Décolleté vert, souliers rouges à talons, longs gants roses, coiffure rétro... Marc Fraize quitte les habits de Monsieur pour endosser la robe de Madame. Un one woman show truffé de gags et de traits d'humour décalés. Mais surtout une bouffée d'oxygène dans un monde en ébullition... (photos Sébastien Marchal et V.W)
Monsieur Fraize et maintenant madame… Pourquoi avoir changé de genre ?
Le propos n’est pas le genre, ni le fait que Marc devienne femme mais plutôt ce que madame Fraize a à raconter et c’est pour moi le plus important. C’est une femme qui a un passé, une diva qui vient nous parler d’amour. Alors femme ou homme ce n’est pas grave, ce qui compte c’est la relation à l’autre. Mais attention, madame n’a aucun lien de famille avec monsieur. Ce n’est ni sa femme, ni sa tante, ni sa mère, elle est juste son alter-égale qui partage ses petits et grands tracas de femme de la classe moyenne, avec derrière, le gros challenge de réussir à faire rire et surprendre le public avec quelque chose de troublant sans tomber dans la caricature, en prenant mon temps. Car j’aime arrêter le temps. Or dans l’humour il faut aller vite, envoyer toujours des vannes et en cela, je suis un mauvais élève. Moi je propose vraiment l’éloge de la lenteur, ce qui en général n’est pas vendeur dans l’humour.
Quel est le monde de madame ?
Comment s’est construit ce nouveau personnage ?
Avec monsieur, j’ai avancé totalement à l’aveugle et il en a été de même avec madame, ne sachant pas si je réussirai à susciter le rire en faisant de l’optimisme. Le travail a commencé avec la costumière qui m’a dessiné la robe sur mesure et le personnage a pris naissance au moment où je l’ai enfilée. Et puis il y a les talons, la gestuelle où le corps aide à l’expression et à tout le reste. À la base, je suis un amoureux des personnages clownesques, notamment Peter Falk et son rôle de Colombo que je cite souvent, ou encore Jacques Tati, Chaplin, Keaton, Coluche. Alors certes, avec madame Fraize, on n’est pas à ce niveau même si le personnage évolue constamment avec cette rondeur que monsieur n’avait pas.
À quoi doit s’attendre le public ?
Comment le public a réagi en découvrant madame ?
Quand on est arrivés sur la grande scène du théâtre du Rond-Point à Paris, madame Fraize a investi ce plateau de 20 mètres de long avec ses grandes jambes et le public a été enchanté même si on était dans une période de restrictions sanitaires. Quant au public réunionnais, il avait totalement adhéré au premier personnage il y a quatre ans et j’espère que ceux qui ont vu monsieur viendront voir madame.
Pensez-vous que madame aura la même longévité que monsieur ?
Vous voyez-vous comme un clown poète ?
Si faire rire est tout un art c’est aussi pour moi une énorme poésie. Or aujourd’hui, on est en déficit de poésie, de tendresse et d’amour. Mon ambition, sans être poète, est donc d’être un peu moins terre à terre et moins cynique avec un spectacle convivial pour qu’on prenne soin les uns des autres et je pense que ça fera du bien à tout le monde.
vw/www.ipreunion.com/
Madame Fraize, théâtre du Grand Marché, jeudi 8 septembre, 19 heures et vendredi 8 septembre, 20 heures