Fermées ce lundi matin 25 juillet 2022, les plateformes de Beaufonds, de Pente Sassy et de Ravine glissante ouvriront leurs portes dès ce mardi. Un accord en ce sens a été trouvé lors de la réunion des commissions mixtes d'usine ce lundi. Les usines de Bois et du Gol ainsi que tous les centres de réception sont donc désormais opérationnels. La campagne sucrière qui a commencé ce lundi peut tourner à plein régime (Photo d'illustration : rb/www.ipreunion.com)
"La commission mixte d’usine de Beaufonds s’est réunie ce lundi et a fixé, à l’unanimité de ses membres, l’ouverture des centres de réception de Beaufonds, Pente Sassy et Ravine Glissante à compter du mardi 26 juillet 2022 à 6h00" indique le syndicat du sucre dans un communiqué publié ce lundi après-midi. Il ajoute se réjouir "de cette décision qui permet aux planteurs dépendant de ces centres
de réception de pouvoir démarrer la campagne sucrière".
Ainsi, tous les planteurs de l’île pourront livrer sur leurs diférents centres de réception. Cette décision arrive après des jours de mobilisation devant les grilles des usines sucrières de l'île et après des réunions CMU la campagne sucrière a enfin démarré ce lundi. Les usines de Bois-Rouge du Gol sont ouvertes depuis tôt ce lundi 25 juillet 2022. Après la signature de la convention le mercredi 13 juillet- à l'issue de 16 jours de grève - la coupe devait commencer le mercredi 20 juillet. Un nouveau protocole d'échantillonnage de la richesse en sucre, mis en place par Tereos et refusé par les planteurs, avait retardé le début de campagne.
Les planteurs qui avaient commencé à couper leurs cannes dès la semaine dernière vont donc pouvoir les livrer. Les réunions des CMU du 22 et 23 juillet ont finalement débouché sur un accord entre Tereos et les syndicats agricoles. Les deux usines de l'île, Bois Rouge (Saint-André) et Le Gol (Saint-Louis) ainsi que leurs plateformes de reception ont ouvert leurs portes très tôt ce lundi matin. A noter que les centres de réception de Beaufonds, Ravine-Glissante et de Pente Sassy débuteront leur campagne sucrière mardi 26 juillet 2022 à partir de 6h.
- Chronologie d'une (très) longue crise -
Pour rappel, c’est en mai dernier que l’alerte a commencé à être donnée par les planteurs et leurs représentants syndicaux. Deux mois avant le début de la campagne sucrière, la convention 2022-2027 n’était toujours pas signée et les négociations avec les industriels n’avaient pas encore débutées. Dans un contexte où la richesse en sucre et le prix de la canne baissait, la Chambre d’agriculture avait tiré la sonnette d’alarme. Une enveloppe de 14 millions d’euros avait d’ailleurs été débloquée à destination des agriculteurs.
Le 31 mai, une réunion a lieu au CTICS (Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre) situé à la Providence, entre planteurs et industriels. Le comité paritaire de la canne et du sucre (CPCS) n’arrive pas à se mettre d’accord. Les industriels demandant donc des aides supplémentaires à l’État, alors qu’une enveloppe de 28 millions d’euros leur avait déjà été accordée. De là, s’installe un climat de tension entre planteurs et industriels, dont Tereos. Le dialogue est au point mort. Chaque semaine une nouvelle réunion, mais toujours aucune avancée dans les négociations.
Le jeudi 30 juin, alors que les discussions avec Albioma avancent et l’État, du côté de Tereos, les discussions sont au point mort. L’industriel n’étant d’ailleurs pas présent physiquement lors de cette réunion. Une absence que l’intersyndicale avait déclarée comme " un manque de respect ". Et alors que les représentants étaient en réunion, plusieurs tracteurs avaient pris la route direction le Département afin de réclamer l’aide et le soutien des conseillers et du président, Cyrille Melchior.
Mardi 5 juillet, journée cruciale pour les planteurs. Une nouvelle réunion se tient avec les planteurs, alors que la campagne aurait déjà dû commencer. Malheureusement, aucune avancée significative n’a été faite et la convention canne toujours pas signée.
Le vendredi 8 juillet, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et son ministre délégué sont à La Réunion. Une réunion a eu lieu entre les deux représentants de l’État, les industriels et les planteurs, mais la réunion tourne mal, toujours pas de négociations en vue. Le lendemain, c’est seulement avec un membre du cabinet du ministre Gérald Darmanin qu’ils s’entretiennent. Une énième journée marquée par un échec des négociations. Cependant, "grâce à un engagement des ministres, une solution a été proposée, permettant de garantir le maintien du prix de la tonne de canne de référence à 40,07 euros".
Mercredi 13 juillet, veille de la fête nationale, à l'issue d'une nième réunion, la convention cannes est signée à 16h30, en présence des représentants syndicaux, des collectivités, des industriels mais également de Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer en visioconférence depuis Paris.
La campagne sucrière doit commencer le mercredi 20 juillet
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Mardi 19 juillet, nouvelle mobilisation et nouvelles tensions. Le nouveau protocole d'échantillonnage des cannes mis en place par Tereos soulève la colère des planteurs. Ils refusent d’assister à la commission mixte d’usine et appellent à la mobilisation devant les grilles des usines.
"Cette décision est une protestation contre le passage en force du nouveau protocole", expliquaient alors les Jeunes agriculteurs. Ils dénoncent ainsi un protocole dans lequel ont été modifiés "les points de perçage et d'analyses pour les cannes longue machine. Les planteurs ont désapprouvé d’autant plus les modifications que, selon eux, "cela a été fait sans notre accord". "Le protocole de campagne proposé par Tereos est inacceptable", a estimé Dominique Gigan, président de la FDSEA.
De son côté, Florent Thibaut, directeur de Tereos, explique à Imaz Press : "ce système sera mis en place pour seulement quelques planteurs car pour 98% d’entre eux nous n'avons pas de doute"Pour lui, il s'agit d'"acheter la réalité du sucre d'un chargement".
Par ailleurs, le vendredi 22 juillet, une délégation de salariés de l’usinier Tereos s’est mobilisé à son tour devant la préfecture pour alerter sur la situation des saisonniers. En cause : la réforme de l'assurance chômage, qui nécessite désormais six mois de travail pour pouvoir toucher des indemnités. Un délai trop long pour ces saisonniers, qui ne remplissent plus les conditions nécessaires. Une réunion s'est tenue en préfecture pour alerter l'Etat.
Finalement après plusieurs réunions de négociations au sein des CMU, un accord est trouvé entre les planteurs et les usiniers. La coupe peut enfin commencer ce lundi 25 juillet.
La filière de la canne représente 18.000 emplois directs et indirects à La Réunion.
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