Affaire Extravagance : quatre ans après sa mise en examen, Bruno Picard brise le silence et se livre dans une interview exclusive

  • Publié le 19 septembre 2025 à 11:21
Bruno Picard Extravagance

Soupçonné d’emprise psychologique et financière au sein de l’Église Extravagance, dans le cadre d’une enquête judiciaire menée par un juge d’instruction de Saint-Pierre depuis 2021, Bruno Picard vit depuis quatre ans une épreuve qu’il décrit comme "un enfer". Pour la première fois depuis le début de cette médiatique affaire, le pasteur s’exprime dans une interview exclusive accordée à Imaz Press (Photos rb/www.imazpress.com)

Pasteur emblématique du mouvement évangélique Extravagance à La Réunion, Bruno Picard a connu une ascension rapide avant de voir sa trajectoire brutalement stoppée par une affaire judiciaire qui a bouleversé sa vie. En 2021, plusieurs témoignages au sein de sa communauté l’accusent d’emprise psychologique et financière. L’ampleur prise par ces dénonciations conduit à l’ouverture d’une enquête, à des perquisitions et à sa mise en examen.

Interdit de prêcher, de voyager et de diriger une église, il choisit dès le premier jour de démissionner "pour ne pas faire davantage souffrir la communauté". Pendant près de quatre ans, il garde le silence, frappé de plein fouet par la pression médiatique et judiciaire, et marqué dans sa chair par l’apparition d’un diabète de type 1.

Aujourd’hui, Bruno Picard revient sur ce qu’il qualifie de descente aux enfers : sentiment d’avoir été étiqueté “gourou” dès le départ, isolement, perte de repères, chute financière et remise en cause profonde de son appel pastoral. Dans cette interview, il revient sur son parcours, défend sa vision du rôle de pasteur et se dit prêt à tirer les leçons de cette épreuve, sans amertume ni rancune, mais avec la volonté de continuer à vivre sa foi et d’encourager ceux qui traversent à leur tour des tempêtes.

Imaz Press : Comment allez-vous ?

Bruno Picard : C’est une grande question. Cela a été presque cinq ans d’enfer, extrêmement difficiles à vivre. Quand vous êtes accusé, quand vous subissez une pression constante – de la justice, des médias, des relations brisées –, c’est une douleur énorme. En plus, j’ai contracté un diabète de type 1 quelques mois après le début de l’affaire. Cela a été deux à trois ans très compliqués à gérer. Je commence à peine à sortir la tête de l’eau. Moralement, ça va un peu mieux aujourd’hui.

Imaz Press : Quand les choses ont commencé à bouger de façon négative, l’aviez-vous senti venir ?

Bruno Picard : Ça a été une grosse surprise de par l'ampleur. Lorsqu'on est pasteur d'église, lorsqu'on est chrétien tout court, on a toujours des vents au contraire. On a toujours des gens qui ne se pensent pas comme vous, ce qui est normal d'ailleurs, c'est le propre de l'humanité, d'avoir des opinions différentes et de les partager.

Au sein de l'église, il y avait une personne en particulier qui a, je pense, lancé toute l'affaire, qui lui était contre moi depuis des mois et des années. Mais je ne pensais pas que ça ait pris une ampleur aussi grande et par les médias et dans la justice, et après au niveau de l'église en fait.

Imaz Press : Comment cette personne a-t-elle pu rallier d’autres autour d’elle ?

Bruno Picard : D’après ce que j’ai compris, il a pris des mois à rencontrer des gens, à discuter, à imposer son point de vue. Mon silence n’a pas aidé : pendant qu’il parlait, certaines personnes se sont ralliées et ils ont créé un groupe. C’est ce que j’ai cru comprendre, car je n’ai jamais eu de contact direct avec ces personnes-là.

- "Ma motivation était la mission : prêcher l’Évangile, être pasteur" -

Imaz Press : Comment expliquez-vous que ce petit groupe ait pu déboucher sur une enquête, des perquisitions et votre mise en cause ?

Bruno Picard : Pour être franc, je me pose encore la question. Comment quelques témoignages, certes légitimes, peuvent-ils avoir un tel impact ? J’attends la fin de tout ça pour tirer des conclusions et en tirer les leçons.

Imaz Press : Aviez-vous conscience de votre charisme à l’époque ?

Bruno Picard : Non. Je n’ai jamais pensé en ces termes. Ma motivation était la mission : prêcher l’Évangile, être pasteur, collaborer avec d’autres. Ce mot de “charisme” m’a surpris. Mais dans notre culture d’Église, on parle d’amour, de service, de paix, de joie, pas de charisme.

Imaz Press : Pourtant, certains disent avoir été attirés par votre aura, puis s’être retrouvés sous une emprise psychologique ou financière.

Bruno Picard : Je n’ai jamais eu l’intention d’abuser de qui que ce soit. Mais je comprends le mécanisme : on le retrouve partout. Un professeur passionné peut captiver des élèves. Face à une personne passionnée, certains idéalisent. Cela devient dangereux quand la personne est idolâtrée. En tant que pasteur, c’est très difficile à vivre. On passe du rôle de berger à celui d’idole, et forcément à la déception. Aucun homme ni aucune femme ne peut combler le manque du cœur humain, seul Dieu le peut.

Imaz Press : Qu’auriez-vous changé si vous pouviez revenir en arrière ?

Bruno Picard : Le leadership, c’est de l’influence. Être parent, mari, pasteur, c’est exercer une influence, et cela exige de la responsabilité. Mais l’autre en face doit aussi exercer son discernement. Si je devais changer quelque chose, je ferais encore plus attention à ma communication, poser plus de questions, être conscient de la perception des autres. Mais je ne veux pas devenir esclave de la peur de mes paroles.

- Comme tout pasteur, j’ai pu donner des conseils, comme un prêtre ou un psychologue -

Imaz Press : Certains affirment que des fidèles venaient vous demander des conseils très personnels.

Bruno Picard : C’est exagéré. Comme tout pasteur, j’ai pu donner des conseils, comme un prêtre ou un psychologue. Mais j’ai toujours répété aux gens qu’ils restaient libres de leurs choix. Je ne leur ai jamais dit quoi faire.

Si vous êtes pasteur, vous êtes berger, si vous ne répondez jamais, vous passez pour un berger distant qui n'aime pas les gens, qui n'a aucun amour. Si vous répondez, vous prenez le risque qu'on vous dise, vous avez répondu, donc vous êtes immiscé dans la vie des gens.

C'est très compliqué au quotidien. Et je me défie quiconque à un rôle, que ce soit de conseiller d'éducation, prof, pasteur, berger, curé, de me dire, c'est facile de conseiller les gens. 

C’est un équilibre difficile. J’ai toujours encouragé les personnes à consulter aussi d’autres conseillers compétents. Dans la vie chrétienne, c’est même un principe : avoir plusieurs témoins, plusieurs avis. Je n’ai jamais prétendu être celui qui sait mieux que tout le monde.

Imaz Press : Ce qu’on vous reproche, c’est d’avoir pris le contrôle de la vie de certains fidèles.

Bruno Picard : Je ne suis pas du tout d’accord avec cela. J’ai lu un témoignage d’une personne qui disait : "Mon pasteur m’a dit telle chose il y a dix ans". Et aujourd’hui, elle présente cela comme un fait. Mais entre-temps, pendant dix ans, cette personne a fait ses choix, vécu sa vie. Et soudain, lorsqu’il y a un échec ou une offense, il faut trouver un responsable. Alors on remonte dans le passé pour pointer du doigt.

Je comprends que ce soit la nature humaine, je ne porte pas de jugement. Mais c’est difficile à gérer pour tout le monde. J’ai toujours essayé – je ne dis pas que j’ai toujours réussi – de faire les choses avec un cœur sincère, avec amour, tendresse, sagesse. Je ne suis pas un homme parfait, j’ai commis des erreurs, c’est certain. Mais je réfute totalement ces accusations, qui, selon moi, n’en sont pas vraiment.

- "On m’a dit qu’une personne m’en voulait "à mort" -

Imaz Press : Vous n’avez donc eu aucune alerte ?

Bruno Picard : Non. On m’a dit qu’une personne m’en voulait "à mort" et ferait tout pour me détruire. Mais que cela prenne une telle ampleur si vite m’a choqué. Ce qui m’a marqué, c’est la rapidité avec laquelle les médias se sont engouffrés dans l’affaire. Ils ont servi de caisse de résonance. J’ai choisi de garder le silence et d’attendre. Quatre ans sans rien dire… L’arrivée de mon nouvel avocat, Me Fabrice Di Vizio change beaucoup de choses aujourd’hui.

Imaz Press : Cette histoire, est-ce une guerre de gourous entre vous et la personne qui a lancé l’alerte ?

Bruno Picard : Je ne suis en guerre contre personne. Bien sûr, devant la justice, nous allons nous défendre bec et ongles. Mais spirituellement et personnellement, je n’ai pas de guerre d’ego. En tant que chrétien, on est appelé à aimer son prochain, à demander pardon à Dieu quand on pèche, et à s’excuser lorsqu’on se trompe. Une guerre d’ego sur les réseaux ou ailleurs n’a aucun sens. 

Imaz Press : À cette époque, de quoi viviez-vous ?

Bruno Picard : J’avais un salaire de pasteur, comme dans toutes les Églises.

Imaz Press : Et les dons, on peut en parler ?

Bruno Picard : Il faut en parler, bien sûr. Comme pour un curé qui reçoit parfois une enveloppe lors d’un mariage, il pouvait arriver qu’on me donne quelque chose ponctuellement. Mais la règle, c’était que les personnes qui le souhaitaient soutiennent l’Église et mon ministère par l’intermédiaire de l’Église. Ces dons permettaient à l’Église de ne pas supporter seule les charges du ministère. Par exemple, quand je voyageais pour prêcher, ce n’était pas payé directement par l’Église mais par ces dons, qui transitaient par l’Église avant d’être affectés à mon ministère.

- "En tant que pasteur, on ne cherche pas à s’enrichir" -

Imaz Press : Comment cela fonctionnait-il concrètement ?

Bruno Picard : Chaque pasteur avait un ministère. Dans mon cas, mon ministère était lié à l’église Extravagance. Je n’agissais pas en tant que “Bruno Picard” indépendant, mais en tant que pasteur de l’église.

Lorsqu’une communauté m’invitait, c’était en réalité l’église qu’on sollicitait. Cela existe depuis des siècles dans le monde évangélique. Les églises s’organisent pour inviter un ministère et couvrir ses frais. Mon salaire restait celui d’un pasteur, et les dons étaient faits via l’église, jamais directement à moi.

Imaz Press : Certains des plaignants disent avoir beaucoup dépensé, jusqu’à se mettre en difficulté.

Bruno Picard : Je comprends l’idée, mais dans le cadre de l’affaire, c’est à mes avocats de répondre précisément. Ce que je peux dire, c’est qu’en tant que pasteur, on ne cherche pas à s’enrichir. Si j’avais voulu gagner de l’argent, je n’aurais pas choisi d’être pasteur. Je n’ai d’ailleurs pas choisi ce métier, c’est Dieu qui m’a appelé.

Imaz Press : Pourquoi l’église a-t-elle autant grandi ?  Est-ce grâce à vous, à votre personnalité ?

Bruno Picard : Non. Une Église grandit par la grâce de Dieu et grâce à une équipe. C’est comme une équipe de football : un joueur talentueux ne suffit pas, c’est l’ensemble qui fait la force. À une époque, nous avions une belle équipe. C’est l’unité, la communauté qui a permis cette croissance. Et la preuve, l’Église continue sans moi aujourd’hui.

Imaz Press : Cette communauté, qui a fait le succès de l’église, vous soutient-elle encore aujourd’hui ?

Bruno Picard : Oui, énormément. Dans la prière, l’amitié, l’amour, les relations. Pour mon épouse, mes enfants et moi, cela a été un havre de paix au milieu de la tempête. Nous ne nous sommes jamais sentis rejetés, au contraire. Nous sommes toujours membres de la communauté, même si je ne suis plus pasteur.

Imaz Press : Continuez-vous à y aller ?

Bruno Picard : Pendant longtemps, je n’y suis pas allé. Mon épouse et mes enfants, oui, mais moi non, par respect pour la décision du juge. Il ne m’avait pas interdit d’y aller, seulement de prêcher. Mais la pression était telle qu’il valait mieux rester à l’écart. Aujourd’hui, j’y retourne en tant que simple membre.

"J’ai été étiqueté “gourou”, “secte”, comparé à Al Capone" -

Imaz Press : On vous a vu lors de rassemblements avec d’autres pasteurs venus de l’extérieur

Bruno Picard : Oui, ce sont avant tout mes amis. Ils ont gardé leur relation avec moi malgré l’affaire et sont revenus récemment. L’église, c’est une communauté qui repose sur des relations. Dans toute relation, il y a des bons et des mauvais moments, des accords et des désaccords. Aujourd’hui, la communauté continue de se fortifier.

Imaz Press : Que pensent vos amis pasteurs de tout cela ?

Bruno Picard : La plupart trouvent la situation extrêmement injuste, disproportionnée. Ils disent que, dès le départ, au lieu de respecter la présomption d’innocence, j’ai été étiqueté “gourou”, “secte”, comparé à Al Capone. Tout est sorti d’un coup. Depuis, je suis interdit de prêcher, de voyager, de gérer une église. La dernière fois que j’ai pu sortir du territoire, c’était grâce à Me Di Vizio, pour des raisons de santé.

Imaz Press : Peu après votre mise en examen, vous avez développé un diabète de type 1. Est-ce lié ?

Bruno Picard : Les médecins disent qu’un choc émotionnel peut déclencher ce type de maladie. Moi qui aime dialoguer, j’ai dû me taire. Garder tout en moi m’a détruit.

Imaz Press : Vous avez été entendu combien de fois par le juge ?

Bruno Picard : Deux fois, la dernière en 2022. Il s’est sûrement passé des choses dans le dossier, mais pour moi, depuis 2022, c’est silence radio. Et le jour de mon audition, j’étais physiquement très mal. Le diabète, les nuits sans sommeil… J’étais épuisé, incapable de répondre sereinement à des questions pourtant cruciales.

Imaz Press : Pouvez-vous expliquer ce que sont les groupes de maison et les groupes “Respire” ?

Bruno Picard : Si une église ne repose que sur la réunion du samedi, les gens se croisent mais ne se connaissent pas vraiment. Une église locale, dans le monde évangélique comme dans le monde catholique, vit aussi grâce à des petits groupes.

Les groupes “Respire” ou groupes de maison sont des temps où les gens se réunissent pour prier ensemble, s’encourager, partager, s’entraider. Cela peut se faire dans une maison, un parc, peu importe.

L’idée est de fortifier la communauté, de créer une communion fraternelle. Dans une grande célébration avec des centaines de personnes, tout le monde ne peut pas s’exprimer. En petits groupes, chacun a sa place et peut participer.

- "J’ai un petit contrat de community manager" -

Imaz Press : Certains reprochent à ces groupes d’être une forme de surveillance déguisée, où l’on ferait des fiches sur les fidèles pour évaluer leur potentiel de dons ou leur degré d’implication

Bruno Picard : C’est une accusation très violente et très dégradante. Le but n’a jamais été celui-là. C’est comme un entraîneur de sport qui demande parfois les coordonnées des parents ou leur profession : c’est uniquement pour mieux connaître la communauté et l’accompagner. Il ne s’agit pas de fliquer ou de surveiller. Je peux comprendre que des accusations existent, mais je les réfute totalement.

Nous n’avons jamais fait ça pour contrôler qui que ce soit. Le but est de créer une communauté où l’on apprend à mieux se connaître et à s’aimer, chacun à la mesure de ses capacités.

Imaz Press : Vous aviez à cœur de connaître personnellement vos fidèles ?

Bruno Picard : Oui. À une époque, j’ai essayé d’apprendre par cœur les prénoms des gens. Je me suis arrêté à 700 ou 800. C’était simplement pour pouvoir leur dire bonjour. Parce qu’un fidèle n’est pas un chiffre, mais une personne avec une âme et un cœur.

Imaz Press : Qu’en est-il des structures créées autour de l’église, pour la musique ou l’école, qui ont parfois été perçues comme des ramifications suspectes ?

Bruno Picard : Il faut comprendre que c’est une obligation légale. L’église est régie par la loi de 1905 et son seul objet est le culte. On ne peut pas, dans ce cadre, développer des activités comme la musique ou l’enseignement. Si vous voulez promouvoir la musique chrétienne, la littérature chrétienne ou toute autre activité connexe, vous devez créer une association loi 1901.

Certains font une association “fourre-tout”, mais ce n’est pas recommandé. La plupart créent une association distincte par activité. C’est plus compliqué à gérer, mais c’est ainsi que la loi est faite. Et heureusement, le juge ne s’est pas immiscé là-dedans, car il n’y avait rien d’illégal.

Imaz Press : De quoi vivez-vous aujourd’hui ?

Bruno Picard : J’ai un petit contrat de community manager, ici à La Réunion. J’essaie de me relancer dans ce domaine, même si ce n’est pas facile. Avec mon épouse, nous traduisons aussi des livres d’amis anglophones qui nous confient leurs ouvrages à adapter en français. Cette affaire a bouleversé notre vie. Le plus difficile n’a cependant pas été la chute financière – passer d’un salaire d’environ 3 000 euros à vivre comme on peut chaque mois. Ce qui a été le plus dur à encaisser, ce sont les accusations : être traité d’escroc ou de gourou.

Imaz Press : Etes-vous un “pasteur à succès”

Bruno Picard : Pour moi, cela ne veut rien dire. Être pasteur, c’est prendre soin des gens. Si l’église grandit, il faut plus de pasteurs pour les accompagner, et c’est tout. Je n’ai jamais cherché à être un “succès”. Si j’avais voulu cela, j’aurais choisi un autre métier.

Imaz Press  : Pourtant, vos prêches sur YouTube donnent l’image d’un pasteur charismatique, avec une grande mise en scène

Bruno Picard : Ce n’est pas une image construite. C’est ce que je suis. Quand je prêche, je donne tout. Quand je suis avec ma famille ou mes amis, je suis tout autant entier.

Imaz Press  : Regrettez-vous votre exposition sur les réseaux sociaux ?

Bruno Picard : Oui, avec le recul, je partagerais beaucoup moins qu’avant. À l’époque, les réseaux sociaux émergeaient et la question était : faut-il y être ou pas ? J’ai choisi d’y être pour montrer qui j’étais. Mais aujourd’hui, je sais que quoi que je fasse, cela peut être interprété contre moi. Si je me tais, je passe pour coupable. Si je parle, on dit que je manque d’amour pour ceux qui m’accusent. C’est un double tranchant difficile à gérer.

-" Je suis heureux d’être un fidèle parmi les autres" -

Imaz Press  : Ressentez-vous encore de la colère ou de l’amertume envers vos accusateurs ?

Bruno Picard : Non. Je peux le dire droit dans les yeux : je n’ai aucune amertume. Au début, oui, j’étais en colère, surtout triste pour ma femme et mes enfants qui n’avaient rien demandé. Mais je suis allé prier, j’ai crié ma douleur devant Dieu. Aujourd’hui, je n’ai ni animosité ni rancune. Ma prière, c’est que chacun retrouve le chemin de la paix, de la guérison, et vive la vie que Dieu a prévue pour lui.

Imaz Press : Et l’église, vous soutient-elle encore financièrement ?

Bruno Picard : Non. J’ai démissionné. Dès que le juge m’a interdit de prêcher et de gérer l’église, je n’ai pas voulu qu’elle souffre davantage à cause de moi. J’ai donc présenté ma démission immédiatement, le jour même de ma sortie de garde à vue, après mon placement sous contrôle judiciaire. Je n’ai pas laissé le choix à mes amis de décider, j’ai pris cette décision pour protéger l’église. Depuis, je fais mon chemin, qui dure maintenant depuis plus de quatre ans.

Imaz Press : Aujourd’hui, vous êtes donc un simple fidèle ?

Bruno Picard : Oui. Je suis heureux d’être un fidèle parmi les autres, d’appartenir à une belle communauté. Bien sûr, je me questionne sur mon avenir, sur mon appel. Être pasteur, ce n’est pas un métier, c’est une vocation. Une vocation entre Dieu et moi.

Imaz Press : Pour conclure, qu’aimeriez-vous dire ?

Bruno Picard : J’aimerais encourager tous ceux qui traversent des moments difficiles, que ce soit à cause de leurs propres erreurs, d’incompréhensions ou de blessures. Peu importe la raison : ne baissez pas les bras. Vivez un jour à la fois. Et pour ceux qui sont chrétiens, remettez-vous entre les mains de Dieu et pardonnez.

is/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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9 Commentaires
pouet
pouet
5 jours

Heureux les simples d'esprit

Jozimé
Jozimé
6 jours

Des abus de faiblesse existent dans toutes les religions. Dernièrement un prête tamoul sur St Leu, demandait outre un plateau d'offrandes et des fleurs exigeait pour la cérémonie des ancêtres 2sachets riz basmati svp, brique de lait, 5 plateaux en cuivre neufs, 2 vestis, de l'argent liquide....où va t-on ? La honte ne le tue pas ?

Ami
Ami
6 jours

Courage à vous monsieur ! Il fera pour vous je le crois

Gérard LEVENEUR
Gérard LEVENEUR
6 jours

Tous les religieux sont semblables dans leurs vies de marabouts, il faut les punir grandement car toutes les religions sont fausses et juste un poste à se faire de l'argent, ils n'ont pas encore compris que dieu n'existe pas et que c'est juste une invention des hommes pour les hommes et pas plus et cela depuis la nuit des temps.
Si la TERRE n'avait pas de religions elle se porterait beaucoup mieux.

Croyant
Croyant
6 jours

Bonjour, je comprends ta colère quand on voit des scandales, c’est légitime de se sentir trahi. Mais te permettre de généraliser ainsi n’aide personne. Oui, il y a eu des abus et des dérives (comme on le lit dans l’interview), et ceux qui abusent doivent répondre devant la justice et la société.

Toutefois, affirmer que toutes les religions sont de l’escroquerie et que “Dieu n’existe pas, c’est juste une invention” est une conclusion excessive pour quelques raisons simples :

- Confondre des fautes humaines et une réalité métaphysique. Les crimes ou l’appât du gain commis par des religieux montrent que des humains ont mal agi. Ils ne prouvent pas que Dieu n’existe pas, seulement que des gens ont abîmé une confiance.
- La religion a des effets concrets et positifs. Les croyances religieuses produisent des réseaux d’entraide, de véritables services sociaux (aide aux pauvres, maisons de retraite, secours en cas de catastrophe), du soutien psychologique, et des cadres moraux qui aident des millions de gens à vivre. Effacer ça c’est nier des faits sociaux observables.
- Dire que Dieu est “inventé” est une position philosophique et non un fait démontré. Il existe des arguments philosophiques sérieux (cosmologique, moral, expérience religieuse) qui rendent la question ouverte, et pour beaucoup de personnes, leur expérience personnelle de sens, de prière ou de transformation est aussi un élément de preuve. On peut débattre rationnellement de ces arguments au lieu d’insulter et de généraliser.

SOMANKE
SOMANKE
6 jours

"Si la TERRE n'avait pas de religions elle se porterait beaucoup mieux."
Non, elle s'en créerait une

Chonchon
Chonchon
6 jours

Pour avoir fréquenté ce genre d’église on peut dire que beaucoup d’argent y circulent et le côté sectaire est bien. Si tu n’y va plus tes propres amis te rejettent

Ded
Ded
6 jours

Déjà, pasteur , rien que ça , ça fait rigoler , pauvre victime!

Josimé
Josimé
6 jours

Ded, ton commentaire suinte l'intolérance et le dénigrement. C'est ta misérable vie qui est risible.