Soupçonné d’emprise psychologique et financière au sein de l’Église Extravagance, dans le cadre d’une enquête judiciaire menée par un juge d’instruction de Saint-Pierre, Bruno Picard vit depuis quatre ans une épreuve qu’il décrit comme "un enfer". Pour la première fois depuis le début de l’affaire le pasteur s'exprime et il s’est confié à Imaz Press. Son avocat, Me Fabrice Di Vizio, annonce porter plainte contre certaines parties civiles, qu’il accuse d’avoir menti (Photo sly/www.imazpress.com)
L’église Extravagance, installée à Saint-Pierre, ressemble à une communauté religieuse comme une autre. Mais derrière les célébrations dynamiques et les messages d’espoir, d’anciens membres décrivent un univers beaucoup plus intrusif. Emprise psychologique, obéissance aux pasteurs, dons systématiques : le mouvement dirigé par Bruno Picard aurait, selon plusieurs témoignages, pris un contrôle total sur la vie de certains de ses fidèles.
Pasteur charismatique, Bruno Picard a dirigé l’Église Extravagance durant des années avant de voir sa trajectoire basculer en 2021. Mis en examen, interdit de prêcher, de voyager et de gérer une église, il a démissionné dès le premier jour pour protéger sa communauté.
"Cela a été quatre ans d’enfer, extrêmement difficiles à vivre. Quand vous êtes accusé, sous pression permanente - de la justice, des médias, des relations brisées -, c’est une douleur énorme", confie-t-il.
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À cette tempête médiatique et judiciaire s’est ajoutée une épreuve physique : "J’ai contracté un diabète de type 1 quelques mois après le début de l’affaire. Cela a été deux à trois ans très compliqués à gérer", explique-t-il. Le pasteur décrit une vie bouleversée, marquée par la chute financière, l’isolement et l’interdiction d’exercer sa vocation.
"Aujourd’hui, je vis de petits contrats, je traduis des livres avec mon épouse. Mais le plus dur, ce n’est pas la perte matérielle. C’est d’avoir été étiqueté gourou ou escroc" dit-il.
- Des plaintes pour faux témoignages -
Son nouvel avocat depuis quelques mois, Me Fabrice Di Vizio, dénonce avec virulence la lenteur et les manquements de l’instruction. "La durée est anormale et non conforme aux standards. Rien ne justifie quatre ans et demi d’instruction", affirme-t-il. Pour lui, ce temps perdu a nui autant au prévenu qu’aux plaignants, maintenus dans l’incertitude sous une forte pression médiatique.
L’avocat pointe surtout un défaut majeur : l’absence de confrontation entre son client et les plaignants. "C’était demandé dès le début. Or, le rôle du juge est de vérifier les déclarations des parties civiles. Pendant tout ce temps, cela n’a pas été fait", regrette-t-il. Plus grave encore, il affirme détenir des éléments probants : "Nous avons la preuve formelle que certains ont menti. Nous avons donc déposé une série de plaintes contre certaines parties civiles pour faux témoignages".
- Une action contre l’État envisagée -
Face à la longueur de la procédure, le conseil parisien envisage aussi de saisir le tribunal judiciaire pour une action en responsabilité de l’État. "Le manque de moyens de la justice ne doit pas être le problème des parties. Le magistrat en charge du dossier est peut-être débordé, mais ce n’est pas une excuse".
Il prévient : 'Maintenant, soit le juge d’instruction termine le véritable travail d’investigation, de confrontation et de définition des responsabilités, soit ce sera la guerre procédurale". Pour lui, il est temps de passer "de la tempête médiatique à la partie judiciaire", en regardant les choses "froidement" et en respectant la présomption d’innocence.
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- Contester le contrôle judiciaire -
Autre front ouvert : le contrôle judiciaire imposé à Bruno Picard depuis juin 2021. Il lui interdit de quitter La Réunion, de prêcher et de gérer une église. "Nous comprenons l’interdiction d’aller à l’étranger, mais pas celle de quitter le département. Bruno Picard souffre d’un diabète de type 1 et a besoin d’aller à Paris pour raisons de santé", souligne son avocat, dénonçant une "petite humiliation de plus".
Il conteste aussi l’interdiction de prêcher : "On estime que ses prédications seraient dangereuses. Mais les prêches reprochés ne sont pas de lui, ils viennent d’autres pasteurs. Nous avons fourni des dizaines d’heures de prédications pour le prouver";
- Un message d’espérance -
Malgré ces épreuves, Bruno Picard dit avoir dépassé la colère. "J’ai crié mes tripes devant Dieu, et aujourd’hui je n’ai plus de rancune. Ma prière est que chacun retrouve la paix". Il reste fidèle de l’Église, simple membre de la communauté qu’il a autrefois dirigée.
En conclusion, il adresse un message d’encouragement : "À tous ceux qui traversent des moments difficiles, que ce soit par leurs erreurs ou par des blessures subies : ne baissez pas les bras. Vivez un jour à la fois. Pour les chrétiens : confiez-vous à Dieu et pardonnez".
La suite de l’affaire dépend désormais du juge d’instruction de Saint-Pierre, qui devra décider de la poursuite de l’instruction ou de sa clôture. "Bruno Picard n’est pas l’ennemi public numéro 1", rappelle Me Fabrice Di Vizio, déterminé à faire reconnaître ce qu’il estime être des dérives dans la procédure.
is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
C est comme tous les violents agresseurs qui jouent les victimes . c est tellement lé comble..sôn dossier doit être bien soigner à la gendarmerie . allez chantez dansez et virez de la tune pendant 3 mns..
excellent article madame IS
Je n'ai jamais fait partie de cette église. Il y a plusieurs années de cela, j'ai commenté sur des sites chrétiens ses prédications, mes commentaires n'allaient pas dans son sens : il les supprimait !! Heureusement que je n'ai pas eu à faire à lui... il y a eu un site internet qui dénonçait ses actes. Le site n'est plus actuellement en service malheureusement.
Il y a eu une antenne de l'église Extravagance dans le nord/ouest qui s'est détachée de ce mouvement : elle est devenue "Église Destinée". On se demande pourquoi...
En lisant les derniers articles, on sent très bien la manipulation de cet homme : se faire victimiser en annonçant dans la presse ou sur les réseaux sociaux qu'il a le diabète de type 1. Il ne pense pas au mal qu'il a fait a pu faire aux victimes ? Il pardonne apparemment ses "accusateurs". Mais est ce qu'il leur a demandé pardon ? Déposer plainte est signe de manque de pardon. Il veut défendre son pain. C'est vraiment théâtral. Pitoyable.
Opium du peuple
Qu’un homme comme Fabrice Di Vizio, reconnu pour son intelligence et sa maîtrise, accepte de porter sa défense… voilà qui dit tout de la puissance de manipulation de ce prétendu prophète.
Il parvient à égarer même ceux que l’on croyait inaccessibles à ses manœuvres.
C’est là toute sa perversion : faire croire, convaincre, et finalement tromper.
Et pour ceux qui s’interrogent encore sur la manière dont on peut être enrôlé dans une telle secte, cette réalité en est la preuve éclatante : la manipulation est d’autant plus redoutable qu’elle est subtile, lorsqu’on a affaire à un personnage aussi persuasif que ce petit prophète.
Nul n’est à l’abri.
Cette affaire illustre bien les dérives d’une justice trop lente. Quatre ans et demi d’instruction sans confrontation, c’est incompréhensible et profondément injuste, autant pour les plaignants que pour Bruno Picard. Dans notre pays, la présomption d’innocence est un droit fondamental. Comment peut-on interdire à quelqu’un de prêcher, de voyager ou d’exercer sa vocation avant tout jugement définitif ? Quelles que soient les accusations, il est indispensable que la justice fasse son travail rapidement, dans le respect des règles et des droits de chacun. Une justice juste doit être la même pour tous, sans excès ni abus, et c’est ce que l’on attend dans ce dossier comme dans tant d’autres.
Jésus , Marie , Joseph!