Avant que les jeunes réunionnais ne retrouvent le chemin de la faculté, la semaine prochaine, l'UNEF, principal syndicat étudiant sur l'île, faisait sa rentrée ce mardi 20 août 2013, autour de trois sujets : la réforme des aides sociales, le coût de la vie étudiante et surtout l'épineux dossier du budget de l'université. Rappelant qu'il manque toujours 483 000 euros, les étudiants déplorent le silence du ministère de l'Enseignement supérieur et agitent le risque d'une cessation de paiement.
Le 9 juillet dernier, la section réunionnaise de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France) adressait une motion à Maralyse Lebranchu, ministre de la Fonction publique, alors en visite à l’université de Saint-Denis. Les étudiants tenaient ainsi à l’alerter sur les problèmes budgétaires de l’établissement, soulignant "le différent de 483 000 euros entre le budget adopté en décembre 2012 par les administrateurs et la notification ministérielle du mois de juin 2013".
Ce mardi, ils sont revenus sur ce sujet, qualifiant la situation d’"alarmante". "Il manque toujours ces 483 000 euros et nous demandons qu’on nous dise clairement où on va aller les chercher", souligne Stéphane Maillot, président de l’UNEF Réunion. "La situation est inquiétante, mais nous n’avons pas de réponse du ministère. Il n’y a aucune volonté d’écouter et d’entendre", déplore-t-il, évoquant un "risque de cessation de paiement si la prochaine DBM (décision budgétaire modificative, ndlr) n’est pas négative".
Aussi l’UNEF entend rester mobilisée sur le sujet, soulignant qu’elle appréhende "le conseil d’administration budgétaire du mois de septembre" et exige "qu’une solution politique soit trouvée sans quoi nous prendrons nos responsabilités et mobiliserons la communauté universitaire autour de cette problématique".
Auparavant, l’UNEF était revenue sur la réforme des aides sociales annoncée le 16 juillet dernier par la ministre de l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso. "Une très bonne nouvelle", selon Helno Eyriey, secrétaire général de l’UNEF, même si "cela ne fait que rattraper partiellement toutes les années où le pouvoir d'achat des étudiants a baissé". Un nouvel échelon – le 7 – entrera ainsi en vigueur dès cette rentrée à destination des étudiants issus de familles les plus modestes, c’est-à-dire dont les parents gagnent moins de 7540 euros par an. Cette nouvelle aide de 550 euros par mois devrait concerner un peu plus de 3000 des 18 000 étudiants de La Réunion.
La réforme instaure par ailleurs un échelon "0 bis", offrant une aide de 100 euros par mois aux étudiants dont les parents gagnent moins de 33 100 euros par mois, ainsi qu’une bourse d’aide à l’autonomie, comprise entre 4000 et 5 500 euros par an, et destinée aux étudiants en "situation d’autonomie avérée" ou se trouvant en situation de rupture familiale. Cette dernière mesure marque " un premier pas vers une rupture historique " pour l’UNEF, qui y voit une première reconnaissance de l’étudiant comme "un être à part entière indépendamment de ses parents".
Une année universitaire à 11 300 euros
Enfin, cette conférence de presse de rentrée était aussi l’occasion pour l’UNEF Réunion de se faire l’écho des enquêtes nationales menées sur le coût de la vie étudiante, faisant état d’une augmentation globale de 1,6 %, ce qui porte "le prix total d’une année d’étude à une somme moyenne de 11 300 euros à La Réunion, contre 15 500 en région parisienne et 10 500 euros en province", selon Stéphane Maillot.
Avec 50 %, ce dernier rappelle également que La Réunion possède le plus fort taux de boursiers de France – la moyenne nationale étant de 21 % -, tout en soulignant qu’à l’inverse "50 % des étudiants sont exclus de toute aide sociale". D’après une enquête menée par l’UNEF lors des inscriptions, 78,06 % des familles reconnaissent ainsi rencontrer "des difficultés sérieuses dans le financement d’une année universitaire".
"Le principal problème reste la question du logement", enchaîne Stéphane Maillot. "C’est une véritable plaie pour les étudiants réunionnais, il faut arrêter avec le scandale des étudiants sans toit, qui sont obligés de travailler ou de faire la quête auprès de leur famille", ajoute-t-il. "Aujourd’hui, le parc locatif comprend 1100 chambres disponibles en cité universitaire, alors que le CROUS fait état de 5000 demandes tous les ans", s’alarme encore le président de l’UNEF, indiquant que les étudiants réunionnais ont l’intention d’interpeller le gouvernement sur cette question, mais aussi le chef de l’Etat François Hollande lors de sa prochaine visite sur l’île prévue au mois d’octobre.
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