Foodwatch attaque une vingtaine de marques (actualisé)

Ces produits "miracle" qui vous pourrissent la santé

  • Publié le 24 mars 2019 à 12:49

Vous les avez sans doute vus dans les supermarchés, dans les rayons des parapharmacies ou même sur internet : les produits "magiques" qui vous garantissent minceur, sommeil et bonheur envahissent les rayons et les publicités. Une nouvelle enquête de Foodwatch épingle une vingtaine de produits qui ne reposent sur aucune preuve scientifique et annoncent parfois des résultats dangereux, comme ceux qui promettent de guérir le cancer.

Des produits détox… complètement intox. L’organisation Foodwatch liste dans une nouvelle enquête plusieurs produits totalement " fake ", de belles promesses qui font rêver d’une santé éclatante mais qui ne règlent rien à rien. Et le risque de consommation est accru à La Réunion, département déjà marqué par le fléau de la mauvaise alimentation.

" On doit appeler le citoyen à sa responsabilité et essayer de l’aiguiller au maximum aussi pour cette raison : très peu de gens savent que ce genre de produits doit être validé pour avoir l’allégation santé par exemple ", s’alarme le nutritionniste Fridor Funteu.

Des publicités alléchantes

Le packaging y est pour beaucoup et c’est justement ce qui chagrine les professionnels de l'alimentation saine. C’est d’ailleurs l'un des cinq problèmes cités par Foodwatch : " des noms ronronnants mais qui ne sont que pur marketing. "

Nous l’avons expérimenté en nous glissant dans la peau d’un consommateur en recherche de produits pour mieux dormir et pour maigrir, dans une parapharmacie. Les emballages sont sans appel. La pharmacienne nous conseille d’ailleurs l’un d’eux à la couleur rouge vif, titre écrit en lettres capitales : " brûleur de graisses extra fort ". Tentant… sauf le prix : 35,90 euros, pour une boîte qui ne durera qu’un mois seulement.

La pharmacienne nous vend d’ailleurs l’efficacité de la fibre de konjac, nouvelle star des régimes. " Ca fonctionne comme une éponge qui gonfle dans l’estomac, et donne donc une impression de satiété. " Peu ragoûtant, mais efficace nous promet-on. " Il s’agit juste de la fibre ", rassure la pharmacienne… Son effet "coupe-faim" dans tous les cas est remis en question par certains nutritionnistes.

Un peu plus loin trônent les produits pour trouver le sommeil, aux couleurs apaisantes bleu nuit, bleu pastel… affublées de petites étoiles. L’un d’eux nous est proposé : 13 euros la boîte pour 15 comprimés. Et dernière, l’immense rayon des protéines destinés aux sportifs. Des boîtes immenses, des bidons même, aux couleurs criardes, et dont le prix peut monter jusqu’à 45 euros pièce.

Des prix exhorbitants donc, mais qui accompagnent des slogans remplis de promesses. " Avec la pub, c’est toujours la course à l’échalote ", se désole Jérôme Vaglio, coach sportif. " Le consommateur ne se soucie pas assez de la qualité, il va prêter davantage attention au message qui accompagne le produit. "

Certains produits non validés par les autorités

C’est le cas de plusieurs produits anticholestérol, selon Foodwatch, dans le rayon margarines des grandes surfaces. Leur validation par les autorités est toujours en attente, ce qui n'empêche pas le produit d'être commercialisé. Mais pour avoir un véritable effet, il faudrait selon l’organisation consommer 4 à 6 tartines par jour de cette matière grasse. Absurde.

Problème donc : certains produits sont toujours en attente de validation et profitent du flou pour commercialiser ces produits étiquetés " santé " alors que le verdict n’est pas encore tombé. Or pour le consommateur " dès que c'est dans les rayons et que ça passe à la télévision ou sur les affiches c’est vrai, c’est là que ça devient dangereux ", explique Fridor Funteu. " Le consommateur doit être alerté à tout prix, il y a urgence. "

Depuis 2012  la Commission européenne est censée encadrer ces allégations santé mais le dossier reste dans le flou pour 2 000 dossiers, toujours en attente. Pour certains produits, à infuser notamment, l’Autorité européenne de sécurité des aliments avait pourtant dit non. Ils sont quand même dans les rayons de nos supermarchés.

" Le corps humain est très complexe ", explique Fridor Funteu. " Il y a énormément de conditions pour que ces produits fonctionnent parce que chaque corps est différent. " Le plus efficace étant toujours de garder une bonne hygiène de vie. " Avec ce genre de produits tendance, on se met le doigt dans l’œil ", estime le nutritionniste. Foodwatch de son côté a lancé une pétition contre une marque prônant l'effet "détox" de ses produits alors qu'elle n'a fait l'objet d'aucune validation par les autorités.

De l’effet placebo… au risque réel

L’alimentation à La Réunion est déjà un problème suffisamment important pour ne pas y rajouter des produits soi-disant faits pour la santé, et en fait surchargés en sucre. " On les prend pour notre bien, et on va en fait renforcer les déséquilibres ", selon Fridor Funteu. " Ici on mange trop d’huile, trop de sucre, trop de sel, trop de de viande pas assez de légumes. La situation est déjà préoccupante. Et ce genre de produit fait croire qu’on peut faire ce qu’on peut. " " Si encore il s’agissait juste d’un effet placebo, ce ne serait pas grave, mais ici on parle de produits qui sont menaçants pour la santé ", estime pour sa part Jérôme Vaglio.

C’est le cas pour plusieurs marques de céréales, qui affichent les mots magiques " énergie " ou " magnésium " mais contiennent parfois 20 grammes de sucre pour 100 grammes de produit. " On ne parle pas de produits mortels non plus ", tempère Jérôme Vaglio. " Mais le problème énorme est que l’on manque cruellement de retour sur expérience. "

Plusieurs sites internet vendent également les bienfaits de produits dits " anti-cancer. " " C’est totalement irresponsable et particulièrement dangereux ", selon Fridor Funteu. " Si on avait la solution, on ne se battrait pas autant contre le cancer au quotidien dans les hôpitaux. " Pourtant qu’il s’agisse de plantes, d’extraits végétaux ou de fruits, des produits existent bel et bien pour se " prémunir du cancer. " Foodwatch annonce d’ailleurs avoir porté plainte.

"Le premier responsable, c’est le consommateur"

Alors comment lutter contre ces couleurs châtoyantes et ces slogans qui font rêver ? Il faut se renseigner, et résister, rappellent les professionnels de la santé. " Le premier fautif, c’est dommage dit comme ça, mais c’est celui qui achète et donc le consommateur", explique Jérôme Vaglio.

A La Réunion, le risque est accru selon lui car la population manque cruellement d’information : " il y a un gros manque d’éducation ici en ce qui concerne l’alimentation ".

Et quand on pose la question des pharmacies, le sujet est sensible… " Quand on se rend à la pharmacie, même une parapharmacie, on est dans un lieu où on a confiance. ", rappelle Fridor Funteu. Pourtant les produits " miracles " sont bien là, dans les rayons. " C’est peut-être à la profession de faire le ménage dans ce cas ".

mm/www.ipreunion.com

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