Cette année 2023, le Safthon fête sa 7ème édition. Une cause vouée à sensibiliser chaque année les Réunionnais aux troubles causés par l'alcoolisation fœtale (TCAF). Mais avant l'événement qui aura lieu le 9 septembre prochain, il est important de rappeler que chaque année à La Réunion, plus de 270 enfants fragilisés naissent atteints de troubles causés par l'alcool durant la grossesse. Sur l'ensemble de la France, ce chiffre se porte à 15.000 enfants, soit un enfant toutes les trente minutes. Si ces chiffres sont élevés, la connaissance générale est supérieure à celle de l'Hexagone. Selon l'étude Opinion Way, 63% des Réunionnais connaissent précisément le SAF, 86% des Réunionnais déclarent en avoir déjà entendu parler (Photo d'illustration : sly/www.imazpress.com)
J'ai bu, est-ce grave pour le bébé ? Même si cette question peut paraître anodine – car des futurs parents pensent qu'un seul verre ne peut pas avoir de conséquences – un verre, c'est toujours le verre de trop.
Selon une étude du JAMA (Journal of the American Medical Association), une exposition à l’alcool in utéro, même de faible intensité, a des effets mesurables sur la structure du cerveau de l’enfant et appui les recommandations médicales actuelles de ne pas boire d’alcool durant la grossesse.
Cette nouvelle étude vient renforcer l’idée que pour faire respecter le droit des enfants à naître égaux, il faut mettre beaucoup plus de moyens dans l’information à l’école sur les dangers de l’alcool durant la grossesse, la prévention des futurs parents, le diagnostic et l’accompagnement des personnes porteuses de TCAF.
Plus de 270 bébés naissent chaque année à La Réunion avec des troubles causés par l'alcoolisation fœtale (TCAF), soit un bébé toutes les 32 heures. Des chiffres encore alarmants.
Selon les chiffres de 2022, au total, 17.000 Réunionnais vivent aujourd'hui avec ces troubles.
- 63% des Réunionnais connaissent précisément le SAF -
Toutefois, si ces chiffres sont élevés, la connaissance générale est supérieure à celle de l'Hexagone. Selon l'étude Opinion Way, 63% des Réunionnais connaissent précisément le SAF, 86% des Réunionnais déclarent en avoir déjà entendu parler.
Ce qui place d'ailleurs La Réunion à la première place des DROM. "La Réunion est la première région française en termes de connaissance du SAF", déclare Denis Lamblin, président du SAF France.
Une étude faite sur plus de 500 parents d'enfants de moins de trois ans et habitants dans les DROM. "Ces chiffres sont très importants pour montrer la progression et aussi tout ce qui reste à faire", note Denis Lamblin.
Des parents conscients des risques de l'alcool pendant la grossesse. 78% savent que l'alcool in utero peut engendrer des difficultés, 73% savent que cela peut donner lieu à des fausses couches, 70% parle du déficit de l'attention, 62% connaissent les pathologies psychiatriques que cela peut engendrer.
5 Réunionnais sur 10 savent également que la SAF peut apparaître à n'importe quel moment de la vie. "Les Réunionnais ont conscience de cette bombe à retardement", note Denis Lamblin.
Autre question : pensez-vous que les risques peuvent subvenir dès le premier verre ? Pour 90% des Réunionnais, c'est oui. "C'est un énorme progrès car il y a de cela des années c'était à peine 30%", lance le président du Safthon.
D'après vous, quelles sont les principales raisons de boire ? Pour 64% c'est car les femmes sont addicts, pour 62% les femmes n'ont pas connaissance des conséquences "et c'est dramatique". 52% elles ne savent pas qu'elles sont enceintes.
À la question, pensez-vous être suffisamment informé sur les risques, les parents estiment ne pas l'être à 66%.
De plus, 90% des habitants des DROM s'accordent à dire que le meilleur moment pour commencer à informer sur les risques c'est pendant la scolarité et au collège.
Concernant la consommation, en moyenne 8 fois sur 10 les femmes disent ne plus boire pendant la grossesse, dès lors qu'elle apprend être enceinte.
À noter que 30% des hommes déclarent avoir apporté un soutien à leur partenaire pour l'encourager à ne pas boire d'alcool, 35% disent même avoir diminué leur consommation et 14% ont totalement arrêté.
- Le Tour de France du Safthon démarre à La Réunion -
À La Réunion, cela fait plus de 30 ans que le Safthon informe ma population sur les risques de l'alcoolisation fœtale.
Ce mercredi 9 août, c'est donc ici que le Tour de France de l'événement démarre. Un tour organisé par l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (UMIH), partenaire du SAF depuis 2019.
"Cette première étape du Tour de France est symbolique car La Réunion est la région où nous avons mis un énorme plan de stratégie de prévention", tient à souligner Denis Lamblin.
Pour Pascal Turonnet, président UMIH du club des Hôtels de la Réunion et directeur du Mercure Créolia. "On est sensible à cette cause." Renaud Lutse, président de UMIH, cafés, Brasseries, Établissements de Nuit se dit fier "d'être un maillon de cette action".
Ces événements ont pour vocation de sensibiliser et d'inciter le plus grand nombre à la prévention de la première cause de handicap mental d'origine non génétique et donc totalement évitable.
En 2023, à La Réunion, plusieurs actions seront prévues. Du 8 au 10 septembre un stand de prévention sera installé aux Francofolies de Saint-Paul. Le 9 septembre, lors de la journée internationale de sensibilisation au SAF et autre TCAF, un village Safthon réunissant 60 associations, des entreprises, des artistes se tiendra au moulin maïs à Saint-Louis. Une marche solidaire sera organisée le matin à partir de 10 heures. Le 30 septembre, c'est le club Inner Wheel qui organisera un déjeuner dansant pour une levée de fonds.
Outre ces événements, 225 tirelires jaunes seront déposées partout dans l'île (boulangeries, stations-service, cafés, restaurants, camions bars...).
En 2022/2023, 48 familles ont été accompagnées et 250 depuis 2019 par le cœur de réseau SAF France.
6.400 élèves ont été sensibilisés depuis 2019 dans 23 établissements scolaires participants.
- Le SAF, c'est quoi ? –
Le SAF (syndrome de l'alcoolisation fœtale) affecte 1 enfant sur 1.000. C’est la forme la plus sévère des conséquences de la consommation d’alcool pendant la grossesse. Elles peuvent être massives : retard de croissance, retard psychomoteur, malformations du visage, et troubles cognitifs majeurs avec parfois une déficience intellectuelle.
Les autres TCAF touchent 2 enfants sur 100. Ils englobent de nombreux troubles dus à l’atteinte du cerveau. Ces troubles sont méconnus et rarement attribués à l’atteinte du cerveau par l’alcool durant la grossesse. Les enfants atteints ont des difficultés à maintenir leur attention donc à ne pas se laisser distraire et à apprendre à l’école du fait de troubles "DYS" (surtout la dyscalculie).
Ces difficultés sont souvent associées à des troubles du comportement par défaut d’empathie, des troubles de l’auto-contrôle et de la régulation des émotions à l’origine de leurs difficultés à s’adapter à la vie sociale.
L’ensemble des TCAF* représente la première maladie neuro-développementale non génétique évitable.
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com