Madame la Première Ministre, par courrier en date du 17 octobre dernier, j’avais alerté Madame la Ministre des Affaires étrangères sur l’arrivée de plus en plus régulière de migrants sur notre territoire. Mais jusqu’à ce jour, je n’ai reçu aucune réponse alors qu’il y a urgence.
Depuis quelques années, La Réunion est la destination de dizaines de migrants Sri-Lankais. Depuis 2018 : 7 bateaux de pêche transportant près de 280 personnes, souvent des pêcheurs accompagnés de femmes et d’enfants bravent les risques de la mer, mettent en danger leur vie pour rejoindre notre île distante de 4000 kms de leur pays d’origine qui traverse une de ses pires crises économiques avec une inflation galopante dans un climat de grande insécurité.
Dernier en date : le 20 octobre dernier, un bateau de pêche est arrivé au port de la Pointe des galets avec 17 personnes à son bord. Pris en charge par les autorités, elles ont demandé l’asile politique.
Les médias réunionnais révèlent ces derniers jours que se seraient des Sri-Lankais retenus sur la base américaine et britannique à Diégo Garcia où Il y aurait encore 82 personnes.
Selon des témoignages recueillis par les médias de La Réunion, ces migrants seraient hébergés et nourris par les militaires américains et britanniques pendant plusieurs semaines avant de mettre à leur disposition un nouveau bateau de pêche en état de navigation chargé de vivres mais dépourvu de matériel de sauvetage et de radio pour reprendre leur route vers La Réunion.
Diégo Garcia est un BIOT, British Indian Océan Territory.
Cette situation, Madame la Première Ministre, soulève plusieurs questions :
- comment se fait-il que des migrants arrivant sur le sol britannique ou américain soient envoyés dans un département français et non sur le sol britannique ou américain ?
-ans quelles conditions vivent les dizaines de réfugiés sur la base américaine ?
Les droits de l’Homme sont-ils respectés ?
Un jeune de 22 ans témoigne aujourd’hui sur un site d’informations, zinfos974 : « il a dû tout quitter pour sauver sa vie. C'est la douloureuse décision que les parents de ce jeune homme ont prise pour qu'il ne tombe pas entre les mains des milices gouvernementales sri-lankaises. Alors qu'il se cachait pour ne pas être capturé, ses parents ont payé le prix de la traversée pour qu'il embarque sur un bateau qui est arrivé à La Réunion le 14 septembre dernier ». Il apparait qu’il existerait un réseau et qu’on assiste à un « un trafic d’humain ».
Par ailleurs, Madame la Première Ministre, l’arrivée de ces migrants à La Réunion est de moins en moins acceptée par les Réunionnais qui s’expriment dans les médias locaux.
La Réunion est durement frappée par le chômage : un taux de 19% ; par un taux de pauvreté de 37% ; ou encore un manque de logements criant : 30 000 demandes en souffrance.
La Maire de Saint-Denis, elle-même, a lancé un appel publiquement, le 27 septembre dernier, à l’association des maires de la Réunion pour l’aider à trouver des logements pour ces migrants ; la seule ville de St Denis ne pourra pas accueillir tous les migrants au risque de défavoriser les dionysiens.
En attente de logements, ces migrants sont logés dans les hôtels. Ce qui n’est pas pour apaiser les débats. Personne ne remet en cause notre sens d’accueil, d’hospitalité, pour toute personne dans le besoin et en danger mais il est vrai que des crispations voient jour dans la population compte tenu des indicateurs cités plus haut.
Aussi, Madame la Première Ministre, il me semble urgent que vous vous saisissiez de ce grave problème de migrants Sri-Lankais et que des réponses soient apportées dans l’intérêt du bien vivre à La Réunion, dans l’intérêt de l’ordre public.
Je vous propose de demander à Madame la Ministre des Affaires étrangères de voir les possibilités pour mener une enquête, dans les plus brefs délais, sur ce dossier.
Je vous remercie par avance de me tenir informé des actions que vous entendez entreprendre pour stopper rapidement ce trafic humain.Dans cette attente, je vous prie de croire Madame la Première Ministre en l’expression de ma très haute considération.