confrontée dans votre vie de femme ?
Oui plus jeune mais j’ai eu cette chance de pouvoir m’en extraire sans conséquences. Cela dit, j’ai adoré faire ce film autant que mes partenaires, car il y a actuellement une espèce de phénomène faisant suite au mouvement #MeToo et qui est nécessaire pour le mouvement féministe, la liberté de la femme, la liberté d’expression, et pour combattre la peur de parler. Néanmoins, je ne voudrais pas tomber non plus dans l’autre travers qui est de dire « Les hommes sont tous des salauds, des manipulateurs » parce qu’en ce moment, on voit trop de fictions de ce genre. Donc je l’ai fait une fois mais à l’avenir, je ne suis pas sûre de retraiter le sujet. D’ailleurs, pendant la promotion d’Addict, on m’a demandé si j’avais prévenu mes filles qu’elle étaient potentiellement en danger avec un homme, et cette question m’a réveillée d’une torpeur. Je ne leur apprends pas à se méfier des hommes - les pires personnes que j’ai rencontrées dans ma vie ne sont pas des hommes - mais plutôt à revendiquer leur liberté tant dans leur chair que dans leur façon de penser.

Justement, avez-vous tout de suite accepté le rôle ou vous a-t-il fallu le temps de la réflexion ?
Ce qui m’a fait hésiter ce sont les scènes de « c… », j’en avais jamais fait autant à part quelques-une dans Candice. Je me suis demandé si j’en était capable d’ailleurs. S’agissant du côté manipulateur, à la lecture du scénario, j’ai cherché un angle différent des certaines séries-télé mettant trop en avant les pervers. J’ai beaucoup échangé à ce sujet avec Sagamore Stévenin et on s’est engagé dans l’angle de l’amour pour qu’on comprenne comment cette femme qui tombe éperdument amoureuse peut ne pas se réveiller d’une telle manipulation.

Claude Berri, René Féret, Raoul Ruiz, les frères Taviani, Alain Corneau… Vous avez tourné avec beaucoup de grands noms tant au cinéma qu’à la télévision. Avez-vous une préférence pour l’un des deux ?
Aucune préférence même si j’en ai eu au début de ma carrière. Et puis par la force des choses, j’ai dû taire cette frustration d’aller vers la télévision. Avec le recul, je constate que de plus en plus de gens du cinéma viennent vers la télé, que les barrières s’estompent, et qu’il y a un juste milieu sur les plateformes entre la télé et le cinéma. Entre 30 et 35 ans, je me suis rendue compte que mes plus beaux rôles et les rencontres marquantes se sont faites à la télévision, même si chacune des personnes citées ont eu une place importante dans ma vie.

Y-a-t-il un acteur ou une actrice internationale avec qui vous rêveriez de jouer ?
J’aimerais énormément jouer avec Meryl Streep mais la barrière de la langue me fait peur. Je comprends l’anglais mais je ne le parle pas et j’ai ce blocage sur les langues étrangères qui fait que je n’ai pas la curiosité pour tourner à l’international.

La boîte à questions

- Plutôt Candice ou plutôt Cécile ?
Cécile
- Plutôt bottes roses ou baskets ?
Baskets
- Plutôt comédie ou registre dramatique ?
En ce moment comédie, mais c’est variable
- Plutôt tenues colorées ou classiques ?
Tenues colorées
- Plutôt avec ou sans complexes ?
Avec complexes même si j’aimerais faire sans
- Plutôt célébrité ou discrétion ?
Discrétion

Trois questions à Amand Dauphin, directeur du festival

Pour cette 7e édition, pensez-vous pouvoir égaler ou dépasser le record d’affluence de 2019, à savoir 7000 personnes ?
On le pense, on le rêve et on l’espère ! C’est vrai que les deux années Covid ont été particulières et qu’aujourd’hui, la manière de consommer le cinéma est très différente. On est quand même dans une période de changement mondial à tous les niveaux, donc oui, c’est un rêve d’arriver à 7000 spectateurs, comme en 2019.

Lancement du festival au Kerveguen puis des projections au Moulin à Café et au Fangourin. Pourquoi des salles excentrées ?
Au départ, c’est un festival que la ville de Saint-Pierre a monté pour redonner un second souffle au Moulin à café. Ensuite, avec le concours de la Civis, on l’a étendu au Fangourin et même au Plaza de Saint-Louis. L’an prochain, une autre ville du Sud devrait accueillir ce festival qui est donc amené à s’étendre davantage. Sept ans c’est un cap important et une année charnière et on ne peut pas nier que l’audiovisuel est en plein changement. Il va donc falloir que l’on apporte notre pierre à l’édifice pour que les spectateurs aient envie de venir de plus en plus nombreux au festival.

Ciné-Goûter, est-ce une volonté de privilégier aussi la jeunesse ?
C’est un des programmes thématiques. On s’est aperçu qu’il marchait très bien, des gens venaient même de Saint-Denis. Si au départ, on ne faisait qu’une séance, avec le succès, on a décidé d’en faire une deuxième. Je pense qu’il est important de donner goût au film en salle de cinéma aux enfants dès le plus jeune âge et d’y apporter un côté familial et jovial avec un goûter dans la folie. C’est aussi une façon de les décrocher de leurs téléphones portables de graver dans leur conscient que la salle est avant tout un lieu de découverte, de plaisir, de convivialité et de partage en famille.

vw/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

Programme complet sur www.festivaldufilmcourt.re

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