Ce mercredi 23 novembre 2022, Emmanuel Séraphin, président du TCO, présente la Régie intercommunale de travaux de la collectivité. Cet organisme œuvre contre l’habitat insalubre sur le territoire Ouest. Pour l’occasion, il a rencontré des bénéficiaires et dressé un premier bilan des actions menées. En tout, se sont 800 logements qui ont été repérés pour bénéficier de travaux avec la Régie, et qui seront rénovés (Photo m.ma/www.imazpress.com)
Ce dispositif, financé par le FMAH (Fonds mutualisé pour l’amélioration de l’habitat) du TCO permet de réaliser chaque année près de 80 chantiers pour offrir aux personnes les plus démunies un habitat digne et décent.
Monsieur Louis, 55 ans, habitant seul à Bois-de-Nèfles Saint-Paul depuis 33 ans, a pu en bénéficier. Son case avant « té brut » comme il dit. Il n’y avait que la pierre apparente. « Bana la ni fé les finisions. Maintenant lé mieu », nous dit-il.
Des travaux impossibles sans la main d’œuvre, essentiellement des contrats PEC (parcours emploi compétence). Des ouvriers en réinsertion ou sans emploi.
Frédéric Chereau, agent du TCO au service PILHI (Programme Local de l'Habitat et du Plan Intercommunal de Lutte contre l'Habitat Indigne), et quatre autres collègues ont réalisé les travaux au sein de la case de Monsieur Louis. « On a participé à la rénovation de la maison qui était vraiment à refaire », dit-il. « On a fait la salle de bain, les toilettes, les chambres, l’isolation, la peinture et le sous-bassement de la maison », explique-t-il. Toutefois, il reste encore quelques travaux, notamment les portes et les volets. Un chantier démarré il y a un mois et demi et d’une valeur de près de 5.000 euros.
Mais ce chantier n’aurait pas non pu être réalisé sans l’intervention de Marie-Annick Florian, 9ème adjointe à la mairie de Saint-Paul et chargée de la délégation de la lutte contre l’habitat insalubre.
Deux fois par semaine, la Saint-Pauloise vient toquer aux portes des familles dans le besoin. « Avec le technicien nous faisons une enquête et nous repérons les travaux à faire dans les maisons », indique-t-elle. « Na ti kaz i viv ankor à l’ancienne », précise Marie-Annick.
« Moin la dékouv le ti kaz là et kan ma vu léta le Monsieur, moin té oblizé fé in démars pou mèt a li in ti pé pli prop », ajoute l’élue.
Une élue et une Saint-Pauloise attristée de voir tous ces Réunionnais vivant dans un logement indigne. « Moi je ne croyais pas en arrivant là en 2020 qu’il y avait autant de misère sur Saint-Paul. I fé mal. »
- 800 familles concernées sur le TCO -
Les travaux réalisés dans la case de Monsieur Louis ont été rendus possible grâce à la Régie intercommunale de travaux TCO. « On a voulu créer des solutions contre l’habitat indigne », indique Steve Gigan, responsable de la cellule opérationnelle.
Un dispositif qui intervient dans le cadre du fonds mutualisé pour l’amélioration de l’habitat (FMAH). Un fonds regroupant les aides de l’État, de la Caf, de la Région, du Département et de certaines entreprises. « Cela permet de faire une intervention précise et en peu de temps », explique Emmanuel Séraphin.
Au cœur de cette Régie de quinze personnes, des plombiers, menuisiers, plaquistes, peintre ou encore maçons. Des opérateurs qui interviennent auprès des propriétaires occupants et des personnes qui ont hérité d’un terrain familial. « Le but de la Régie c’est de trouver des solutions pour ces personnes », poursuit-il.
Et des personnes dans la misère, il y en a sur le territoire du TCO. Selon les chiffres, ils seraient près de 5.000 à vivre dans un habitat dit insalubre.
Dans ces 5.000 logements indignes, 800 ont été repérés pour bénéficier de travaux de rénovation avec la Régie. « On espère en régler une quarantaine voire une cinquantaine par an », souligne le président du TCO. Pour ces chantiers, « on voit les situations critiques avec une assistante sociale, un technicien et la Régie qui fait les constats », note Emmanuel Séraphin.
Deux sortes de travaux sont réalisables avec la Régie. Les travaux lourds en maîtrise d’œuvre d’un coût moyen de 30.000 euros et les travaux légers de réhabilitation d’un coût moyen de 5.000 euros.
Pour sortir du mal-logement, le TCO a également signé une convention avec la fondation Abbé Pierre. « C’est 24 engagements dont la création d’un office foncier solidaire ou encore les Brico bus pour régler des problèmes ponctuels », explique-t-il.
- 100.000 personnes mal logées à La Réunion -
À La Réunion, près de 100.000 personnes ne vivent pas dans un logement décent, indiquent les chiffres de la Fondation Abbé Pierre dans son dernier rapport.
Selon l’Observatoire réunionnais de l’habitat indigne, près de 18.000 bâtis sont recensés comme insalubres sur l’île, soit 5 % du parc de logement et plus de 30.000 n’ont pas accès à l’eau chaude.
Le droit au logement digne et décent est inscrit dans les lois de la République, il appartient à tous les acteurs en responsabilité de le défendre pour répondre aux besoins d'aujourd'hui et demain.
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