SEBASTIEN LECORNU "Il y a une volonté des formations politiques de trouver un budget avant le 31 décembre" et la perspective d'une dissolution s'éloigne

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Motions de censure (actualisé)

En sursis après son 49.3, le gouvernement de Michel Barnier n’a (probablement) plus que quelques heures à vivre

  • Publié le 3 décembre 2024 à 13:55
Le Premier ministre Michel Barnier le 3 octobre 2024 à Aubervilliers avant de passer dans l'émission "L'Evénement" sur France 2

Le fragile gouvernement de Michel Barnier n’a probablement plus que quelques heures à vivre. Le Premier ministre a été contraint lundi d’engager sa responsabilité sur le budget de la Sécurité sociale, un premier 49.3 synonyme de motions de censure et sans doute de chute, puisque la gauche et le RN ont annoncé qu’ils les voteraient. Marine Le Pen a même précisé que le RN votera les motions de censure "d'où (qu'elles) viennent" y compris celle de l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire (Photo AFP)

L’adoption par l’Assemblée nationale d’une telle motion de censure serait une première depuis le renversement du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République.

- "Un moment de vérité" selon Michel Barnier -

"Nous sommes parvenus désormais à un moment de vérité qui met chacun devant ses responsabilités. C’est maintenant à vous (...) de décider si notre pays se dote de textes financiers responsables, indispensables et utiles à nos concitoyens. Ou alors si nous entrons en territoire inconnu", a déclaré Michel Barnier devant l’Assemblée nationale.

Le Premier ministre de 73 ans, nommé par Emmanuel Macron le 5 septembre, venait devant la chambre pour dégainer le fameux article 49.3 de la Constitution qui permet l’adoption d’un texte sans vote. Il expose aussi le gouvernement au risque d’une motion de censure.

Celle-ci n’a pas tardé, à l’initiative de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire.

"Il aura mercredi à la fois le déshonneur et la censure", a fustigé la cheffe des députés de La France insoumise, pointant les concessions du gouvernement au Rassemblement national et confirmant le délai de 48 heures au minimum entre le dépôt de la motion et son examen.


Le texte sera défendu par le président de la commission des Finances, l’Insoumis Eric Coquerel. Et le groupe RN a fait savoir qu’il le voterait.

- Le RN votera les motions de censure "d'où (qu'elles) viennent" -

Le "miracle", évoqué lundi matin par Jordan Bardella et qui aurait pu faire changer d'avis les lepénistes, n'est pas survenu: "Nous voterons la censure du gouvernement", a confirmé dans l'après-midi la cheffe des députés du Rassemblement national, après que le Premier ministre a utilisé quelques minutes plus tôt l'article 49.3 de la Constitution sur le budget de la Sécurité sociale.

Afin de lever toute ambiguïté, la triple candidate malheureuse à la présidentielle a précisé que ses troupes voteraient l'ensemble des motions, "d'où (qu'elles) viennent", y compris celle de l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire.

- Malgré les concessions de Michel Barnier au RN -

Dépourvu de majorité à l’Assemblée, le gouvernement a multiplié au cours de la dernière semaine les concessions au parti d’extrême droite, que ce soit sur les taxes sur l’électricité, ou sur l’Aide médicale d’Etat - insuffisamment toutefois sur ce sujet selon Mme Le Pen.

Dans la matinée, Michel Barnier s’était entretenu au téléphone avec la députée du Pas-de-Calais, puis avait annoncé dans un communiqué un nouveau geste dans sa direction, en s’engageant "à ce qu’il n’y ait pas de déremboursement des médicaments" en 2025, alors que le gouvernement avait prévu une baisse de 5%.

Mais pour Marine Le Pen, le compte n’y était toujours pas. En arrivant à l’Assemblée dans l’après-midi, juste avant une séance cruciale, elle a réaffirmé qu’elle demandait au chef du gouvernement de renoncer à la désindexation partielle des retraites s’il voulait échapper à la censure.

- Et puis Michel Barnier n'a plus voulu discuter -

Le Premier ministre a fermé la porte à de nouvelles concessions dans son discours: "J’ai été au bout du dialogue avec l’ensemble des groupes politiques".

L’Assemblée était appelée à voter sur le texte issu la semaine dernière des travaux d’une commission mixte paritaire députés-sénateurs, qui prévoit désormais 18,3 milliards d’euros de déficit en 2025, soit 2,3 milliards de plus que l’objectif de 16 milliards fixé au début de l’automne.

Si le gouvernement Barnier tombait, la France s’enfoncerait encore plus dans la crise politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin, avec en outre le risque d’une crise financière liée la capacité de la France à emprunter sur les marchés à de faibles taux.

"Sans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale que nous examinons aujourd’hui, le déficit des comptes sociaux atteindrait près de 30 milliards d’euros l’an prochain", a mis en garde dans l’hémicycle le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.

- Emmanuel Macron n’a fait aucun commentaire sur la (très) possible chute du gouvernement -

L’écart entre les taux d’intérêt d’emprunt de la France et de l’Allemagne (le "spread") a fortement augmenté après l’annonce de Michel Barnier, signe de l’inquiétude des investisseurs.

L’Elysée n’a fait aucun commentaire sur la nouvelle donne politique, alors qu’Emmanuel Macron a atterri à Ryad pour une visite d’Etat de trois jours en Arabie saoudite. Mais c’est bien le chef de l’Etat qui aura rapidement la main car, si le scénario d’une censure se confirme, il devra nommer un Premier ministre.

Ancien titulaire de la fonction, Gabriel Attal a appelé les oppositions "à ne pas céder à la tentation du pire et donc à ne pas voter la censure du gouvernement".

" Si la censure est votée cette semaine, les Français devront se souvenir de cette alliance qui l’a rendue possible. Cette alliance de toute la gauche, y compris d’un Parti socialiste pour qui l’intérêt général n’est plus qu’un lointain souvenir, avec le RN", a-t-il prévenu.

www.imazpress.com avec l'AFP

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7 Commentaires
julie
julie
10 mois

Michel Barnier, vous avez fait une grosse bêtise en utilisant le 49.3 maintenant ramasse tes affaire bay bay amène tes ministres avec toi

Et alors
Et alors
10 mois

A quoi ça sert de rouler des mécaniques.
On a voté Macron et on regrette

HULK
HULK
10 mois

Et alors, qui va pleurer? A faire du sous-macron,voilà où çà mène. On va vite l'oublier. En fait,tout le monde veut le départ du locataire de l'& lycée.

C mwin i dit
C mwin i dit
10 mois

Un 1er ministre qui n'a pas durée reconnu pour être un bon négociateur par les macronistes, les journaleux mainstream, paraît-il ?

Il s'est vu Denzel Washington ...

A quand l'élection présidentielle anticipée ?

ZembroKaf
ZembroKaf
10 mois

La Constitution autorise le "49-3"
La Constitution autorise "la motion de censure"
M.Le Pen va voter la motion de censure "d'où ça vient" ... elle n'a pas eu "la protection" du gouvernement sur son éventuel "inéligibilité" !!!

Missouk
Missouk
10 mois

RIP, et sans aucun regret. Je me demande depuis sa nomination dans quoi il s'est embourbé.

Aurélie
Aurélie
10 mois

Il s'en fout, il touche 28.600 euros de retraite, dont 5.000 euros pour avoir "travaillé" au conseil d'état pendant 2 ans :-)